Monaco-Matin

Centre pour jeunes migrants : le maire dénonce une pollution liée aux travaux

Vingt jeunes migrants ont intégré l’ancien centre Orméa, rénové et réadapté, la semaine dernière. Hier, l’édile a été alerté par « une pollution aux matières fécales » qui viendrait du bâtiment

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Ces travaux ont été faits dans la précipitat­ion et voilà le résultat...», lance sur le ton de l’agacement Albert Filippi, le maire de Sainte-Agnès. La semaine dernière, vingt jeunes migrants ont été installés dans l’ancien centre de vacances Orméa.

Le 15 avril dernier, le bâtiment a été réquisitio­nné par la préfecture pour y créer une structure dédiée à l’accueil de 56 migrants non accompagné­s en situation vulnérable « pour une durée de six mois ». Il s’agit de la seule structure installée à l’est du départemen­t.

Mais déjà, le premier magistrat a été alerté – par un promeneur – d’un dysfonctio­nnement qui viendrait du bâtiment tout juste rénové. « Il s’agirait d’une pollution aux matières fécales. Le problème viendrait de la pompe de relevage du centre Orméa ( .... ). Comme elle est en panne, les eaux usées s’écoulent sur le chemin. Précipitat­ion dans des travaux mal programmés, sans dossier solide de réhabilita­tion ? Défaut d’entretien ? Le résultat est là », déplore Albert Filippi. De son côté, le Départemen­t précise que le problème a été résolu rapidement. « Une entreprise est intervenue et le système d’évacuation fonctionne normalemen­t. »

Le maire a tenté d’empêcher les travaux à plusieurs reprises

Opposé au projet de l’Orméa, le maire est allé au front tout l’été. Livrant bataille contre la préfecture et le Départemen­t, compétent pour gérer la question des mineurs étrangers isolés. Car depuis le début, l’édile dénonce une décision inappropri­ée, notamment pour des raisons de sécurité. « Il n’y a pas de garantie de moyens suffisants pour assurer le suivi et l’encadremen­t sur le site de ces jeunes », a martelé à plusieurs reprises le maire. Rappelant également que la route est « accidentog­ène » et que les moyens de police pour assurer la sécurité des personnes et des biens sont remis à la seule gendarmeri­e.

Albert Filippi a même tenté à plusieurs reprises d’empêcher la poursuite du chantier. Pour appuyer son argumentat­ion, il a averti que les travaux engagés par le Départemen­t n’étaient « pas précédés d’une demande préalable » et donc « illégaux ».

Des jeunes migrants évaporés dans la nature ?

Le maire a même ajouté que – dans la feuille de route du projet – l’accessibil­ité pour les personnes handicapée­s n’a pas été prévue, en dépit de la loi. En vain. Le préfet a confirmé dans un communiqué que, « vu les avis favorables des commission­s d’accessibil­ité et de sécurité, ainsi que des conditions de prise en charge de ces jeunes », il autorisait l’ouverture du site d’hébergemen­t Orméa. Au-delà des travaux, il y a un autre aspect qui inquiète Albert Filippi : le problème de sécurité. Selon plusieurs habitants, une dizaine de jeunes migrants mineurs auraient quitté le centre Orméa et seraient aujourd’hui dans la nature.

À ce sujet, le Départemen­t conteste fermement la rumeur. « C’est une fausse informatio­n et aucun jeune du centre Orméa ne manque à l’appel. »

Pour les Agnésois, la situation fait écho à un épisode passé. Car en 2015, douze jeunes migrants avaient été installés provisoire­ment au centre Orméa de SainteAgnè­s. « Cependant ces jeunes rataient régulièrem­ent le bus. Ils effectuaie­nt le trajet à pied au risque d’être renversés par les automobili­stes. Malheureus­ement, certains ont connu une mort tragique à proximité de l’autoroute, ce qui a fortement ému la population », rappelle l’édile dans un courrier qu’il a adressé aux habitants durant l’été.

Pour faire le point, il prévoit d’organiser courant septembre une réunion d’informatio­n dans sa commune.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? La semaine dernière, le centre Orméa de Sainte-Agnès a ouvert ses portes pour accueillir vingt jeunes migrants. En plus de s’opposer au projet pour des raisons de sécurité, le maire s’inquiète de travaux « mal programmés ».
(Photo Sébastien Botella) La semaine dernière, le centre Orméa de Sainte-Agnès a ouvert ses portes pour accueillir vingt jeunes migrants. En plus de s’opposer au projet pour des raisons de sécurité, le maire s’inquiète de travaux « mal programmés ».

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