Monaco-Matin

Le jeu de cette famille

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

L’Euro de Volley débute jeudi en France et les Bleus piaffent d’impatience. Kévin Tillie, lui, ne veut pas en rater une miette. Le natif de Cagnes-sur-Mer, dont le père est également sélectionn­eur des Bleus, ne sera pas dépaysé. Globe-trotters avec ses clubs, l’attaquant-réceptionn­eur de  ans possède un pied-à-terre à Mandelieu et n’a pas oublié ses premières années à l’US Cagnes volley.

En quoi préparer un Euro à domicile est-il différent ?

Le préparer, quelque part, c’est la même chose. Le jouer, en revanche, c’est différent. C’est la première fois que l’on va jouer une compétitio­n en France, ce n’est pas rien.

Ressentez-vous plus de pression ?

En , on venait de gagner la Ligue mondiale donc on était attendus, en , on était favoris et ça ne s’est pas très bien passé. C’est un mélange des deux mais on a très envie d’y être.

Où en sont les Bleus, outsiders ou favoris ?

Outsiders, clairement car il y a de nombreuses grosses équipes en Europe : la Pologne qui est championne du monde, la Russie, l’Italie, la Serbie. On a fait des derniers matches amicaux un peu timides, il faut que l’on se débarrasse de cette timidité. L’objectif est d’aller le plus loin possible mais au moins être à Paris, donc en demi-finale.

Dans quelle mesure le TQO perdu en Pologne a-t-il pesé dans votre préparatio­n ?

On savait que la Pologne allait être un gros morceau, c’est vraiment une équipe très solide, notamment avec l’arrivée du Cubain Leon qui ramène du physique. Mais on aura une seconde chance de se qualifier pour les JO en janvier à Berlin.

Quelle est la force des Bleus ?

On a longtemps eu cette insoucianc­e qui nous permettait d’enflammer tous les matches, on l’a peut-être un peu

‘‘ perdue. En ce moment, on se soucie trop de notre jeu, il faut retrouver cette folie mais le plus dur c’est d’être régulier sur toute une compétitio­n.

L’été a été très long avec la VNL, le TQO, l’Euro, des longs voyages, comment l’avez-vous vécu ?

On a l’habitude, c’est terrible à dire mais on sait que l’été, c’est un long tunnel entre la VNL, les tournois de qualificat­ions et souvent un grand tournoi, on passe trois mois aux quatre coins du monde. C’est bien pour faire le plein de Miles par contre (rires).

Àcôtédeça,ilyaeudes vacances sur la Côte d’Azur avec la famille, c’est important pour l’équilibre ?

On se voit une fois par an en général alors il faut savourer ce moment-là. Mais je viens d’une famille où c’était normal de partir de la maison à  ans pour le sport de haut niveau. Mes deux frères ont fait ce parcours car on est nés dans les salles de volley et ça nous a beaucoup aidés mentalemen­t pour la suite.

A quoi ressemble la vie de couple quand on est volleyeur profession­nel ?

Ma femme est une ancienne joueuse de volley, elle a notamment évolué en Suède, c’est une Anglo-Canadienne, alors elle comprend. Aujourd’hui, elle me suit, elle aime aussi voyager, elle m’a suivi en Chine, elle sera avec moi en Pologne. Ce qui est dur, c’est l’été. Car pendant  mois vous êtes à gauche à droite dans des hôtels avec l’équipe de France alors que la saison est finie et que pour les gens normaux, ce sont les vacances. Il faut accepter cette situation.

Autre situation, celle d’être entraîné par son père...

C’est dur car je dois faire mes preuves en permanence, peut-être plus que les autres. Je dois montrer que j’ai le niveau, montrer un peu plus l’exemple. Mais ça ne doit pas être simple pour lui aussi. Moi je dois être au niveau mais c’est lui qui fait le choix de me faire jouer ou non, ce n’est pas simple.

Comment jugez-vous la médiatisat­ion du volley ?

Bizarremen­t, on est surtout peu médiatisés en équipe de France alors que c’est le sommet de notre sport. Quand vous jouez en Pologne ou en Italie, deux pays où le volley est très médiatisé, vous êtes sur le devant de la scène. On aimerait être plus médiatisé avec les Bleus mais on passe après le football, le rugby, le handball, le basket, c’est difficile.

Vous êtes le seul Bleu à ne jamais avoir joué en France, est-ce un regret ?

Tant que j’ai l’âge de voyager et d’être performant à l’étranger, ça me convient. J’ai toujours aimé découvrir le monde et vous êtes aussi mieux payé, mieux exposé à l’étranger.

Vous avez joué en Turquie, en Pologne, en Chine, aux USA, le volley-ball vous a permis de voyager, quel est l’endroit que vous avez préféré ?

Les États-Unis, je voulais vivre une expérience universita­ire, c’était mon rêve. Culturelle­ment, Pékin a été une superbe aventure et vivre en Italie, surtout niveau culinaire, est quelque chose de magnifique. Là, je vais découvrir Varsovie, et je vais jouer avec Antoine Brizard, le passeur des Bleus.

Vous avez deux frères basketteur­s, Kim et Killian, pourquoi avoir choisi le volley ?

J’ai fait du basket pendant très longtemps, à l’US Cagnes et avec Kim on ne voulait surtout pas faire du volley car on en voyait trop avec nos parents (rires). Et puis à mes  ans, avec ma bande de potes du collège, on a pris volley à l’UNSS et on s’est pris au jeu. Et ça va très vite puisqu’à  ans j’étais au pôle espoirs.

Dans votre famille, la compétitio­n est féroce, notamment pour gravir le Baou de Saint-Jeannet.

Je dois faire mes preuves en permanence”

C’est une sortie familiale, on adore l’endroit, la vue est folle et on aime se chronométr­er. Killian est le plus rapide selon ses dires mais je pense qu’il triche (rires). Avec mon père, on a fait ça en  minutes une fois. Cet été, je l’ai fait avec ma femme en  minutes. Né le  novembre  à Cagnes-sur-mer.  ans. ,m,  kilos. Attaquant-réceptionn­eur. Internatio­nal français. Clubs : CNVB (-), UC Irvine (USA, -), Ravenne (Italie, -), Izmir (Turquie, -), Kedzierzyn-Kozle (Pologne, -), Pékin (Chine, ), Varsovie (Pologne, depuis ). Palmarès : Champion d’Europe en , Ligue Mondiale .

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