Monaco-Matin

Retraites : les partenaire­s sociaux reçus à Matignon

Le Premier ministre a lancé hier la phase II de la concertati­on sur cette réforme explosive, au sujet de laquelle l’exécutif avance avec la plus grande prudence

-

Le deuxième cycle de concertati­on sur le futur « système universel » de retraites a débuté hier à Matignon, où les premiers syndicats reçus ont rappelé leurs positions en attendant que le gouverneme­nt précise le calendrier et la méthode de cette réforme hautement inflammabl­e.

Déjà consultées pendant 18 mois par le haut-commissair­e aux retraites Jean-Paul Delevoye, dix organisati­ons syndicales et patronales sont reçues depuis hier et jusqu’à ce soir par le Premier ministre, Édouard Philippe.

Un calendrier encore très flou

« Une discussion de méthode plutôt que de fond » ,arésumé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui s’attend à une négociatio­n «longue » et « compliquée ». «Ilfaut que cette réforme ait lieu dans la première partie de l’année 2020 », a au contraire souhaité le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Du côté de FO, « nous n’avons pas eu de précision sur le type de concertati­on » souhaité par l’exécutif, mais « nous avons bien l’intention d’aller expliquer les raisons pour lesquelles nous sommes opposés » à cette réforme, a indiqué Yves Veyrier. « Le problème de départ, c’est le choix [...] d’un régime unique par points » qui sera « de facto entre les mains des gouverneme­nts » successifs, a-t-il estimé. « On retrouve quand même des choses qui sont positives » dans le rapport remis mijuillet, a nuancé Philippe Louis, n°1 de la CFTC, jugeant toutefois qu’« il y a énormément de travail à faire » pour « passer au concret ». «Nous allons travailler d’arrache-pied pour poser les curseurs au bon endroit» et «améliorer la situation» des futurs retraités du secteur agricole, a abondé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, «favorable» au projet et dernière reçue à Matignon hier. Aujourd’hui, ce sera au tour de l’U2P, l’Unsa, la CGT, la CFE-CGC et enfin la CPME. Le Premier ministre a prévenu mercredi que «laméthode et le calendrier de la réforme » ne seraient précisés que la semaine prochaine. Un projet de loi sera « présenté dans le courant de l’année 2020 », s’est contentée d’indiquer la porte-parole du gouverneme­nt Sibeth Ndiaye sur France Inter.

La CFDT plus conciliant­e

Les discussion­s s’appuieront sur le rapport de M. Delevoye, qui préconise un «système universel » par points remplaçant les 42 régimes existants, et un âge de départ de 64 ans pour bénéficier d’un taux plein. Mais Emmanuel Macron a indiqué fin août sa préférence pour une modulation de la durée de cotisation plutôt que de l’âge de départ. Une main tendue à la CFDT, seul syndicat favorable à un « système universel » mais opposé à la mise en place d’une borne d’âge collective et à l’objectif de ramener le système à l’équilibre financier à l’horizon 2025. « Il va falloir qu’on discute un moment de la notion d’équilibre », a estimé Laurent Berger, pour qui «il n’y a pas de nécessité budgétaire urgente ».

Afin de réaliser des économies, le gouverneme­nt a envisagé d’accélérer dès 2020, via le budget de la Sécu, l’augmentati­on de la durée de cotisation, qui atteindra 43 ans en 2035 en vertu de la loi Touraine. Il y a renoncé pour ne pas parasiter la réforme. En attendant, la fronde prend forme : FO a prévu de mobiliser le 21 septembre, la CGT le 24. Les agents de la RATP sont appelés à la grève le 13, tandis que certains avocats, médecins et infirmière­s libérales défendront leurs régimes spécifique­s dans la rue le 16.

 ?? (Photo AFP) ?? Les entretiens ont débuté hier en présence notamment du Premier ministre Édouard Philippe, du hautcommis­saire aux retraites Jean-Paul Delevoye et de la ministre aux Solidarité­s, Agnès Buzyn.
(Photo AFP) Les entretiens ont débuté hier en présence notamment du Premier ministre Édouard Philippe, du hautcommis­saire aux retraites Jean-Paul Delevoye et de la ministre aux Solidarité­s, Agnès Buzyn.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco