Anticor s’interroge sur les moyens alloués à Ciotti
L’association de lutte contre la corruption Anticor vient de déposer un signalement au parquet de Nice, concernant l’utilisation « possiblement illégale » par le député LR Eric Ciotti des moyens du conseil départemental. Touché par le cumul des mandats, Eric Ciotti a choisi, à l’été 2017, de rester député et de quitter la présidence du Département, qu’il occupait depuis fin 2008. Charles-Ange Ginésy lui a succédé le 15 septembre 2017. Eric Ciotti a toutefois continué à siéger au conseil départemental, ce qui est parfaitement légal, enfilant alors un nouveau tablier, celui de président de la commission des finances, tout en restant également le patron politique de la majorité départementale.
Ciotti « serein »
Au titre de président de la commission des finances, il a ainsi effectué de nombreuses sorties publiques, le plus souvent sur Nice, se substituant régulièrement à son successeur.
« Je suis totalement serein ,a réagi Eric Ciotti. Je préside le groupe majoritaire du Département qui peut disposer de moyens dans le cadre légal. Je reçois aussi des missions du président du conseil départemental, que j’exerce en son nom. Visiblement, ce signalement s’inscrit dans un contexte politique bien précis. »
Un poste existant
Tout en « attendant de savoir plus en détail ce qui pourrait être reproché » à son prédécesseur, Charles-Ange Ginésy le confirme : « Le poste de président de la commission des finances existait auparavant, occupé alors par Xavier Beck. Dans ce cadre, je confie régulièrement des missions à Eric Ciotti. Mais nous sommes dans une période préélectorale trouble… » Aux yeux d’Anticor, ce ne sont pas tant les déplacements d’Eric Ciotti sous sa casquette départementale que les moyens dont il dispose qui pourraient poser problème : « Nous constatons une utilisation apparaissant comme possiblement illégale par M. Ciotti de moyens humains et matériels du conseil départemental et de la présidence du conseil départemental », expose Jean-Valéry Desens, co-référent maralpin d’Anticor. Qui demande notamment au procureur de la République «devérifiersile personnel qui l’accompagne est financé par ses frais de député ou par le conseil départemental, ce qui pourrait constituer une forme de contournement de la loi sur le non-cumul des mandats ».
Double casquette à Anticor également…
Là où l’affaire devient dérangeante, c’est que Jean-Valéry Desens cumule, lui aussi, les casquettes. Issu de la famille des Républicains, avec laquelle ses relations sont houleuses depuis des années, il est en outre conseiller municipal à Mandelieu, opposant farouche aux Leroy, Henri et Sébastien, l’ancien et le nouveau maire, deux très proches soutiens d’Eric Ciotti. Il va, d’ailleurs, se présenter à l’élection municipale mandolocienne face à Sébastien Leroy. Il est, enfin, membre de La France audacieuse, le mouvement d’élus lancé par Christian Estrosi. Il est même intervenu lors de la rentrée du mouvement, le 30 août à Nice. Jean-Valéry Desens se défend pourtant de mélanger les genres : « Nous avons souvent discuté à Anticor de ce problème d’avoir des gens eux-mêmes engagés en politique, mais cela ne nous empêche pas d’oeuvrer en toute impartialité. C’est d’ailleurs pour cela que nous déposons des signalements et non des plaintes. Nous faisons part d’un faisceau d’éléments. A la justice, ensuite, de voir si cela mérite, ou non, d’ouvrir une procédure. »
Estrosi visé aussi
En guise de preuve irréfutable de sa bonne foi, Jean-Valéry Desens fait valoir s’être aussi attaqué à... Christian Estrosi. Comme l’avait fait avant lui, dès décembre 2018, le Niçois Jean-Christophe Picard, président national d’Anticor, il a déposé, en mars 2019, un autre signalement visant le maire de Nice et ancien président de la Région de 2015 à 2017, pour des frais de voyages, d’hôtels et de repas pouvant apparaître démesurés.
« Et ce dossier-là, indique-t-il, était même plus épais : il comptait 160 pages. »