Le symbole fort du souvenir
Plus petit des douze sites retenus pour la coupe du monde, le Kamaishi Recovery Memorial Stadium est sorti de terre à la suite du séisme de 2011. La région d’Iwate, alors sinistrée, s’en réjouit
Kamaishi est l’un des douze sites retenus pour cette coupe du monde. Si, avec une capacité de places, le Memorial Stadium est le plus petit des stades de la compétition, sur le plan du symbole, en revanche, c’est le plus grand.
Cette ville du bord de mer, ravagée par le séisme du mars qui a entraîné la catastrophe de Fukushima, a fait preuve d’une vitalité et d’une abnégation exemplaires pour renaître de ses cendres. Si, à l’époque, toute l’attention a été retenue par les conséquences du tsunami sur la centrale atomique, le reste de la région, plus au nord, a été littéralement dévasté. Les dégâts ont été considérables et la reconstruction, qui n’est toujours pas terminée, a coûté plusieurs milliards de yens. Malgré tout, le site de Kamaishi a été retenu car c’est la première ville qui, en , a créé un club de rugby. Un double symbole...
Yuta Nakano, 29 ans, a été international de rugby à VII pour le Japon. Ce troisième ligne, qui a débuté le rugby en Nouvelle-Zélande, du côté de Wellington, défend les couleurs de Kamaishi depuis quatre ans. Fouler la pelouse du Kamaishi Recovery Memorial Stadium, huit ans après le passage du tsunami qui a tout balayé sur son passage, n’est pas neutre, comme le reconnaît le capitaine des Seawaves : « Jouer pour cette équipe de Kamaishi sur ce stade reconstruit à quelques encablures du Mémorial suscite forcément beaucoup d’émotions. Huit ans après la catastrophe, le poids est toujours considérable. Tout le monde a encore en tête la tragédie. »
Que représente le fait que Kamaishi ait été choisi pour être un des douze sites de cette coupe du monde ?
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C’est bien sûr un honneur pour la région et toute la ville qui a été la première au Japon à créer un club de rugby. Au début, la
population, au vu de l’ampleur des dégâts, s’est montrée plutôt réticente à l’idée de montrer la région dévastée. Elle ne voulait vraisemblablement pas s’exposer au regard du monde. Et puis, la situation a évolué et les gens ont changé d’avis. Je crois qu’aujourd’hui, ils sont fiers de montrer la vitalité de leur région et tout le travail de reconstruction entrepris.
Accueillir cette coupe du monde est donc un honneur, plus qu’une inquiétude ?
C’est en effet un honneur pour tout le pays, et probablement plus encore pour les habitants de Kamaishi. Nous avons hâte de voir tous les supporters du monde entier venir nous rendre visite.
Comment appréhendez-vous la rencontre entre des supporters japonais, plutôt réservés, et des supporters occidentaux franchement démonstratifs ?
Tout le monde sera réuni dans une ambiance de fête. C’est aussi ça la magie du rugby. Les Japonais accepteront de bonne grâce le côté festif des supporters européens. Je suis même persuadé qu’ils se fondront dans cette atmosphère bon enfant.
Le Japon avait créé la surprise il y a quatre ans en battant, en match de poule, l’Afrique du Sud lors d’un final époustouflant. Votre équipe nationale préparerait-elle une nouvelle surprise ?
(Sans la moindre hésitation) Oui ! Mais je ne vous dirai pas laquelle afin de préserver le suspense...
Quelles sont, selon vous, les chances de l’équipe de France ?
La France reste une très bonne équipe. Toutes les sélections européennes sont très fortes, même si je pense que l’Angleterre est actuellement au-dessus du lot.