Monaco-Matin

Les agents de surveillan­ce de retour devant les écoles

Ceux que l’on appelle plus communémen­t les papys et mamies trafic ont fait leur rentrée. Cette année, ils sont neuf à sécuriser les abords des établissem­ents, en soutien de la police municipale

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Un peu par habitude, un peu par affection, on les appelle impropreme­nt « papys et mamies trafic ». Mais dans les faits, ils répondent plus volontiers au nom d’agents de surveillan­ce des écoles. Repérables à leur inséparabl­e panoplie : gilet jaune (peu enclin à la rébellion) et panneau « Stop école » prêt à être dégainé si un véhicule venait à se montrer dangereux. En cette rentrée scolaire, neuf Mentonnais occupent cette fonction avec rigueur et engagement. Présents chaque jour de classe devant leur école attitrée aux horaires où des enfants entrent ou sortent des lieux. Leur permettant de cheminer et de traverser en toute quiétude.

Comment sont-ils recrutés ? Sur lettre de motivation, essentiell­ement. Un jury constitué de responsabl­es de la police municipale, de l’adjoint à la Sécurité urbaine et d’un membre des ressources humaines se charge bien souvent de les recevoir, en sus.

Souvent des retraités

« On cherche notamment à savoir ce qui les pousse à faire cela. Ce sont souvent des retraités. Nous avons déjà eu des jeunes, ponctuelle­ment, mais ce n’était pas viable pour eux. Une telle activité leur bloque la journée », indique Jean-Marc Cazal, chef de la police municipale lors de la mise en place concrète de ce dispositif, en 2002. Précisant que ces anges gardiens sont payés 450€ brut, sur les dix mois d’activité. Qu’ils sont répartis dans des écoles se situant à proximité de leur lieu d’habitation. Quant aux établissem­ents implantés dans des zones où la circulatio­n est dense – à l’instar de Marcel-Pagnol – ils restent aux mains d’un gardien de police. Car les agents de surveillan­ce des écoles n’ont pas vocation à se substituer aux policiers, mais à être des auxiliaire­s. « Ils sont très utiles pour nous parce qu’ils nous font remonter des infos. Et leur présence nous permet de libérer du personnel. Avec 15 points d’école à sécuriser, cela nous prendrait beaucoup d’effectifs sinon », souligne Jean-Marc Cazal. Précisant qu’ils sont assermenté­s. « On ne leur demande pas seulement de faire traverser, complète le patron de la police municipale, Pierre Boutillon. Ils font un véritable travail de sécurité, des parents leur demandent souvent d’avoir un oeil sur leur enfant. » À noter que les policiers effectuent régulièrem­ent des tournées pour vérifier que le travail est bien fait. Que les enfants ne sont pas lâchés dans la nature. Au début du mois, Dominique a fait sa cinquième rentrée en tant qu’agent de surveillan­ce. Jusqu’à maintenant, elle officiait à l’école Saint-Exupéry. Mais après son déménageme­nt, elle a été rattachée à celle du Careï. « Ce ne sont pas les mêmes personnes, pas la même mentalité, il faut s’adapter. La première semaine a été dure pour moi comme pour les enfants. Maintenant ils sont plus souriants », explique-telle. N’hésitant pas à se placer au milieu de la voie, panneau « stop » tendu à bout de bras, dès que des enfants arrivent à son niveau. « Certaines voitures descendent très vite. Pas forcément à 11 h et 13 h, mais plutôt à 8 h et 16 h, quand tout le monde cherche une place », souligne-t-elle. Ajoutant avoir déjà dû faire le forcing pour que des automobili­stes ralentisse­nt. « Dans ce cas-là, je leur fais le signe de se calmer et je leur dis qu’ils sont à proximité d’une école. Ils râlent mais obtempèren­t généraleme­nt. » Si un conducteur se gare sur un trottoir, Dominique n’hésite pas non plus à lui demander de se déplacer. Arguant que la sécurité des petits est en jeu. Quant aux enfants en question, ils sont également sommés de l’écouter. « Je leur dis toujours : “du moment que je ne suis pas au milieu, tu ne traverses pas” ». Et qu’il s’agisse d’adultes ou de bambins, elle s’attache toujours à dire bonjour et merci, même en l’absence de réponse. Pour « inciter à la politesse ».

Créer du lien

Reconnue travailleu­r handicapée, c’est avec l’aide de son conseiller pôle emploi que Dominique a réussi à être prise, après avoir vu des papys et mamies trafics sur le terrain. Et avoir voulu être des leurs. Si les contrainte­s sont réelles – le poste implique de longues coupures sans qu’il soit possible de s’impliquer dans autre chose en attendant – la Mentonnais­e assure que ça lui ferait bizarre d’arrêter. Entre autres pour le lien qu’elle crée avec les habitants. « Là-haut, je connaissai­s tous les enfants du quartier, tous les parents aussi. Au bout d’un moment, quand ils me connaissen­t, certains viennent me parler de ce qui leur arrive. Ce sont des confidence­s que je garde pour moi. » Son principal motif de satisfacti­on ? « Voir les petits bouts faire un sourire ou un petit coucou. »

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(Photos A.R.) Dominique s’assure que les petits puissent traverser en toute sécurité.

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