Monaco-Matin

Lab d’IBM Sophia, nouveaux locaux, nouvelle agilité Interview

Pour le président d’IBM France, l’inaugurati­on du nouveau site du Lab d’IBM est une réaffirmat­ion de la présence du groupe et de ses missions dans la région

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

Nicolas Sekkaki, président d’IBM France, inaugure aujourd’hui à Sophia Antipolis le nouveau site de son Lab dans l’un des trois bâtiments de l’Arteparc Campus Sophia. Cette délocalisa­tion de quelques kilomètres dans des locaux plus spacieux « symbolise une nouvelle étape de l’intelligen­ce artificiel­le des données dans l’écosystème important qu’est Sophia Antipolis », estime le dirigeant. Une jolie façon aussi de fêter ses dix ans d’existence : Big Blue a racheté en 2009 Ilog, startup fondée par des chercheurs d’Inria, qui a donné naissance au Lab d’IBM spécialisé dans les données, l’analytique et l’IA (intelligen­ce artificiel­le).

Ginni Rometty, la pdg d’IBM Monde, a annoncé en mai  la création de   emplois sur trois ans en France. Le site de Sophia en profitera-t-il ?

Oui, on embauchera une douzaine de chercheurs qui viendront rejoindre les  déjà présents. Depuis deux ans, on a beaucoup travaillé à ce que devait être IBM France et à sa contributi­on à l’écosystème français. Ces neuf derniers mois, on a ouvert un centre de cybersécur­ité à Lille, un hub quantique à Montpellie­r, un centre à Paris Saclay sur l’IA. Nous sommes dans la région depuis  ans. Cette inaugurati­on à Sophia est une réaffirmat­ion de notre présence et de nos missions.

Quelle nouveauté pour le lab de Sophia ?

On y trouvera un Design Studio qui fait appel au design thinking. Pour permettre de nous développer en mode agile et de travailler sur les sujets de développem­ent des startups, de nos clients et partenaire­s. IBM France a récupéré une partie de deux projets internatio­naux. IBM Automation Intelligen­ce a pour objet d’améliorer le processus métier de nos clients grâce à l’IA. Avec le second, Auto AI, il s’agit de voir comment utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour former l’intelligen­ce artificiel­le. Des équipes à Sophia Antipolis et Paris Saclay vont s’y pencher.

Ce que vous faisiez moins auparavant…

Oui. Avant, nous étions sur du développem­ent de logiciels. Désormais, nous sommes en coinnovati­on. Il y a beaucoup à faire autour de l’analytique et de l’IA. Ce besoin non couvert est très bien appréhendé par le design studio et c’est ce que nous mettrons à dispositio­n de l’écosystème. Quant à la partie métiers, c’est-àdire, la connaissan­ce des métiers et des solutions métiers, elle est portée par Garage for Cloud à Nice Méridia. Il aide nos clients à faire leur transforma­tion digitale dans le cloud. Entre Nice et Sophia, nous avons un continuum où sont présentes toutes les composante­s qui permettron­t à l’écosystème de rentrer dans cette ère de cloud appliquée à une industrie.

Quels sont vos liens avec l’écosystème ?

Nous avons des partenaria­ts avec Inria Sophia Méditerran­ée avec lequel nous avons oeuvré sur l’obtention du label IA, des synergies avec des écoles (Skema, Edhec) et l’UCA (Université Côte d’Azur). Nous sommes intégrés au tissu de recherche et de développem­ent. Nous faisons beaucoup de mécénat de compétence­s.

Quel visage a l’IA chez IBM ?

On préfère parler d’intelligen­ce augmentée plutôt que d’intelligen­ce artificiel­le. Tous les projets que nous menons en France sont autour de l’homme augmenté : comment aider un conseiller bancaire à être plus performant, un call center à faire du knowledge management... Pour nous, l’IA doit être explicable et supprimer les biais. Elle est développée par des hommes pour des hommes avec des données qui viennent de notre activité. Les hommes sont biaisés, les données aussi. Il ne faut donc pas que l’IA accentue ce phénomène. Une partie des travaux de Sophia porte sur la qualité des travaux de l’IA.

Comment se porte IBM aujourd’hui qui a eu quelques années de recul ?

Le recul est dû à sa réinventio­n. La société est centenaire (elle a été fondée en , ndlr), ce qui veut dire qu’elle a failli mourir à plusieurs reprises mais qu’elle a survécu. Cette zone de trois à quatre ans sur laquelle il faut se réinventer nécessite de mettre l’énergie sur les compétence­s et les offres où l’on veut aller. Cela veut dire aussi se désinvesti­r d’activités que l’on juge non stratégiqu­es pour l’avenir mais qui apportent le revenu au quotidien. Ce qui explique notre décroissan­ce de revenus. On a réinvesti dans les objets du futur. Notre dernière acquisitio­n pour  M$ est autour du cloud : Red Hat. C’est là que se trouvera la croissance d’IBM.

Le nom d’IBM est très connu du grand public mais peu savent vraiment ce que vous faites. Pouvez-vous donner un exemple d’utilisatio­n d’IBM dans la vie courante ?

Si IBM disparaît demain, l’économie s’arrête. Tous les systèmes des cartes bleues des grands acteurs tournent sur des infrastruc­tures IBM. Idem pour la réservatio­n d’un billet d’avion, de train, l’assurance chômage... Certains jeux sont sur le cloud IBM. Votre paye a été faite sur des infrastruc­tures IBM. Tous les jours, vous avez sans le savoir une vingtaine d’interactio­ns avec IBM.

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Nicolas Sekkaki, pdg d’IBM France : « Avant, nous développio­ns des logiciels, maintenant, nous sommes en co-innovation » (D.R.)

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