Coman, l’envol enfin
A 23 ans, l’attaquant du Bayern Munich a réalisé son meilleur match sous le maillot tricolore contre l’Albanie. En l’absence de Mbappé, il a marqué un doublé et surtout les esprits
Ce n’était certes que l’Albanie en face, mais Kingsley Coman a eu tout bon. A 23 ans, l’ailier du Bayern Munich a offert un récital sur son côté droit et inscrit un premier doublé sur la scène internationale, ce qui a évidemment ravi Didier Deschamps. « Depuis un an avec son club du Bayern, il a ajouté beaucoup d’efficacité dans son jeu, a confié hier le sélectionneur, lors de l’émission Téléfoot. Son match confirme cette progression. Il est rayonnant. C’est quelqu’un sur qui j’ai tout le temps compté. C’est vraiment un joueur avec un profil très intéressant. »
En Bleu, il n’avait plus marqué depuis mars 2016, soit une éternité pour un garçon de ce talent, dont la trajectoire a sans cesse été freinée par des blessures, notamment à la cheville, qui l’ont privé d’un titre de champion du monde auquel il semblait promis. Usé par ces pépins physiques, il avait envisagé en décembre dernier de prendre sa retraite en cas de rechute.
De l’aventure à l’Euro
Coman faisait partie des sélectionnés lors de l’Euro en France, une compétition qui l’avait vu perdre sa place aux dépens de Moussa Sissoko. C’était le temps où il jouait davantage pour amuser la galerie que pour marquer des buts ou réaliser des passes décisives, une bien mauvaise habitude chez les manieurs de ballons « made in France » que Deschamps s’évertue à responsabiliser lors de chaque rassemblement, en bon chantre de l’efficacité. « Il a toujours eu un très bon état d’esprit, avait un an d’avance à l’école, était intelligent. On n’avait pas besoin de lui répéter dix fois les choses pour qu’il intègre , se souvient Laurent Bonadei, son ancien coach en jeunes au PSG, aujourd’hui adjoint d’Hervé Renard en équipe nationale d’Arabie Saoudite. Très tôt, on pouvait percevoir sa capacité à aller au plus haut-niveau. » Coman a compris le message et la nécessité d’avoir des statistiques dans cet univers qui ne laisse plus beaucoup de place à la fantaisie et la légèreté. En l’absence de Kylian Mbappé, qui, lui, ne vise que l’excellence, la gagne et les records, il a été celui par qui est venue l’étincelle. A sa panoplie de fou du dribble, il a ajouté beaucoup de justesse dans le dernier geste, ce qui lui a permis de tripler son nombre de buts en sélection et semer le trouble dans l’esprit du sélectionneur en prévision des matchs décisifs du mois d’octobre face à l’Islande et la Turquie. On peut craindre l’embouteillage à l’automne. Si Deschamps reforme le duo Kanté-Pogba dans l’entrejeu, il sera contraint de placer Matuidi sur le côté gauche. Un schéma qui permet à Mbappé de défendre quand bon lui semble sur l’aile droite. L’attaquant du PSG devra encore patienter pour s’imposer dans l’axe tant que Giroud claque et en fait autant pour Griezmann. Cela semble donc compromis d’imaginer Coman et Mbappé alignés dans un 4-4-2, même si on a très envie de voir ce que cela pourrait donner.
titres de champion
« C’est une question d’équilibre. Après Kingsley a l’avantage de pouvoir jouer des deux côtés, avance Deschamps. Tout est possible, ça dépend du rapport de force. On peut évoluer avec deux joueurs avec les mêmes caractéristiques à gauche et à droite et deux attaquants. C’est une option qui est intéressante aussi. Face à un adversaire défensif avec un bloc bas, avoir cette variété, cette percussion, cette vitesse, plus deux attaquants, ça amène plus de danger à l’adversaire. »
Parti très jeune à l’étranger, parce qu’il ne jouait pas à Paris (quatre apparitions en professionnel), Coman est devenu un joueur majeur du Bayern Munich, à 23 ans… Avant cela, il était passé par la Juventus Turin, où il fut sacré champion, ce qui l’a toujours été depuis ses débuts en professionnel.