Centre pour jeunes migrants : le maire dénonce une pollution liée aux travaux
Vingt jeunes migrants ont intégré l’ancien centre Orméa, rénové et réadapté, la semaine dernière. Hier, l’édile a été alerté par « une pollution aux matières fécales » qui viendrait du bâtiment
Ces travaux ont été faits dans la précipitation et voilà le résultat...», lance sur le ton de l’agacement Albert Filippi, le maire de Sainte-Agnès. La semaine dernière, vingt jeunes migrants ont été installés dans l’ancien centre de vacances Orméa.
Le 15 avril dernier, le bâtiment a été réquisitionné par la préfecture pour y créer une structure dédiée à l’accueil de 56 migrants non accompagnés en situation vulnérable « pour une durée de six mois ». Il s’agit de la seule structure installée à l’est du département.
Mais déjà, le premier magistrat a été alerté – par un promeneur – d’un dysfonctionnement qui viendrait du bâtiment tout juste rénové. « Il s’agirait d’une pollution aux matières fécales. Le problème viendrait de la pompe de relevage du centre Orméa ( .... ). Comme elle est en panne, les eaux usées s’écoulent sur le chemin. Précipitation dans des travaux mal programmés, sans dossier solide de réhabilitation ? Défaut d’entretien ? Le résultat est là », déplore Albert Filippi. De son côté, le Département précise que le problème a été résolu rapidement. « Une entreprise est intervenue et le système d’évacuation fonctionne normalement. »
Le maire a tenté d’empêcher les travaux à plusieurs reprises
Opposé au projet de l’Orméa, le maire est allé au front tout l’été. Livrant bataille contre la préfecture et le Département, compétent pour gérer la question des mineurs étrangers isolés. Car depuis le début, l’édile dénonce une décision inappropriée, notamment pour des raisons de sécurité. « Il n’y a pas de garantie de moyens suffisants pour assurer le suivi et l’encadrement sur le site de ces jeunes », a martelé à plusieurs reprises le maire. Rappelant également que la route est « accidentogène » et que les moyens de police pour assurer la sécurité des personnes et des biens sont remis à la seule gendarmerie.
Albert Filippi a même tenté à plusieurs reprises d’empêcher la poursuite du chantier. Pour appuyer son argumentation, il a averti que les travaux engagés par le Département n’étaient « pas précédés d’une demande préalable » et donc « illégaux ».
Des jeunes migrants évaporés dans la nature ?
Le maire a même ajouté que – dans la feuille de route du projet – l’accessibilité pour les personnes handicapées n’a pas été prévue, en dépit de la loi. En vain. Le préfet a confirmé dans un communiqué que, « vu les avis favorables des commissions d’accessibilité et de sécurité, ainsi que des conditions de prise en charge de ces jeunes », il autorisait l’ouverture du site d’hébergement Orméa. Au-delà des travaux, il y a un autre aspect qui inquiète Albert Filippi : le problème de sécurité. Selon plusieurs habitants, une dizaine de jeunes migrants mineurs auraient quitté le centre Orméa et seraient aujourd’hui dans la nature.
À ce sujet, le Département conteste fermement la rumeur. « C’est une fausse information et aucun jeune du centre Orméa ne manque à l’appel. »
Pour les Agnésois, la situation fait écho à un épisode passé. Car en 2015, douze jeunes migrants avaient été installés provisoirement au centre Orméa de SainteAgnès. « Cependant ces jeunes rataient régulièrement le bus. Ils effectuaient le trajet à pied au risque d’être renversés par les automobilistes. Malheureusement, certains ont connu une mort tragique à proximité de l’autoroute, ce qui a fortement ému la population », rappelle l’édile dans un courrier qu’il a adressé aux habitants durant l’été.
Pour faire le point, il prévoit d’organiser courant septembre une réunion d’information dans sa commune.