Brexit : le spectre d’élections anticipées plane de nouveau
Pendant près de deux heures, il a tenté de convaincre les députés « rebelles », sans succès. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a perdu, hier vers 23 h 30, un vote crucial au Parlement. Les élus ont adopté par 328 voix pour et 301 contre une motion visant à obtenir un report du Brexit, prévu le 31 octobre. Revers cinglant pour le locataire du 10 Downing Street, le texte a obtenu le soutien de députés de l’opposition, mais aussi celui de 21 conservateurs hostiles à une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord. Les députés ont donc récupéré la main sur l’agenda parlementaire. Cette motion permet l’application d’une règle appellée SO24 (pour Standing Order 24), laquelle autorise les parlementaires à décider de l’ordre du jour, un rôle qui revient d’habitude au gouvernement. C’est ainsi que, cet aprèsmidi, les députés pourront mettre au programme l’examen en urgence d’un texte de loi visant à éviter le no deal. Ce texte, porté par le député travailliste
Hilary Benn, bénéficie du soutien d’un groupe transpartisan d’élus anti-no deal, liste le quotidien britannique The Telegraph.
Un Boris Johnson agacé
Le Premier ministre ayant prévenu, la veille, qu’il n’accepterait « sous aucun prétexte » de demander à Bruxelles un nouveau report, il a donc annoncé, dans la foulée, le dépôt au Parlement d’une motion prévoyant des élections anticipées. Celle-ci sera soumise au vote des députés aujourd’hui et devra recueillir les deux tiers des voix. Plus tôt dans la journée, à Westminster, Boris Johnson avait tenté de faire basculer dans son camp les Tories réfractaires à un no deal. « Nous avons promis au peuple que nous mettrions en oeuvre le Brexit. Nous avons promis de respecter le résultat du référendum et nous devons le faire maintenant. Ça suffit ! », s’était-il agacé lors de sa prise de parole pour l’ouverture d’une rentrée parlementaire houleuse.
Avant le vote et alors que le Premier ministre était en train de s’exprimer devant un Parlement en ébullition, l’élu conservateur Phillip Lee a fait défection, rejoignant les bancs de l’opposition libérale-démocrate. Un départ qui lui a coûté sa majorité absolue. Un lourd symbole pour le chef du gouvernement, qui disposait jusqu’alors d’une seule voix d’avance, en comptant les dix députés unionistes irlandais du DUP, alliés aux conservateurs.