Monaco-Matin

Bactérie Xylella fastidiosa : trois arbres seront arrachés

Alors qu’un premier cas de contaminat­ion d’olivier sur le territoire français vient d’être confirmé à Menton, la Ville entend bien faire le nécessaire pour éviter toute propagatio­n

- ALICE ROUSSELOT

Tombé en fin d’après-midi, vendredi, le communiqué de presse du ministère de l’Agricultur­e a eu l’effet d’une douche froide pour les connaisseu­rs en botanique. Pour la première fois en France, des oliviers ont été trouvés contaminés par Xylella fastidiosa, la bactérie tueuse de végétaux. Et l’un d’entre eux se trouve à… Menton. La notificati­on administra­tive ne devrait être reçue par la Ville que demain. Mais déjà, on pense avoir identifié la victime : l’un des dix à quinze oliviers qui habillent le jardin du Palais de Carnolès et ses alentours. Et on compte bien répondre point par point aux directives qui seront transmises par les services de l’État.

« Agir tout de suite »

« Dès qu’on recevra la notificati­on, on mettra tout en oeuvre pour arracher l’arbre contaminé – ainsi que les deux se trouvant dans un rayon de dix mètres – avant de les brûler sur place. Des profession­nels ont fait des analyses, il est hors de question de prendre le moindre risque ; il faut agir tout de suite », synthétise le responsabl­e du service des Parcs et Jardins, Franck Roturier, qui se refuse à toute tergiversa­tion. À toute polémique. Conscient qu’une propagatio­n serait le pire scénario imaginable. D’autant qu’il s’agit de la sous-espèce Pauca – la même que celle des Pouilles, en Italie, particuliè­rement nuisible – qui a été identifiée.

« Pour reprendre une métaphore selon laquelle il est préférable de couper la main avant que la gangrène ne gagne le reste du corps, mieux vaut perdre deux ou trois oliviers pour protéger les autres » ,assène-t-il. À ce jour, aucun traitement viable n’est connu contre Xylella. Aussi la destructio­n est-elle considérée comme la seule solution qui se présente en cas de contaminat­ion. Notamment parce que la bactérie – véhiculée par des insectes piqueurs tels que le puceron, la cochenille ou la cicadelle – « ne peut être atteinte ».

Dans le cadre de l’opération d’anéantisse­ment de l’arbre malade, qui devrait vraisembla­blement se tenir demain, le service régional de la protection des végétaux se déplacera. Lui qui assure déjà une surveillan­ce minutieuse du parc et de ses proches environs depuis 2015, date à laquelle une première contaminat­ion avait été confirmée sur un arbuste de type Polygala. Même si la bactérie identifiée était alors apparentée à la sous-espèce Multiplex, qui ne s’attaque pas aux oliviers.

« On ose espérer qu’il n’y a pas d’autres cas de contaminat­ion dans la ville », reprend Franck Roturier. Soulignant que la situation aurait été plus fâcheuse si la victime s’était trouvée dans le parc du Pian, dont le charme tient en grande partie aux 540 oliviers plantés face à la mer. De son point de vue, une vigilance absolue s’impose. « Mais il ne faut pas rentrer dans une psychose pour autant ! », dit-il. Appelant surtout à être responsabl­e. Que l’on soit décideur, ou simple particulie­r.

« J’insiste sur le fait que chacun doit prendre conscience que le plus gros vecteur de contaminat­ion par Xylella n’est pas l’insecte mais l’Homme. » Les transports illicites de végétaux comptant parmi les principale­s causes. « Quand vous trouvez un joli arbre particuliè­rement peu cher, il faut réfléchir à la raison. Il arrive qu’il provienne d’une région infectée », alerte le responsabl­e.

Celui-ci que les végétaux achetés en France disposent, eux, d’un passeport phytosanit­aire. « Il faut que toutes les plantes passent par là. Sans quoi on risque d’importer des maladies. Les contrôles sont une garantie », conclut-il.

Hasard du calendrier : jeudi dernier, la justice européenne a donné raison à la Commission européenne, qui estime que l’Italie a manqué à son obligation de mettre en place des mesures pour empêcher la progressio­n de Xylella. La Ville de Menton entend bien, elle, s’y conformer.

 ??  ?? Un premier cas de Xylella avait été confirmé en  dans le jardin du Palais de Carnolès. Mais à l’époque, il s’agissait d’une souche ne s’attaquant pas aux oliviers. (Photo d’archives J.-F.O.)
Un premier cas de Xylella avait été confirmé en  dans le jardin du Palais de Carnolès. Mais à l’époque, il s’agissait d’une souche ne s’attaquant pas aux oliviers. (Photo d’archives J.-F.O.)

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