STELLA, 13 ANS ET FUTURE GRANDE PIANISTE

Stella Almondo a découvert le piano à l’âge de 3 ans. Depuis, elle ne se sépare plus de son instrument. Nous l’avons rencontrée dans une grande salle du conservatoire de Nice, un établissement où on enseigne notamment la musique.

« Tu connais Elton John ? J’ai vu Rocketman, le film qui raconte sa vie il n’y a pas longtemps et j’ai adoré ! » Stella est en train de jouer les premières notes de Your Song, une des chansons les plus connues de l’artiste américain qui a notamment composé la musique du Roi Lion. Et elle le fait avec beaucoup de sensibilité. C’est la grande force de cette jeune fille née à Monaco il y a 13 ans.

« Quand j’étais petite, mes parents m’avaient acheté un petit clavier et je m’amusais à reproduire des chansons de Disney », raconte Stella. Elle avait alors 3 ans. «Jele lui ai acheté parce qu’on entendait souvent notre voisin jouer du piano et Stella adorait l’écouter depuis sa balançoire », complète sa maman, Nathalie. Bien plus qu’un passe-temps... À l’école maternelle, la petite fille a accès à un vrai piano et c’est le coup de foudre. « Elle a tellement insisté qu’on lui a dit : “Bon d’accord, tu vas faire un essai”. Au début, je me suis dit qu’elle allait en faire pour son plaisir... », poursuit Nathalie. Mais c’est devenu beaucoup plus que ça pour Stella.

À 5 ans, elle joue pour la première fois en public. À 6 ans, elle entre au conservatoire de Cannes. Trois ans plus tard, à la fin du premier cycle d’apprentissage, elle obtient 18/20 et les félicitations du jury.

Les choses deviennent encore plus sérieuses en 2016 quand Stella rencontre celle qui est aujourd’hui sa professeure, Amédée Briggen. « La première fois que je l’ai vue, elle m’a joué la Marche turque de Mozart. Elle enlevait plein de notes parce qu’elle n’arrivait pas encore à faire les octaves avec ses petites mains [quand on joue deux notes du même nom mais une plus aiguë et une plus grave]. Mais ce qui m’a fascinée [attirée], c’est le plaisir qu’elle avait de jouer. Une énergie incroyable qui m’a émue. On sentait une grande envie d’apprendre. J’ai tout de suite craqué ! Je l’ai prise dans ma classe au conservatoire de Nice et elle a avancé très vite », raconte l’enseignante. Après ça, Stella participe et remporte plusieurs concours à Nice, Saint-Tropez, Paris, Cannes… Pour finir se rendre en Suisse en octobre 2018 tenter sa chance au concours « Jeune Chopin », du nom du compositeur. Elle obtient un des trois prix (récompenses) décernés à de jeunes virtuoses internationaux, des personnes extrêmement douées en musique. Des concours et des prix Ce prix permet à Stella d’obtenir une proposition incroyable. «Un jour, j’ai reçu un appel de Misha Katz, le directeur du festival des Nuits musicales du Suquet à Cannes. Il venait de voir une vidéo de Stella sur sa chaîne YouTube. Il m’a dit qu’il voulait l’inviter. Je pensais que c’était pour assister à un concert. Mais non, il voulait qu’elle joue, raconte sa maman. J’ai eu très peur. J’ai dit non, elle n’avait que 12 ans ! Mais il a insisté. Nous avons réfléchi avec sa professeure et Stella se sentait prête, alors on a accepté. »

Pendant six mois, la jeune musicienne ne prend pas un seul jour de repos. Elle se prépare tout en continuant à aller à l’école. « Elle n’avait jamais joué plus de vingt minutes d’affilée pour un concert, c’était énorme ! J’ai fait ce que je n’avais jamais fait pour aucun élève. Elle est venue chez moi pendant les vacances scolaires, les week-ends… J’étais à côté d’elle 5 à 6 heures par jour », précise Amédée Briggen.

En passant autant de temps avec son élève, elle s’est aussi rendu compte que Stella est « comme un chien qui tire sur la laisse. Tout d’un coup, quand je la lâche, c’està-dire quand elle s’empare du morceau, elle se met à foncer. Et elle part beaucoup plus loin que ce que je fais moi. Elle y met toute sa personnalité, c’est incroyable ».

En plus de cette passion, Stella essaie de prendre du temps pour elle. « J’essaie d’aller manger avec mes amis, j’écris des histoires, des poèmes… Je regarde des séries, Friends et How I Met Your Mother, ça me fait travailler mon anglais. » Elle écoute aussi beaucoup de musique et pas que de la musique classique ! Des artistes comme Alicia Keys, Amy Winehouse, Michael Jackson… « Il faut bien se vider la tête des fois ! » Elle n’oublie pas non plus son petit frère Ulysse qu’elle adore et avec qui elle joue aux jeux vidéo, aux jeux de société. « On fait des concours de dessin tous les deux. » Sans surprise, notre jeune talent aimerait devenir une grande pianiste professionnelle. « Je ne sais pas encore vers quelle école je vais m’orienter mais j’aimerais beaucoup vivre à New York. » Sa professeure, de son côté, lui conseille surtout de ne pas aller trop vite. « Il faut qu’elle garde la tête sur les épaules. Elle a encore beaucoup de choses à apprendre ! Elle s’en est rendu compte dans les stages qu’elle a faits cet été. Il faut faire les choses en douceur. » Pour le directeur du conservatoire de Nice, Thierry Muller, Stella est comme une fleur : « Il faut faire en sorte qu’elle grandisse bien. J’ai connu des gens qui étaient très doués comme elle et qui n’ont pas réussi parce qu’ils ont eu trop de pression. L’important, c’est qu’elle s’épanouisse dans son art. Et ça, ça se construit lentement. » SANDRINE BEIGAS

‘‘ L’important, c’est qu’elle s’épanouisse dans son art »