Monaco-Matin

Une journée ordinaire de violences conjugales…

La nuit, les équipages de police secours sont régulièrem­ent appelés par des femmes en détresse. Exemples cette semaine d’interpella­tions et de jugements en comparutio­n immédiate

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Olfa, 40 ans, attend désorienté­e dans la salle des pas perdus du palais de justice de Nice. Son mari doit comparaîtr­e pour « violences aggravées ». « Depuis le jour de notre mariage, en 2018, il me frappe. Il pense que je suis sa propriété », confie Olfa, les yeux troubles, à une conseillèr­e du service d’aide aux victimes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle s’est enfermée dans la salle de bains et a composé le 17. « Les policiers sont arrivés très vite. Ils étaient très gentils », précise-t-elle. Mounir venait d’avoir un nouvel accès de violence. Dans leur appartemen­t du quartier Saint-Roch à Nice, il a frappé Olfa dans le dos, l’a plaquée sur le lit, menacée avec un couteau. « Si tu ne fermes pas ta bouche je te l’agrandis de l’oreille gauche à l’oreille droite », at-il hurlé. C’est ce qu’Olfa répète devant le président du tribunal correction­nel, Guillaume Saint-Cricq, lors d’une comparutio­n immédiate.

« Je ne veux pas qu’il aille en prison »

Mounir, encadré par les policiers derrière le box vitré, cherche désespérém­ent à croiser le regard de sa femme. Il est fatigué par 48 heures de garde à vue. Il n’en est pas à sa première agression, selon Olfa : « Il m’a giflée devant la guichetièr­e à la poste. La directrice l’a fait sortir. J’avais honte », se souvient-elle.

« Il ne supporte pas que je voie des amis, me reproche de ne pas porter le hijab », raconte Olfa qui n’a ni métier ni titre de séjour. « Je ne veux pas qu’il aille en prison, précise-t-elle, complèteme­nt dépendante d’un homme jaloux et imprévisib­le. C’est lui qui achète la nourriture paye le loyer. J’espère surtout que ce jugement lui servira de déclic .»

Le procureur requiert un an de prison dont huit mois avec sursis et une mise à l’épreuve.

Défendu par Me Terrazzoni, qui n’a pu s’entretenir qu’une dizaine de minutes avec son client, le mari violent, inconnu à ce jour de la justice, écope de six mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve. Les faits de violences habituelle­s sont requalifié­s en violences sur conjoint. Ce chauffeur de bus en formation devra verser 500 euros de dommages et intérêts à sa victime. Il a l’interdicti­on de s’approcher de leur appartemen­t sous peine d’être immédiatem­ent incarcéré. Où va-t-il dormir ce soir ? Mystère.

Deux interpella­tions et un mari recherché

La veille au soir, Achref, 26 ans, coupable non seulement de violences sur la mère de sa fille mais également d’appels téléphoniq­ues malveillan­ts de menaces de mort, a été condamné à un an de prison ferme à effectuer sur-lechamp, ainsi que six mois avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Entre ces deux jugements, trois femmes ont appelé au secours dans la nuit. Cela commence à 20 h, jeudi ; route de Turin à Nice Est. Un homme vient de frapper sa femme, il est interpellé par un équipage de police secours. Cinquante minutes plus tard, même scénario à Menton. L’individu irascible est également arrêté et conduit en garde à vue. A 23 h 20, c’est à Cagnes-surMer, qu’un homme a encore levé la main sur une femme. Il est appréhendé et conduit au commissari­at.

Au même moment, un différend familial sur fond d’alcoolisat­ion éclate à NiceEst, boulevard Pape-JeanXXIII.

23h45, une patrouille est encore sur la brèche. Dans un appartemen­t de l’avenue Clemenceau à Nice, un homme a blessé sa compagne conduite à l’hôpital par les sapeurs-pompiers. Son compagnon agresseur a pris la fuite. La police part à sa recherche.

« A chaque épisode de violences intrafamil­iales, la priorité est d’extraire l’auteur dangereux du cercle familial », rappelle le commandant Florence Gavello, de la direction de la sécurité publique.

Les parquets de Grasse et de Nice privilégie­nt la procédure de comparutio­n immédiate. Dans la majorité des cas, l’homme violent part en détention.

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Dans les affaires de violences conjugales, les parquets de Grasse et de Nice privilégie­nt la procédure de comparutio­n immédiate. Dans la majorité des cas, l’homme violent part en détention. (Photo d’illustrati­on Franck Fernandes)
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