Une journée ordinaire de violences conjugales…
La nuit, les équipages de police secours sont régulièrement appelés par des femmes en détresse. Exemples cette semaine d’interpellations et de jugements en comparution immédiate
Olfa, 40 ans, attend désorientée dans la salle des pas perdus du palais de justice de Nice. Son mari doit comparaître pour « violences aggravées ». « Depuis le jour de notre mariage, en 2018, il me frappe. Il pense que je suis sa propriété », confie Olfa, les yeux troubles, à une conseillère du service d’aide aux victimes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle s’est enfermée dans la salle de bains et a composé le 17. « Les policiers sont arrivés très vite. Ils étaient très gentils », précise-t-elle. Mounir venait d’avoir un nouvel accès de violence. Dans leur appartement du quartier Saint-Roch à Nice, il a frappé Olfa dans le dos, l’a plaquée sur le lit, menacée avec un couteau. « Si tu ne fermes pas ta bouche je te l’agrandis de l’oreille gauche à l’oreille droite », at-il hurlé. C’est ce qu’Olfa répète devant le président du tribunal correctionnel, Guillaume Saint-Cricq, lors d’une comparution immédiate.
« Je ne veux pas qu’il aille en prison »
Mounir, encadré par les policiers derrière le box vitré, cherche désespérément à croiser le regard de sa femme. Il est fatigué par 48 heures de garde à vue. Il n’en est pas à sa première agression, selon Olfa : « Il m’a giflée devant la guichetière à la poste. La directrice l’a fait sortir. J’avais honte », se souvient-elle.
« Il ne supporte pas que je voie des amis, me reproche de ne pas porter le hijab », raconte Olfa qui n’a ni métier ni titre de séjour. « Je ne veux pas qu’il aille en prison, précise-t-elle, complètement dépendante d’un homme jaloux et imprévisible. C’est lui qui achète la nourriture paye le loyer. J’espère surtout que ce jugement lui servira de déclic .»
Le procureur requiert un an de prison dont huit mois avec sursis et une mise à l’épreuve.
Défendu par Me Terrazzoni, qui n’a pu s’entretenir qu’une dizaine de minutes avec son client, le mari violent, inconnu à ce jour de la justice, écope de six mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve. Les faits de violences habituelles sont requalifiés en violences sur conjoint. Ce chauffeur de bus en formation devra verser 500 euros de dommages et intérêts à sa victime. Il a l’interdiction de s’approcher de leur appartement sous peine d’être immédiatement incarcéré. Où va-t-il dormir ce soir ? Mystère.
Deux interpellations et un mari recherché
La veille au soir, Achref, 26 ans, coupable non seulement de violences sur la mère de sa fille mais également d’appels téléphoniques malveillants de menaces de mort, a été condamné à un an de prison ferme à effectuer sur-lechamp, ainsi que six mois avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Entre ces deux jugements, trois femmes ont appelé au secours dans la nuit. Cela commence à 20 h, jeudi ; route de Turin à Nice Est. Un homme vient de frapper sa femme, il est interpellé par un équipage de police secours. Cinquante minutes plus tard, même scénario à Menton. L’individu irascible est également arrêté et conduit en garde à vue. A 23 h 20, c’est à Cagnes-surMer, qu’un homme a encore levé la main sur une femme. Il est appréhendé et conduit au commissariat.
Au même moment, un différend familial sur fond d’alcoolisation éclate à NiceEst, boulevard Pape-JeanXXIII.
23h45, une patrouille est encore sur la brèche. Dans un appartement de l’avenue Clemenceau à Nice, un homme a blessé sa compagne conduite à l’hôpital par les sapeurs-pompiers. Son compagnon agresseur a pris la fuite. La police part à sa recherche.
« A chaque épisode de violences intrafamiliales, la priorité est d’extraire l’auteur dangereux du cercle familial », rappelle le commandant Florence Gavello, de la direction de la sécurité publique.
Les parquets de Grasse et de Nice privilégient la procédure de comparution immédiate. Dans la majorité des cas, l’homme violent part en détention.