Voulons la protéger »
Georgette va avoir 70 ans. Retraitée, elle espérait profiter de la vie, découvrir de nouvelles activités… Mais les choses se sont déroulées autrement. Avec son frère cadet Gérard, elle s’occupe au quotidien de sa maman, Madeleine, âgée de 92 ans et souffrant
(1) d’Alzheimer. Les premiers signes sont apparus en 2010. Veuve, elle vivait alors seule mais bénéficiait de l’aide de ses enfants. « Au bout d’un moment, ce n’était plus possible, alors en 2013 elle a emménagé chez Gérard qui habite près de chez moi à Nice. Cette année-là, j’ai pris ma retraite anticipée pour pouvoir m’occuper davantage d’elle. » Georgette confie avec pudeur les difficultés qu’elle a rencontrées et qui ne font que s’accroître au fil des ans. « En 2015, nous nous sommes rapprochés de l’association France Alzheimer. Ça nous a fait du bien de nous sentir compris et soutenus. » Au début, Madeleine se rendait une journée par semaine à l’accueil de jour (à l’institut Claude Pompidou), puis deux et aujourd’hui trois. « Elle ne peut plus marcher, alors un transport sanitaire vient la chercher le matin et la ramène le soir. Pendant ce temps, je m’occupe des courses, du ménage, des papiers… En fait, je n’ai que très peu de temps pour moi. Idem pour mon frère qui, en plus, est malade. Toute notre vie est centrée autour de notre mère. Alzheimer c’est la dépendance. Il n’y a pas de répit pour les aidants. On doit s’occuper d’elle comme d’un nouveau-né, on fait tout en fonction d’elle. Mais c’est différent, un bébé, ça vous stimule, ça vous tire vers la vie… »
Georgette et Gérard se relaient inlassablement jour et nuit. Ils n’imaginent pas envoyer leur maman dans un Ehpad car au-delà de la question financière, « ce qui la rend heureuse c’est d’être en famille ». La communication est très difficile mais Georgette pose toujours un regard aimant et bienveillant sur sa maman : « Nous voulons la protéger et l’accompagner du mieux que nous pouvons ». L’aidante se confie : « Je suis très fatiguée, moralement ce n’est pas facile. Mais ça me fait du bien de parler. Ma mère est restée la femme très douce et aimable qu’elle était. Elle est toujours très polie comme si les habitudes qu’elle a prises enfant étaient restées profondément ancrées… »