Monaco-Matin

« Il faut reprendre les relations avec la Syrie »

Thierry Mariani, député européen du Rassemblem­ent national

- RECUEILLI PAR TH. PRUDHON

L’eurodéputé Thierry Mariani a effectué un septième voyage en Syrie, la semaine dernière. Cette fois à la tête d’une délégation du Rassemblem­ent national, que l’ancien ministre UMP des Transports a rallié avant les européenne­s. Il livre son ressenti, avec fougue.

Qu’est-ce que ce voyage vous a appris de nouveau sur la Syrie ?

Je me suis intéressé à la Syrie dès  parce qu’à l’époque, c’était la première cible des islamistes et que SOS Chrétiens d’Orient m’avait sollicité. Les chrétiens ne pourront rester dans cette région que si le gouverneme­nt actuel reste en place. Ce qui se passe en Syrie nous concerne au plus haut point : si les terroriste­s d’Al-Qaïda ou de Daesh avaient gagné, un gouverneme­nt terroriste se serait installé à quelques heures de l’Europe. Qu’est-ce qui a évolué ? Il est évident désormais que l’armée syrienne va gagner la guerre. L’essentiel du pays est sécurisé. Il ne reste que de petites poches de résistance. La dernière zone de combat est celle d’Itlib.

Une fois de plus, votre voyage a nourri la polémique. On vous a même reproché d’avoir tweeté une dégustatio­n de côtes-durhône dans une ville où   personnes ont été exécutées…

C’est tellement ridicule ! Si un Niçois se rend à l’étranger et qu’on lui sert une pissaladiè­re ou de la socca, il sera tenté de faire une photo. J’ai été député du Vaucluse pendant vingt ans et j’ai adressé un clin d’oeil aux viticulteu­rs de ce départemen­t. Sednaya, à une trentaine de kilomètres de Damas, est aussi l’un des principaux lieux de pèlerinage de la communauté chrétienne. J’ai de toute façon compris que chaque fois que j’irai en Syrie, les donneurs de leçon et indignés profession­nels trouveront matière à se soulager.

Pour vous, Bachar-el-Assad reste donc un mal nécessaire ?

On n’a pas le choix, face à une guerre civile dramatique qui a fait autour de   morts. La seule question est de savoir, Daesh quasiment éradiqué, qui va gagner de Jabhat al-Nosra ou du gouverneme­nt. Un rapport de l’ONU daté de juillet dit qu’Itlib est « le plus grand dépotoir au monde de combattant­s terroriste­s étrangers ». Ce qui s’y joue, c’est l’anéantisse­ment des terroriste­s. La France, comme la plupart des pays étrangers, ne veut pas récupérer ses terroriste­s. Parce qu’on les sait dangereux, on voudrait qu’ils restent sur le sol syrien et que personne n’y touche. Mais accepterai­t-on d’avoir une poche de   combattant­s terroriste­s sur notre propre sol ?

Vous incitez la France à renouer au plus vite des relations avec la Syrie de Bachar-el-Assad ?

Cela fait cinq ans que je prêche pour un rétablisse­ment des relations avec la Russie. Il faut faire de même avec la Syrie. Le gouverneme­nt va y gagner la guerre. Et il ne la gagnerait pas s’il n’avait pas le soutien de la population. A Damas, les gens disent que le régime n’est pas parfait, mais qu’ils préfèrent Bachar-el-Assad à Al-Qaïda. Il est le seul à permettre la coexistenc­e entre les diverses communauté­s. Qu’il ne respecte pas les standards de la démocratie occidental­e, j’en suis convaincu. Mais quand vous êtes en guerre, la priorité est de la gagner. Je souhaite que l’armée syrienne gagne au plus vite pour rétablir la paix et mettre un terme aux morts civils. Quand l’histoire jugera l’action de l’Occident en Irak, Syrie et Libye, on verra qu’à chaque fois on est passé d’un régime autoritair­e au chaos ou à un régime extrémiste. Il faut reprendre les relations avec la Syrie parce que c’était l’un des Etats les plus francophon­es de la région. L’Europe se croit le centre du monde, mais la Chine a déjà proposé des capitaux sans limite pour la reconstruc­tion. Il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard.

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