Toulon, la désillusion
Réveillez-vous, un peu, putaing… » Excédé, ce supporter toulonnais hurle son désarroi à l’adresse de ses favoris. On joue la 65e minute et le RCT, avec l’aide de la vidéo, vient de se faire crucifier sur un essai en contre de 60 mètres signé du prometteur centre Barassi. La cause est entendue. Le LOU a désormais 14 points d’avance. Il ne peut plus être rattrapé. Pour leur retour à Mayol après cent jours d’abstinence, les Rouge et Noir ont du mal à avaler cette amère pilule. Déboussolés, crispés et constamment ou presque sous pression, les Varois ont fait pâles figures. Et s’ils ont atteint la pause à égalité avec leurs adversaires parfaitement en place en défense - pas le moindre essai encaissé depuis le début de la saison -, ils s’en sortaient plutôt bien après une première période ennuyeuse et sans rythme.
Ce n’est que dans le dernier quart d’heure - quand tout était perdu - que les hommes de Collazo allaient enfin se libérer. Ils ne pouvaient plus avoir peur de s’incliner, ils avaient déjà perdu.
Le frein à la main dans la tête
Cette première sortie de la saison à Mayol, il ne fallait pourtant pas la rater pour lancer au mieux la campagne de Besagne, pour ne pas commencer à douter. Les soldats du général Collazo se voulaient l’arme au poing, les fantassins de Mignoni entendaient pour leur part dresser leur ligne Maginot et ne pas se faire contourner.
Et en pareil cas, l’attaque est la meilleure des défenses. Dès les premières salves, le LOU montrait les dents avec un Fearns qui faisait office de chef de meute et le louveteau Gill affamé sur chaque ballon. La charnière toulonnaise grinçait. Webb (3e) puis Carbonel (15e) sortaient prématurément, Cottin puis Belleau entraient sur le champ de bataille. Les joueurs du LOU chassaient loin de leur tanière. Toulon subissait dans ce premier acte mais sans dommage.
Ce n’est qu’à la demi-heure de jeu que les premiers points étaient inscrits, au pied. Doussain d’un côté, Belleau de l’autre : 3-3, balle au centre. Question occupation de terrain et possession du ballon, la balance était en faveur des visiteurs. Si rien n’était joué, l’inexorable se dessinait.
Isa, un des rares à sortir de la torpeur ambiante, tentait bien de tirer ses partenaires hors du guêpier dans lequel ils s’enfonçaient inéluctablement. On pouvait espérer qu’avec le vent dans le dos, les frères Tao et leurs pairs mettent enfin du rythme et de la vitesse mais Lyon particulièrement rigoureux sur sa ligne se montrait intraitable.
Dans cette rencontre longuement verrouillée, les premiers barbelés étaient finalement coupés en force à l’heure de jeu, avant que le rideau défensif varois ne se déchire cinq minutes après. La réaction bien trop tardive du RCT ne pouvait masquer la dure réalité entre une équipe qui joue individuellement face à une formation au collectif déjà affirmé. Préoccupé, le coach toulonnais relevait : « Je suis déçu de cette première à Mayol pour les joueurs, pour le club et pour les supporters. Ce groupe a autre chose à montrer. » On veut bien le croire.