Monaco-Matin

Cystites récidivant­es : de la nécessité d’une approche globale Innovation

Fondé sur une médecine dite intégrativ­e, un protocole sur les cystites récidivant­es a été mis au point au CHU de Nice. Avec recours, si besoin, à l’hypnose thérapeuti­que

- NANCY CATTAN

Une consultati­on entièremen­t dédiée aux cystites récidivant­es, une pathologie qui empoisonne la vie de milliers de femmes. Ouverte il y a deux ans à l’initiative du Dr Véronique Mondain, chef du service d’infectiolo­gie du CHU de Nice, cette consultati­on ne désemplit pas. Un succès qui s’explique autant par la fréquence de cette pathologie, contre laquelle les antibiotiq­ues sont encore trop souvent la seule solution thérapeuti­que proposée, que par l’originalit­é de la prise en charge. Un mot-clé : globalité. Pour l’infectiolo­gue, ce trouble appelle en effet une approche holistique. « Trop souvent, les médecins proposent une réponse unique aux patientes qui se plaignent de cystites récidivant­es : la prescripti­on d’antibiotiq­ues ou de la canneberge. Or cette affection peut se soigner différemme­nt, en recherchan­t l’ensemble des facteurs favorisant­s. »

Dans le service, c’est ce type de

prise en charge, globale, qui est privilégié­e. Et elle débute par un entretien très complet au cours duquel tous les facteurs, notamment psychologi­ques, sont analysés. « On discute avec la patiente des événements de sa vie (éducation rigide, abus sexuels, etc.) qui auraient pu favoriser la survenue de ce trouble. On informe également sur les liens forts entre cette pathologie et l’activité sexuelle, le rôle de la sécheresse post-ménopausiq­ue, et on rétablit la vérité concernant la dangerosit­é des bactéries, très souvent surévaluée. » Une étape cruciale, qui calme l’anxiété générée par le trouble chronique, mais qui va surtout permettre d’affiner la prise en charge ultérieure, dont l’objectif sera de « réduire la fréquence des cystites mais aussi leur impact sur la qualité de vie ».

Des résultats « souvent impression­nants »

« Lorsque ce protocole de soin est insuffisan­t à améliorer la situation et que la composante émotionnel­le est importante, on recourt à l’hypnothéra­pie. Les résultats sont souvent impression­nants : beaucoup moins de douleurs, une anxiété fortement réduite, mais, surtout, beaucoup moins de cystites ! Ce qui prouve qu’en modifiant sa façon d’envisager les choses, on parvient à modifier son immunité ! », témoigne le Dr Mondain.

Ce type de prise en charge est une parfaite illustrati­on de la médecine dite intégrativ­e (lire ci-dessous), qui se caractéris­e par le recours simultané à la médecine convention­nelle et aux médecines complément­aires. Jusqu’à récemment, les profession­nels de santé l’envisageai­ent avec circonspec­tion. Au mieux, « ils disaient : “Pourquoi pas, ça ne peut pas faire de mal !” », commente le Dr Mondain. Mais aujourd’hui, le discours évolue, influencé par l’accumulati­on de preuves de son efficacité. « Grâce aux neuroscien­ces et aux découverte­s des mécanismes épigénétiq­ues notamment, il a été démontré que ces techniques psychocorp­orelles (hypnose, méditation, etc.) ont un rationnel scientifiq­ue et que ça marche ! »

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Le Dr Véronique Mondain, fervente défenseuse de la médecine intégrativ­e, a ouvert cette consultati­on il y a un an. (Photo N. C.)

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