Monaco-Matin

À Nice, « féministes tant qu’il le faudra ! »

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Elles s’allongent sur le sol. Gisantes. On dessine le contour de leurs corps à la craie. Des dizaines et des dizaines de corps. La place Garibaldi est transformé­e en scène de crime géante et symbolique. En hommage aux 102 victimes de féminicide­s en France depuis le début de l’année : Félicie, Michelle, Marylin, Laura, Salomé…

« Cette manifestat­ion est organisée en réaction au meurtre de Salomé à Cagnes-sur-Mer. C’est un féminicide, un meurtre commis en raison du genre de la victime. Depuis, deux autres femmes sont mortes. 102 femmes, c’est trop ! Une seule, c’est déjà trop ! » , dénonce Claire Moracchini, coordinatr­ice du planning familial et membre du collectif 06 pour les droits des femmes, l’organisme qui a initié le rassemblem­ent d’hier. Un rassemblem­ent fort. Large. Des centaines de personnes sont là, vent debout. Des associatio­ns féministes : « Nous toutes 06 », « All Humans have rights », le collectif « GRAF », #MeToo France, etc. Des associatio­ns de défense des droits humains : le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), ADN, Amnesty Internatio­nal, etc.

«   victimes de violences conjugales » Les slogans claquent, chocs : « Féministes tant qu’il le faudra ! » « Le machisme tue », « 200 000 victimes par an de violences conjugales » .Le centre LGBT Côte d’Azur a sorti ses drapeaux arc-enciel : « On défend les droits des minorités et on défend les droits des femmes. On est féministes », martèle le président Erwann Le Hô. Des hommes et des femmes politiques sont venus : les socialiste­s (Xavier Garcia et Patrick Allemand), les Verts (Juliette Chesnel et Fabrice Decoupigny), les communiste­s (Emmanuelle Gaziello et Robert Injey).

« Des hommes assassinen­t nos filles, nos soeurs et nos mères. Une société qui laisse faire est une société malade. On n’a plus le droit de détourner le regard ! », s’insurge l’adjointe au maire en charge de la protection des femmes, Maty Diouf.

Et puis il y a des anonymes. Des concernés. Des engagés. Des consternés.

Des femmes, beaucoup. Et des hommes aussi. José Florini, 77 ans, porte la photo de Salomé autour du cou. Comme un étendard. « C’est monstrueux ! Alors je suis là aujourd’hui ».

On croise Ali Lahcen, la petite quarantain­e, qui espère que « le temps des bourreaux sera bientôt révolu ».

Au micro, les porte-parole du collectif 06 pour les droits des femmes condamnent « l’inaction du gouverneme­nt sur cette question censée être la grande cause du quinquenna­t ».

« Ça fait des années que ça dure : on nous sort des plans, des dispositif­s, là on fait un Grenelle de plus… alors qu’on connaît les solutions ! », s’agace Ariane Kuttel du collectif GRAF. Les solutions ?

« Il faut un milliard d’euros pas les miettes accordées par le gouverneme­nt. On exige également l’inscriptio­n du féminicide dans le Code pénal », énumère Laurence Stalla, la patronne du planning familial.

Mais, il faut aussi « donner une éducation non sexiste aux filles et aux garçons, former les forces de l’ordre et instaurer une prise de plaintes systématiq­ues dans ces dossiers », poursuit Ariane

Kutell.

Il faut, ajoutent-elles, «davantage de téléphones “Grand danger” et d’ordonnance­s de protection, beaucoup plus de places d’hébergemen­t pour les femmes et les enfants, une vraie mise à l’abri, l’éviction généralisé­e du conjoint violent, des bracelets électroniq­ues anti-rapprochem­ent ».

« Il faut se donner les moyens de mettre fin à ce fléau et surtout ne pas oublier qu’une femme n’est jamais responsabl­e des violences qu’elle subit », conclut Sandrine Carletto de « Nous toutes 06 ».

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En hommage aux  victimes de féminicide­s, les organisatr­ices du rassemblem­ent se sont allongées sur la place Garibaldi. (Photo L. B.)

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