Au nom des félins
KEVIN RICHARDSON ET DAVID YARROW À MONACO
Interviewer David Yarrow, c’est rencontrer une légende. Cet ex-homme d’affaires qui a toujours joué de l’objectif, a réussi l’exploit de devenir le seul photographe animalier à atteindre, puis dépasser, les 100 000 dollars d’enchères pour certains de ses clichés, et cela de son vivant. Excusez du peu. Et ces jours-ci, c’est dans la toute jeune G&M Design Gallery que cette star de la photo a posé ses objectifs.
Ses photos, vous les connaissez certainement. Son truc à lui, ce sont les animaux. Des images en noir et blanc, au piqué acéré, et aux contrastes tranchants. Si nettes qu’on pourrait presque voir cette panthère sortir du tableau. Récemment, il a tiré le portrait de l’actrice et modèle Cara Delevingne avec un lion, pour une célèbre marque de montre suisse.
Du sport aux bêtes
Pourtant, ne cherchez pas l’orgueil, vous n’en trouverez pas : « Je ne crois pas que ce soit une des grandes compétences de l’être humain de pouvoir capturer ces moments. Il suffit de rester immobile, concentré, et d’avoir assez de courage pour être installé par terre à quelques mètres à peine des plus grands animaux du monde. » Et puis quand on gratte un peu, il se reconnaît quand même un talent particulier : « Je crois que mon talent à moi, c’est de savoir utiliser précisément le bon objectif selon la situation. Un peu comme un tennisman sait quel grip il doit mettre sur sa raquette. » Une comparaison qui lui vient d’une carrière passée. Celle de photographe sportif. En 1986, il couvre le match France-Brésil lors de la Coupe du monde de football. Il réalise un cliché de Platini qui se vend bien. Il lui a valu la notoriété.
Révélation
Et puis un jour, la nature a repris le dessus : « La révélation, ça a été en 2009, quand j’ai photographié un requin qui attrapait un phoque. C’était en Afrique du Sud, et en rentrant dans le petit café à côté du port, j’ai vérifié sur l’écran de l’appareil pour voir si c’était vraiment net. Et ça l’était. J’ai été vraiment ému d’avoir pu capturer ce moment. J’ai bien senti en vieillissant que photographier la vie sauvage pourrait valoir le coup. À l’époque, ça se faisait surtout au téléobjectif, de très loin. J’ai pensé qu’il y avait une place à prendre dans la photo de proximité. Et puis tout le monde est fasciné et préoccupé par le sort des animaux avec qui nous partageons la planète. Je voulais en faire quelque chose de pertinent. » Est-ce que le foot sera devenu moins pertinent ? « Certainement pas. Mais avec tous les gens que j’ai rencontrés, tous les pays que j’ai visités, ce serait vraiment stupide de changer de domaine maintenant. »
Générosité
Car l’avenir de la planète et de la faune lui importe beaucoup. Il ne le dira pas luimême, mais l’année dernière, il a donné plus de deux millions de dollars à des oeuvres caritatives. Alors, il aide son ami Kevin Richardson. L’homme qui murmure à l’oreille des lions. Qui les câline même (lire page suivante). Ensemble, ils ont bâti une relation solide : « Beaucoup de photographes viennent sonner à la porte du sanctuaire. Mais mon but à moi, c’est de préserver les animaux. Il faut que le photographe apporte quelque chose à la cause », explique Richardson. Et c’est précisément ce que fait David Yarrow : « Ce qui m’importe, c’est de faire une photo authentique et qui se vende. Et les lions font vendre, car tout le monde s’identifie à eux. Les hommes veulent être des lions, les femmes, des lionnes. »
Alors Kevin Richardson l’aide à photographier les lions, et les photos sont vues et vendues dans le monde entier. Une façon d’attirer l’oeil sur la cause de ces animaux, et de récupérer des fonds. Un partenariat gagnant-gagnant.
Savoir + G & M Design Gallery – 11, avenue Princesse- Grace – jusqu’au 2 novembre.