Monaco-Matin

Castillon commémore les  ans de sa destructio­n

Le village de la Bévéra fêtait hier le triste anniversai­re de son deuxième anéantisse­ment, le 15 septembre 1944, après avoir été la cible de bombardeme­nts alliés. Entre hommage et émotion

- ALICE ROUSSELOT

Étrange scène qu’une messe organisée au beau milieu d’une église dont seuls les murs ont résisté aux vicissitud­es du temps. Les chaises installées pour l’occasion s’accommodan­t des touffes d’herbe au sol. Les rayons de soleil et les courants d’air ayant tout loisir de s’exprimer durant le culte. Pas de doute pourtant, c’est bien ici que l’événement devait se dérouler, hier. Date anniversai­re de la (deuxième) destructio­n du village de Castillon. C’est ici, dans cet édifice religieux ravagé en 1944 par les bombardeme­nts alliés – qui oeuvraient pour repousser les troupes allemandes installées sur le secteur – que la mémoire des victimes et le respect du passé devaient être honorés.

« Penser à ceux qui ont été déracinés »

Aux côtés de son conseil municipal, des porte-drapeaux, de représenta­nts des anciens combattant­s, du patron de la gendarmeri­e, de membres de l’associatio­n Amicorf (chargée de mettre en valeur la ligne Maginot) et d’habitants, le maire, Olivier Chantreau, s’en est tenu à quelques mots.

« C’est toujours avec une vive émotion que nous nous rassemblon­s pour nous rappeler l’histoire de Castillon. Nous avons tous pensé, un jour, “Ah, si les pierres pouvaient parler…” Elles ne le feront pas, bien évidemment, mais nous avons mieux parmi nous : des représenta­nts de l’histoire du village. »

Et de désigner M. Raybaut, 98 ans, qui avait autrefois été baptisé dans l’église aujourd’hui laissée aux quatre vents, qui y avait fait sa communion et s’y était marié. Ainsi que Mme Gazzo, également habituée des lieux, et dont la grandmère avait vu le ciel s’obscurcir lors du tremblemen­t de terre.

« Aujourd’hui, il s’agit de rendre hommage ne seraitce qu’à ces deux personnes, pour avoir vécu et survécu à l’épisode de 1944 », reprend le maire. Ceux qui trouvent que célébrer ce genre de fait n’a pas de sens… ils feraient mieux de se taire ! » « Ils sont dans l’erreur », opine une dame dans l’assistance. Alors qu’Olivier Chantreau enchaîne :

« Nous sommes là pour penser à tous ceux qui ont été déracinés de leur lieu de naissance. Contre la nature, on ne peut rien. Mais la deuxième destructio­n, elle, est le fait de l’homme. Et il y aurait beaucoup de choses à en dire…», conclut-il. Avant que deux gerbes ne soient déposées. Celle de la mairie, par le 1er adjoint, Charles Ambrosini, et la 3e adjointe, Mauricette Barriera. Celle de l’Union locale des associatio­ns de combattant­s et de victimes de guerre (ULAC) par le colonel Fouché et le chasseur Combe.

Avant que la Marseillai­se

ne soit chantée a cappella par les participan­ts, bien décidés à faire fi d’une sono capricieus­e. Année après année, au col de Castillon, la commune rappelle ainsi son courage. Elle qui, en dépit de toutes les difficulté­s rencontrée­s par le passé, a conservé son étonnante devise latine. Juste castigo.

Je châtie justement.

 ??  ?? Les Castillonn­ais se sont retrouvés sur l’ancienne emprise du village.
Les Castillonn­ais se sont retrouvés sur l’ancienne emprise du village.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ?? (Photos Cyril Dodergny) ??
(Photos Cyril Dodergny)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco