Les mesures d’Agnès Buzyn pour désengorger les urgences
Créer un numéro unique, s'appuyer davantage sur la médecine de ville, élargir les compétences des paramédicaux... Le plan d’action de la ministre accueilli plutôt positivement
Sept cent cinquante millions d’euros d’ici à 2022. C’est le budget qu’entend consacrer la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour le « Pacte de refondation des urgences », présenté aux professionnels de santé et aux fédérations hospitalières publiques et privées hier après-midi. Objectif : réduire de 43 % la fréquentation des services d’urgences qui a doublé en 20 ans pour culminer aujourd’hui à 21,5 millions de patients (82 % dans le public et 18 % dans le privé). Le pacte se décline en douze mesures. « Priorité absolue », insiste le ministère de la Santé, Agnès Buzyn, qui veut « faire émerger une réponse alternative aux seules urgences ».
1 : Mettre en place dans tous les territoires un service distant universel pour répondre à toute demande de soins des Français : le service d’accès aux soins (SAS) : les demandes pour les soins d’urgence seront ainsi centralisées sur une plateforme accessible par
téléphone et par internet, sans lien avec les pompiers. Chaque SAS disposera d’une cartographie des structures publiques et privées disponibles à proximité pour lequel sera publiée une estimation du délai d’attente pour les soins courants. En résumé : vous téléphonez, on vous indique où vous devez aller consulter.
2 : Renforcer l’offre de consultation médicale sans rendez-vous en cabinet, maison et centre de santé. En développant l’accès à des consultations 24/24 en libéral, cela limiterait le recours aux urgences. Cela implique également la création d’une cinquantaine de maisons médicales de garde à proximité des établissements où les urgences sont saturées.
3 : Donner à la médecine de ville les mêmes outils de prise en charge que les urgences. En systématisant le tiers payant dans le cadre des gardes libérales, les patients n’auraient plus à faire l’avance des frais ; une des raisons qui les poussent à aller aux urgences. Toutefois, il restera à leur charge la part complémentaire.
4 : Offrir aux professionnels nonmédecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients. Par exemple, permettre à un kiné de soigner une entorse de cheville, élargir les compétences des infirmières...
5 : Généraliser des parcours dédiés pour les personnes âgées pour éviter les urgences. Typiquement, le pensionnaire d’un Ehpad sera adressé directement au service compétent, sans passer par les Urgences ni par un SAS.
6 : Intégrer la vidéo à distance dans tous les SAMU. La téléconsultation permettrait d’éviter de nombreux passages aux urgences, surtout lors des périodes d’épidémie type grippe ou gastro. 7 : Mieux utiliser les compétences médicales et soignantes rares en graduant les services d’urgences et en réformant les transports médicalisés. Ainsi, les transporteurs sanitaires privés pourront emmener des patients orientés par les Samu et les médecins de garde vers les maisons et centres de santé ou les maisons médicales de garde identifiées par les ARS.
8 : Renforcer et reconnaître les compétences des professionnels des urgences.
9 : Lutter plus efficacement contre les dérives de l’intérim médical. En clair : la ministre pose l’interdiction de cumul à l’hôpital public entre un exercice de praticien hospitalier et celui de contractuel ou d’intérimaire.
10 : Réformer le financement des urgences. Il s’agit là d’une modification de la tarification à l’activité qui prévaut aujourd’hui. 11 : Renforcer la sécurité des professionnels exerçant aux urgences. Les patients violents pourront plus facilement être mis à l’écart. Le chef de service pourra quant à lui porter plainte et se constituer partie civile.
12 : Fluidifier l’aval des urgences grâce à l’engagement de tous en faveur de l’accueil des hospitalisations non programmées. Pour pouvoir disposer de tous les lits libres dans l’hôpital il pourra être instaurée une « cellule de gestion interne des lits ». En clair, toute place vacante pourra être rentabilisée.