Le Royaume-Uni s’enfonce encore plus dans la crise
Rarement la vie politique britannique aura connu autant de rebondissements que ces derniers jours. Au terme d’une nouvelle journée mouvementée, et alors que le temps presse – le Parlement doit être suspendu à partir de lundi soir et jusqu’au 14 octobre –, la situation semblait, hier soir, inextricable.
● Nouvelle victoire juridique pour Boris Johnson…
D’un côté, le Premier ministre, Boris Johnson, a remporté une manche devant les tribunaux. La Haute Cour de justice à Londres a en effet rejeté une demande d'annuler la suspension du Parlement. L'action en justice avait été intentée par Gina Miller, femme d'affaires et militante anti-Brexit, et soutenue par l'ancien Premier ministre conservateur John Major. C’est la deuxième fois que l’exécutif voit validée sa décision extrêmement controversée : un juge écossais s’était déjà prononcé en ce sens mercredi. Les plaignants ont toutefois annoncé leur intention de faire appel – l’affaire devrait être portée devant la Cour suprême britannique le 17 septembre. Et une autre action en justice, en Irlande du Nord cette fois, doit encore être tranchée.
●… mais défaite politique à la Chambre des Lords
Surtout, dans le même temps, la Chambre des Lords a adopté hier la proposition de loi contraignant Boris Johnson à demander un report du Brexit pour éviter une sortie sans accord de l’UE. Le texte, qui avait été adopté mercredi par les députés, doit certes désormais recevoir l’accord de la reine Elizabeth II, lundi, pour devenir loi. Mais c’est un vrai revers pour « BoJo », qui a martelé jeudi soir devant des élèves policiers du Yorkshire : « Nous devons sortir de l'UE le 31 octobre », ajoutant qu’il préférait « être mort au fond d’un fossé » plutôt que demander un report à Bruxelles.
● Le Labour va voter contre des législatives anticipées
Des déclarations peut-être à l’origine du revirement des travaillistes (Labour). Ceux-ci avaient laissé entendre que si l’exécutif ne faisait pas d’obstruction au vote de la proposition de loi sur le report du Brexit, ils pourraient soutenir le vote prévu lundi pour l’organisation de législatives anticipées, sur lesquelles Boris Johnson compte pour retrouver une majorité, et ainsi reprendre la main. Mais hier, une source au sein du Labour a fait savoir que le parti ne voterait pas en faveur de la motion du gouvernement. La crise politique outreManche est donc loin d’être dénouée.