Monaco-Matin

Tous là pour dire « stop » aux violences conjugales

650 personnes étaient présentes hier à Cagnes-sur-Mer pour rendre un hommage solennel à Salomé et interpelle­r les pouvoirs publics pour que des mesures concrètes soient prises

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Ils sont venus pour Salomé, 21 ans, battue à mort en pleine rue à Cagnes-sur-Mer il y a tout juste une semaine, tandis que son compagnon est mis en examen pour « meurtre sur concubin ». Mais aussi pour Antoinette, Evelyne, Denise, Monica… Ces 102 femmes décédées depuis le début de l’année en France sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Près de 650 personnes ont répondu présent, hier soir, à l’appel de la députée de la 6e circonscri­ption des Alpes-Maritimes Laurence Trastour et du maire Louis Nègre, pour rendre à toutes ces victimes un hommage solennel.

« J’ai mis  mois pour porter ma fille. Il a mis  mois pour la détruire »

Rassemblé cours du 11-Novembre à Cagnes-sur-Mer, le cortège a marché jusqu’à l’hôtel de ville dans un silence quasi religieux. Certains portant des affiches sur lesquelles était inscrit le prénom d’une de ces femmes, précédé d’un numéro.

« C’est très regrettabl­e, qu’il arrive des choses pareilles en 2019. Ça me fait beaucoup de peine. À 21 ans c’est la vie qui est devant nous. Pas la mort », explique Véronique, la voix brisée par l’émotion. Géraldine est venue une rose blanche à la main : « Salomé, on la connaissai­t depuis qu’elle était toute petite. Avant de déménager à Grasse, elle habitait à Valbonne où elle est allée à l’école avec nos enfants. Nous sommes là aussi pour sa maman qui est devenue une amie ».

« Il faut faire de la prévention et que ça s’arrête. Comment faire, quand on est sous l’emprise d’un compagnon violent, pour s’en sortir ? La violence est une maladie dont il faut se faire soigner », estime Michel. Au pied des marches menant à l’hôtel de ville, le maire Louis Nègre a pris la parole : « Votre présence ce soir c’est un message qu’on envoie au-dessus, pour que Salomé ne soit pas morte pour rien et qu’on prenne conscience de ce massacre hebdomadai­re ». À ses côtés, la députée Laurence Trastour, membre de la délégation au droit des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes à l’Assemblée nationale, a ajouté : « Si Salomé était encore là elle serait là devant, au premier rang, parce que c’était une militante, nous a confiés sa maman. Nous avons rencontré les parents. Ce sont des gens très dignes, qui veulent se battre. La maman veut aller dans les établissem­ents scolaires, faire de la prévention pour que ce qui est arrivé à Salomé n’arrive pas à d’autres jeunes filles. Elle a dit : ‘‘J’ai mis neuf mois pour porter ma fille. Il a mis neuf mois pour la détruire’’ ».

« Nous sommes aussi là pour toutes ces femmes anonymes. Et [au vu des statistiqu­es], une femme parmi vous subira des violences ce soir. Alors n’oubliez pas Salomé. N’oubliez pas Antoinette. N’oubliez pas Martine, Georgette, Dolorès… »

« La justice n’est pas suffisamme­nt ferme, a estimé la députée. L’arsenal judiciaire est là. Il faut une véritable volonté politique derrière, et agir dès les premiers faits ».

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 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Marche blanche et minute de silence, à Cagnes-sur-Mer, hier, pour Salomé et toutes les femmes victimes de violences conjugales.
(Photo Sébastien Botella) Marche blanche et minute de silence, à Cagnes-sur-Mer, hier, pour Salomé et toutes les femmes victimes de violences conjugales.

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