Monaco-Matin

GRAND PRIX D’ITALIE ‘‘Charlot’’, ce héros !

Une « libération » pour lui et pour les tifosi : Charles Leclerc a résisté hier à toutes les pressions pour offrir à Ferrari un retentissa­nt triomphe à domicile

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En Italie, on le surnomme désormais « Carletto » (le petit Charles). À Monaco, pour sa famille, ses proches, ses potes, c’est « Charlot » depuis toujours !

Le « Chant des Italiens » n’avait plus retenti à Monza depuis la victoire de Fernando Alonso en 2010. C’est finalement un jeune homme de bientôt 22 ans - plutôt que son quadruple champion

du monde d’équipier, Sebastian Vettel, pourtant arrivé en homme providenti­el à Maranello en 2015 - qui offre aux rouges leur hymne victorieux.

« Cela dépasse tous mes rêves d’enfant, de voir ces gens acclamer et chanter » ,a confié Charles Leclerc une fois descendu du podium suspendu au-dessus des fans. « Ce week-end, c’était la première fois de ma carrière que tout ce à quoi je pouvais penser était de gagner. C’est parce que nous étions tellement soutenus. »

Cette victoire, raconte le Monégasque, fut encore « plus dure » à conquérir que sa première en F1, la semaine dernière en Belgique, dans des circonstan­ces dramatique­s, après le décès en course la veille de son ami le pilote français de Formule 2 Anthoine Hubert. « Ça m’a semblé durer beaucoup plus que 53 tours ! C’est parce que, derrière moi, on me mettait constammen­t la pression », a-t-il encore expliqué à propos des Mercedes de Valtteri Bottas et Lewis Hamilton, qui l’accompagne­nt sur le podium.

Contraste saisissant avec Vettel

Le pilote Ferrari, qui s’est élancé en pole position, a d’abord dû contenir les assauts d’Hamilton, avec qui il partageait la première ligne. Puis c’est Bottas qui s’y est collé, le quintuple champion du monde ayant commis une erreur qui a permis à son équipier de le dépasser. Pour garder sa position, Leclerc a souvent flirté avec la limite. Lors de cette défense musclée sur le Britanniqu­e au 23e tour, qui a conduit les commissair­es de course à lui présenter un drapeau noir et blanc, équivalent à un carton jaune, ou quand il a bloqué ses roues au 36e tour.

Être plus agressif sans commettre d’erreur irréparabl­e, c’est le métier qui rentre. Dans un contraste saisissant, Vettel, lui, n’est que 13e alors qu’il était 4e sur la grille. L’Allemand est parti en tête-à-queue au 6e tour et, comme si une erreur ne suffisait pas dans son CV déjà chargé ces deux dernières années, il a harponné le Canadien Lance Stroll (Racing Point) en reprenant la piste.

Depuis que Leclerc a rejoint la Scuderia en début de saison, après son année de « rookie » chez Alfa RomeoSaube­r, on sent entre les deux équipiers le pouvoir changer de main. L’enfant terrible de la Principaut­é domine désormais l’Allemand deux victoires à zéro - dont la plus importante de toutes en Italie - et quatre pole positions à une. Il lui chipe aussi désormais la 4e place au classement des pilotes. Et la Gazzetta dello Sport de résumer, en Une de son site web, le sentiment général : « Là-haut, sur le podium de Monza, au-dessus de la marée rouge, il y a un garçon de 21 ans qui en à peine plus de six mois a tout conquis : la Scuderia, l’amour du peuple Ferrari et sans doute l’avenir. »

“Je

pense avoir compris en Autriche qu’on pouvait piloter de manière plus agressive en piste, que ce soit pour attaquer ou défendre sa position. C’est aussi grâce à ça que j’ai réussi à gagner ici. C’était à la limite, je le reconnais, mais je suis heureux d’avoir piloté ainsi.”

C’est une cerise rouge écarlate qui a fière allure sur le gâteau du e anniversai­re de la Scuderia Ferrari.

Les tifosi en rêvaient.

Il l’a fait.

En l’espace d’une semaine, de Spa-Francorcha­mps à Monza, dans les deux temples de la vitesse du ‘‘F Circus’’, Charles Leclerc a rendu sa fierté à la mythique maison de Maranello. Et par là même à tout un pays meurtri par les succès enfilés comme les perles d’un collier par le rival Mercedes en début de saison. Depuis cet instant d’éternité, hier, lorsqu’il a atteint le damier de la délivrance en tête devant des tribunes extatiques, l’Italie est à sa botte.

A  ans seulement, le petit prince de Monaco entre de plain-pied dans la légende. Où il rejoint les dix précédents héros du cheval cabré ayant tutoyé l’excellence sur le vieil autodrome milanais : Alberto Ascari ( victoires), Phil Hill (), Clay Regazzoni (), Jody Scheckter (), Michael Schumacher (), Fernando Alonso (), entre autres... En préambule de ce week-end à nul autre pareil, Jacky Ickx, illustre ancien serviteur également, plus jeune vainqueur dans l’habit de lumière rougeoyant détrôné l’autre dimanche en Belgique, avait couvert d’éloges la pépite du Rocher. En lui prédisant un grand avenir. Même son de cloche dans la bouche de l’ex-président Luca di Montezemol­o, qui le compara, lui, à Niki Lauda. Qui osera les contredire après la magistrale démonstrat­ion réussie hier ? Hamilton, incapable de renverser l’implacable leader  tours durant, en sait quelque chose. Vettel, le coéquipier relégué à des années-lumière, aussi... Ce digne héritier a l’étoffe d’un « capo ». Taille patron. Un futur champion du monde en puissance. Charge maintenant à Ferrari de lui offrir une monture aussi véloce en virage qu’en ligne droite.

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Après  tours en apnée, Jean Alesi brandit le drapeau à damier devant la Ferrari n°. Charles Leclerc exulte. Toute l’Italie aussi... (Photos Georges Decoster et EPA/MAXPPP)
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