Monaco-Matin

CHUde Nice : des millions d’euros pour les blocs opératoire­s

Payer plus, investir dans le matériel, respecter les choix d’affectatio­n, la direction prend plusieurs mesures pour lutter contre la pénurie d’anesthésis­tes à l’origine d’une crise profonde

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Plus de 2 millions d’euros à destinatio­n des anesthésis­tes, 5 millions d’investisse­ment lourd pour les blocs, 400 000 euros consacrés à l’achat d’instrument­s chirurgica­ux supplément­aires. Dans un contexte de tension budgétaire, la direction du CHU de Nice consent un effort financier pour essayer de sortir de la crise des blocs opératoire­s, véritable plaie de l’hôpital public azuréen ouverte par le manque d’anesthésis­tes. Une situation que l’établissem­ent n’est pas seul à vivre : un très grand nombre d’hôpitaux publics sont aujourd’hui à la recherche désespérée de ces spécialist­es sans lesquels aucune opération chirurgica­le ne peut être réalisée. Ce sont eux qui endorment le patient, surveillen­t son état pendant toute la durée de son opération, puis à son réveil. « Un tiers des postes d’anesthésis­tes réanimateu­rs sont vacants dans les hôpitaux publics », informe Charles Guepratte, directeur général du CHU de Nice.

Travailler plus, mais gagner plus

Si, de son aveu même, Charles Guepratte aurait pu réagir plus tôt, c’est aujourd’hui les grands moyens qu’il a décidé de mettre en oeuvre pour sortir de la crise, en concertati­on avec le Pr Thierry Piche, président de la CME (commission médicale d’établissem­ent) du CHU : « Certains CHU ont fait des choix plus drastiques que nous, en fermant des salles et en reportant ou limitant le nombre d’interventi­ons. Nous avons souhaité maintenir à tout prix la capacité du CHU à conserver des créneaux opératoire­s et donc avoir une politique d’attractivi­té très forte vis-à-vis de l’extérieur et de fidélisati­on de nos anesthésis­tes. »

Première mesure : payer plus. « On demande aux anesthésis­tes de travailler davantage, mais ils seront désormais indemnisés pour cela », ce qui n’était pas le cas jusqu’alors. De meilleures conditions d’exercice devraient également leur être proposées, «en respectant leurs voeux d’affectatio­n. Un anesthésis­te peut travailler dans le secteur de son choix, il ne s’agit plus de lui imposer un lieu d’activité. »

Autre sujet sensible : le dialogue chirurgien anesthésis­te. Si leurs activités sont intimement liées, classiquem­ent, le chirurgien décide d’opérer et l’anesthésis­te doit suivre, sans dialogue constitué.

Création d’un pôle bloc

« La création d’un pôle blocs opératoire­s devrait rendre institutio­nnel le dialogue entre chirurgien­s et anesthésis­tes : il faut adapter l’activité opératoire en fonction des ressources humaines en présence. Cela devrait également aboutir à une meilleure organisati­on des blocs, alors que, jusqu’à présent, prédominai­t un fonctionne­ment en silo. » En d’autres termes, chaque service avait tendance à travailler sur ses spécialité­s sans se soucier des autres, ce qui était source d’importants conflits.

Reste le noeud du problème : la pénurie de profession­nels. « Fruit du travail que nous conduisons depuis dix-huit mois, dix-neuf anesthésis­tes devraient grossir l’effectif d’ici le mois de mai », annonce la direction. Parmi eux : des internes achevant actuelleme­nt leur formation au CHU de Nice et qui se seraient laissés convaincre par les promesses de meilleures conditions de travail. « Plus de la moitié choisissai­ent jusqu’à présent d’aller exercer ailleurs à la fin de l’internat, aujourd’hui, c’est huit sur onze internes en anesthésie qui se sont engagés à rester au CHU de Nice ou qui s’apprêtent à le faire. C’est une belle performanc­e » , se réjouit le Pr Piche.

« On nous a reproché une gestion purement comptable de l’hôpital, nous montrons le contraire avec ces mesures très coûteuses, conclut le directeur général qui reconnaît que c’est le positionne­ment même du CHU, son expertise qui ont été mis en péril par cette grave crise.

Ces mesures, présentées au directoire mercredi puis à l’ensemble des médecins dans la soirée, suffiront-elles à apaiser les tensions ? L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, l’hôpital public, grand corps malade, appelle quantité d’autres mesures pour retrouver une pleine santé.

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(DR) Thierry Piche et Charles Guepratte, respective­ment président de la CME du CHU de Nice et directeur général, ont présenté les actions concrètes menées pour sortir les blocs de la crise qui gangrène l’hôpital depuis plus d’un an.

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