L’appel des 1000 bistrots
Recréer des lieux de vie dans les villages qui ont vu leurs commerces péricliter puis fermer : c’est l’ambition du groupe SOS qui lance l’opération 1000 cafés
Remettre le bistrot au milieu du village. L’initiative lancée aujourd’hui par le groupe SOS est aussi ambitieuse que pleine de bon sens. Partout, dans cette France considérée avec un peu de mépris à Paris comme profonde ou périphérique, les commerces tirent le rideau. Même le sacro-saint café du village disparaît peu à peu du paysage. Et avec lui, la convivialité et lien social.
Afin de contribuer à réduire les fractures territoriales mises en lumière de manière criante par les « gilets jaunes », le groupe SOS, première entreprise sociale européenne, envoie dès ce matin un mail à 32 221 maires de communes rurales de moins de 3 500 habitants pour leur proposer de créer ou recréer un café dans leur village. SOS, qui a créé depuis 35 ans une multiplicité de structures d’insertion, entend ainsi ouvrir mille bistrots sur l’ensemble du territoire, uniquement dans des bourgades qui n’ont plus de commerce ou dans lesquels le dernier troquet
est menacé de fermeture. C’est le cas de la majorité d’entre-elles : en France, 26 000 communes rurales sur 32 000 n’ont plus de cafés !
Priorité au recrutement local
Dans chacun des lieux identifiés grâce au concours des maires, relais naturels de l’opération, SOS montera le projet, aménagera les locaux et recrutera un binôme « pour gérer le café et ses services et participer à la convivialité du lieu et à son ancrage dans le territoire ».
Les gérants, recrutés via un appel d’offres national, seront rémunérés par SOS. Ils pourront être intéressés au résultat de l’établissement et seront « en priorité » recrutés localement. « Notre appel répond à un véritable enjeu de société, notamment après la crise des gilets jaunes », argumente JeanMarc Borello, le président du groupe SOS. « Notre message aux maires est très simple : trouvez-nous un local, on vient et on ouvre un bistrot dans votre village ». Au-delà de la possibilité de recréer de l’ambiance autour d’un zinc, SOS souhaite développer une gamme de services. «Onpeut imaginer dans ces cafés des moyens de lutter contre la fracture numérique, vendre des produits en privilégiant les circuits courts et le bio, proposer des solutions de mobilité », détaille Chloé Brillon, directrice du projet. Elle précise que «les habitants pourront contribuer à l’identité du lieu et se l’approprier ». SOS prévoit de consacrer 150 à 200 millions d’euros à l’aménagement de ces mille cafés. Une première sélection de candidatures sera effectuée dès le mois prochain.