« Pour le cancer du poumon, la machine pourrait bientôt faire aussi bien que l’oeil humain »
La vraie différence dans sa vie
Comment définiriez-vous votre spécialité ?
C’est encore un métier très artisanal : on travaille seulement avec nos yeux et un microscope.
Mais ce métier est amené à évoluer…
Absolument. Il va prendre un grand virage : du toutartisanal, il va passer au toutautomatisé. Et ce sont des logiciels d’intelligence artificielle qui vont établir le diagnostic, en intégrant certainement aussi d’autres données : marqueurs sanguins, données génétiques, génomiques…
À quel horizon voyez-vous se dessiner ces grandes mutations ?
Ces changements devraient intervenir dans un proche avenir, d’ici à ans. Pour plusieurs pathologies, je pense notamment aux biopsies digestives ou cutanées, la machine fait aussi bien que l’homme : on retrouve % de concordance dans les diagnostics. À Nice, nous conduisons une étude en particulier sur le cancer du poumon – que nous avons présentée lors de ce congrès – et les résultats préliminaires montrent que la machine pourrait bientôt faire aussi bien que l’oeil humain.
Pr Paul Hofman Ne peut-on s’inquiéter de l’avenir de la profession de pathologiste ?
Anatomopathologiste
On compte seulement un peu plus de pathologistes sur tout le territoire français. C’est une spécialité en voie de mutation. On peut dès lors considérer que le développement de l’intelligence artificielle permettra plutôt une épargne de temps pour les rares pathologistes qui exerceront.
Quel rôle sera-t-il dès lors dévolu à ces pathologistes ?
Ils auront bien sûr pour mission de contrôler la qualité des résultats et de les valider. Mais surtout, ils seront appelés à exercer leurs compétences sur les , à % de cas extrêmement complexes, face auxquels la machine restera impuissante.
Les pathologistes vont devenir des super-internistes !
Mais pourront-ils donner un blanc-seing à la machine ?
La question centrale est en effet : faut-il faire confiance à la machine ? Il existe encore des lésions, cutanées par exemple (et bien d’autres encore) qui sont frontières entre le normal et le pathologique, très difficiles à analyser. Si la machine diagnostique un mélanome malin et qu’il s’agit d’un simple grain de beauté, que se passerat-il ? Faudra-t-il des contrôles aléatoires ? Et surtout, est-ce que le patient autorisera un logiciel d’intelligence artificielle à analyser sa tumeur ? Beaucoup de questions restent posées. Nous sommes à votre écoute pour comprendre le sens de votre démarche et vous accompagner, en toute confidentialité, autour du projet qui vous tient à coeur. Référent legs Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)
olivier.khouberman@apf.asso.fr