Monaco-Matin

« Pour le cancer du poumon, la machine pourrait bientôt faire aussi bien que l’oeil humain »

La vraie différence dans sa vie

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Comment définiriez-vous votre spécialité ?

C’est encore un métier très artisanal : on travaille seulement avec nos yeux et un microscope.

Mais ce métier est amené à évoluer…

Absolument. Il va prendre un grand virage : du toutartisa­nal, il va passer au toutautoma­tisé. Et ce sont des logiciels d’intelligen­ce artificiel­le qui vont établir le diagnostic, en intégrant certaineme­nt aussi d’autres données : marqueurs sanguins, données génétiques, génomiques…

À quel horizon voyez-vous se dessiner ces grandes mutations ?

Ces changement­s devraient intervenir dans un proche avenir, d’ici  à  ans. Pour plusieurs pathologie­s, je pense notamment aux biopsies digestives ou cutanées, la machine fait aussi bien que l’homme : on retrouve  % de concordanc­e dans les diagnostic­s. À Nice, nous conduisons une étude en particulie­r sur le cancer du poumon – que nous avons présentée lors de ce congrès – et les résultats préliminai­res montrent que la machine pourrait bientôt faire aussi bien que l’oeil humain.

Pr Paul Hofman Ne peut-on s’inquiéter de l’avenir de la profession de pathologis­te ?

Anatomopat­hologiste

On compte seulement un peu plus de   pathologis­tes sur tout le territoire français. C’est une spécialité en voie de mutation. On peut dès lors considérer que le développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le permettra plutôt une épargne de temps pour les rares pathologis­tes qui exerceront.

Quel rôle sera-t-il dès lors dévolu à ces pathologis­tes ?

Ils auront bien sûr pour mission de contrôler la qualité des résultats et de les valider. Mais surtout, ils seront appelés à exercer leurs compétence­s sur les , à  % de cas extrêmemen­t complexes, face auxquels la machine restera impuissant­e.

Les pathologis­tes vont devenir des super-interniste­s !

Mais pourront-ils donner un blanc-seing à la machine ?

La question centrale est en effet : faut-il faire confiance à la machine ? Il existe encore des lésions, cutanées par exemple (et bien d’autres encore) qui sont frontières entre le normal et le pathologiq­ue, très difficiles à analyser. Si la machine diagnostiq­ue un mélanome malin et qu’il s’agit d’un simple grain de beauté, que se passerat-il ? Faudra-t-il des contrôles aléatoires ? Et surtout, est-ce que le patient autorisera un logiciel d’intelligen­ce artificiel­le à analyser sa tumeur ? Beaucoup de questions restent posées. Nous sommes à votre écoute pour comprendre le sens de votre démarche et vous accompagne­r, en toute confidenti­alité, autour du projet qui vous tient à coeur. Référent legs Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)

olivier.khouberman@apf.asso.fr

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 ??  ?? Spécialité encore très artisanale – les yeux et un microscope sont les seuls outils – l’anatomopat­hologie pourrait être totalement automatisé­e dans un avenir proche. (Photos N. C.)
Spécialité encore très artisanale – les yeux et un microscope sont les seuls outils – l’anatomopat­hologie pourrait être totalement automatisé­e dans un avenir proche. (Photos N. C.)
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