Cystites récidivantes : de la nécessité d’une approche globale Innovation
Fondé sur une médecine dite intégrative, un protocole sur les cystites récidivantes a été mis au point au CHU de Nice. Avec recours, si besoin, à l’hypnose thérapeutique
Une consultation entièrement dédiée aux cystites récidivantes, une pathologie qui empoisonne la vie de milliers de femmes. Ouverte il y a deux ans à l’initiative du Dr Véronique Mondain, chef du service d’infectiologie du CHU de Nice, cette consultation ne désemplit pas. Un succès qui s’explique autant par la fréquence de cette pathologie, contre laquelle les antibiotiques sont encore trop souvent la seule solution thérapeutique proposée, que par l’originalité de la prise en charge. Un mot-clé : globalité. Pour l’infectiologue, ce trouble appelle en effet une approche holistique. « Trop souvent, les médecins proposent une réponse unique aux patientes qui se plaignent de cystites récidivantes : la prescription d’antibiotiques ou de la canneberge. Or cette affection peut se soigner différemment, en recherchant l’ensemble des facteurs favorisants. »
Dans le service, c’est ce type de
prise en charge, globale, qui est privilégiée. Et elle débute par un entretien très complet au cours duquel tous les facteurs, notamment psychologiques, sont analysés. « On discute avec la patiente des événements de sa vie (éducation rigide, abus sexuels, etc.) qui auraient pu favoriser la survenue de ce trouble. On informe également sur les liens forts entre cette pathologie et l’activité sexuelle, le rôle de la sécheresse post-ménopausique, et on rétablit la vérité concernant la dangerosité des bactéries, très souvent surévaluée. » Une étape cruciale, qui calme l’anxiété générée par le trouble chronique, mais qui va surtout permettre d’affiner la prise en charge ultérieure, dont l’objectif sera de « réduire la fréquence des cystites mais aussi leur impact sur la qualité de vie ».
Des résultats « souvent impressionnants »
« Lorsque ce protocole de soin est insuffisant à améliorer la situation et que la composante émotionnelle est importante, on recourt à l’hypnothérapie. Les résultats sont souvent impressionnants : beaucoup moins de douleurs, une anxiété fortement réduite, mais, surtout, beaucoup moins de cystites ! Ce qui prouve qu’en modifiant sa façon d’envisager les choses, on parvient à modifier son immunité ! », témoigne le Dr Mondain.
Ce type de prise en charge est une parfaite illustration de la médecine dite intégrative (lire ci-dessous), qui se caractérise par le recours simultané à la médecine conventionnelle et aux médecines complémentaires. Jusqu’à récemment, les professionnels de santé l’envisageaient avec circonspection. Au mieux, « ils disaient : “Pourquoi pas, ça ne peut pas faire de mal !” », commente le Dr Mondain. Mais aujourd’hui, le discours évolue, influencé par l’accumulation de preuves de son efficacité. « Grâce aux neurosciences et aux découvertes des mécanismes épigénétiques notamment, il a été démontré que ces techniques psychocorporelles (hypnose, méditation, etc.) ont un rationnel scientifique et que ça marche ! »