Monaco-Matin

Le tigre du platane envahit les quartiers du centre-ville

Favorisée par les conditions climatique­s exceptionn­elles de l’été, la proliférat­ion de ces insectes – inoffensif­s – dans le Careï et le Borrigo agace. Cheveux, habits, assiettes... on en trouve partout !

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C’est un ressenti, un désagrémen­t impossible à quantifier », selon Franck Roturier, directeur des Parcs et Jardins de la Ville de Menton. Et pour cause, le redouté « tigre du platane » a investi, comme chaque année, la quasi-totalité des abords des 297 platanes de la ville. Principale­ment dans le Careï, le Borrigo et aux extrémités du tunnel Molinari.

À ne pas confondre avec la cicadelle, ce petit insecte aux ailes transparen­tes, inoffensif en apparence, est en réalité un nuisible particuliè­rement embêtant dans ses zones de proliférat­ion. Comme son nom l’indique, sa cible favorite est le platane, qu’il attaque par la feuille, se nourrissan­t de sèves jusqu’à décolorati­on et chute des feuilles. L’arbre est alors affaibli et plus exposé à diverses maladies et champignon­s. Une fois la première attaque opérée, cette petite punaise s’installe et prolifère. Le problème, c’est qu’une femelle peut pondre jusqu’à 350 oeufs. Ainsi, les colonies de tigres du platane peuvent vite faire vivre un enfer aux Mentonnais habitant à proximité des zones à risque.

« On ne peut plus manger dehors »

Noémie, auxiliaire de puéricultu­re, vit depuis décembre dernier dans le tout nouvel immeuble de l’Eden Riviera dans le Borrigo. À quelques mètres seulement de son balcon, se trouvent plusieurs platanes. « Ça a commencé au début de l’été. Au début, il y en avait peu. Petit à petit, leur nombre a augmenté. On ne savait pas ce que c’était. Jusqu’à ce qu’on se fasse submerger. Depuis une semaine, il y en a énormément. On en voit voler toute la journée, confie-t-elle. Le week-end dernier, on a été envahis par des centaines et des centaines d’insectes. Dans les cheveux, sur les habits, dans les assiettes, au plafond, contre le mur... On a mis du “barrière à insecte” sur tous les murs, sols et plafonds extérieurs pour bloquer leur entrée mais ils reviennent plus nombreux à chaque fois. On ne peut plus manger sur le balcon, la terrasse est inutilisab­le ». Étant donné qu’il est quasiment impossible de fermer les fenêtres en pleine journée, cette Mentonnais­e a dû trouver une parade pour éviter l’entrée de ces insectes tout en conservant une arrivée d’air. « Je n’ai pas eu d’autre choix que d’acheter des moustiquai­res pour chaque fenêtre et chaque porte-fenêtre car depuis, il y en a toujours autant. Et même avec les moustiquai­res, certains arrivent quand même à rentrer », poursuitel­le.

Un voisinage touché

Noémie n’est d’ailleurs pas la seule à s’en plaindre. En bas de chez elle, la pizzeria « Ambiance Pizza » est aussi touchée, rendant presque impossible l’idée de manger en terrasse. « Les riverains n’en peuvent plus, ils craquent tous », livre le gérant. D’autant plus que « chaque été, c’est pareil », selon un autre voisin, qui a installé une moustiquai­re l’an dernier. De plus, « les riverains se plaignent aussi du miellat qu’il dépose, très difficile à nettoyer sur les pare-brise des voitures garées en dessous », explique un pharmacien vivant à proximité.

« On a appelé la mairie lundi matin. Ils m’ont répondu qu’un traitement avait déjà été fait. Finalement, ils vont envoyer un technicien pour en refaire un », reprend Noémie (voir ci-dessous).

Des conditions climatique­s favorables

Habituelle­ment gérable, cette invasion de la fin de l’été a été causée par des conditions climatique­s tout à fait exceptionn­elles. Avec des moyennes de 25 °C le matin, 27 °C l’après-midi, et peu de précipitat­ions à Menton sur les mois de juillet et août, la météo n’a pas aidé à réduire sa population. « Le chaud favorise réellement son développem­ent », indique Franck Roturier. Une des raisons qui peut expliquer cette proliférat­ion exceptionn­elle. Toutefois, celle-ci ne menace pas l’arbre en lui-même. « Le platane est comme les humains : il ne meurt pas d’un rhume », rassure-t-il.

Une légère fraîcheur devrait s’installer sur la cité du citron pour ce début de semaine. C’est peu de dire qu’elle est très attendue ! Pour rafraîchir les terres et les esprits...

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Quelques minutes en plein après-midi ont suffi pour que des dizaines de spécimens s’exposent.

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