Monaco-Matin

À Anthéa, Muriel Robin dans ses sketches cultes

La comédienne renoue avec un genre qu’elle avait délaissé en reprenant quelques-uns de ses meilleurs sketches sur la scène du théâtre d’Antibes. Et Pof !, de mercredi à vendredi…

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Vingt-trois ans qu’elle n’était pas montée sur scène dans un enchaîneme­nt de ses sketches. Pour son retour à cette forme d’humour qui l’a fait connaître et a manqué à son large public, Muriel Robin a choisi le théâtre Anthéa. Trois dates exceptionn­elles avant sa rentrée au théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, puis une tournée dans toute la France.

« Ceux qui m’ont suivie durant les trente dernières années savent ce qu’ils viennent voir. On est un peu dans le cas de figure où l’on a envie de retrouver des sensations que l’on a aimé avoir. Je peux le dire, ce que je vais raconter a fait ses preuves : on n’est pas dans le stand-up, on est à l’ancienne ! »

« Comique vintage ! »

« Je suis une comique vintage », ajoute même la comédienne en riant. « Il y a du nouveau, parce qu’il était hors de question que j’enchaîne des sketches anciens, bonjour et au revoir. » Muriel Robin s’accorde toutes les libertés : « Il y a du très, très drôle, mais il y a aussi des moments où l’on a le droit de dire les choses. On n’écrit pas de la même façon à 34 et à 64 ans. » L’Addition ou Le Noir nous parlent de nos petits ou grands travers : la radinerie, le racisme ordinaire. Sur ces points, la réalité a-t-elle changé ? « Le seul sketch que l’on n’écrirait peut-être pas aujourd’hui, Pierre Palmade et moimême, c’est Le Noir. En tout cas, on se questionne­rait, ce qui n’a absolument pas été le cas il y a trente ans. » Pour le reste, elle rappelle en souriant que ses sujets ne sont pas hautement polémiques : « Une coiffeuse dans son salon, quelle veste je vais mettre ce soir ou encore comment je monte un barbecue en kit, vous voyez, ça ne va pas gêner grand monde. »

« Une fille sympa »

Muriel Robin a dit n’avoir pris aucune joie, durant très longtemps, à jouer. « Je suis très rigoureuse, très travailleu­se. » Le principe, c’est qu’elle ne monte pas sur scène pour s’amuser, mais pour nous amuser. «Mamécaniqu­e, c’est une horlogerie. Tout est vraiment au millimètre - si on était dans la musique, ce serait au comma près. En voulant faire trop bien, je ne laissais aucune place au plaisir, ce n’était pas le propos. Le temps a passé. Aujourd’hui, c’est fini. Peut-être parce que mes parents ne me regardent plus… » Une forme de libération, finalement, après s’être interdit de se divertir en gagnant des sous, pendant que des gens crèvent de faim. Cette « machine infernale » étant cassée, « même s’il en reste toujours quelque chose », les retrouvail­les seront joyeuses. « Avec un temps de vie qui raccourcit, je me dis que si je ne m’amuse pas maintenant, je ne m’amuserai jamais. A un moment, je sais que je suis quelqu’un de sympa, que j’ai un bon fond, que je suis là pour tendre la main aux autres quand il le faut, et que je ne suis probableme­nt pas obligée, sur scène, de me punir. En fait, je crois que c’est moi qui me la donne, l’autorisati­on. » Muriel Robin est une grande fille, « il serait temps » ,et tout malentendu avec son coauteur de toujours s’est, depuis des lustres, évanoui. Le bilan est très clair : « Pierre, c’est mon petit frère. Celui que j’aurais rêvé d’avoir. Nous avons eu un petit break de quatre ans, ce qui me paraît inévitable dans une amitié passionnel­le. Il a évolué, moi aussi, nous nous sommes retrouvés, nous sommes liés comme jamais et il m’épate toujours autant dans ses moments de génie. »

« J’ai tout réglé »

On sent chez Muriel Robin une forme de sérénité assez inédite. Dans son autobiogra­phie, parue en 2018 chez Xo sous le titre Fragile, elle a évoqué son rapport au père, à l’alcool, au poids, à la dépression. Cet exercice l’auraitil aidée ? « Non, c’est parce que j’avais tout réglé que j’ai pu écrire ce livre. On m’a laissé entendre que ce pouvait être une façon d’en aider d’autres, cela a été mon moteur. » Après avoir « beaucoup travaillé » sur elle-même, prenant le temps de réfléchir « quand d’autres avançaient dans leur carrière », la comédienne s’est posée. L’amour, la Corse ont fait le reste. Un seul regret aujourd’hui : tourner trop peu à son goût, sans aucune propositio­n de cinéma. Zéro comédie à l’horizon. Pourquoi ? « Cette question, cela fait trente ans que je me la pose. » ■ Et Pof ! Mercredi jeudi et vendredi, à 20 h 30, au Théâtre Anthéa, à Antibes. Tarifs : de 35 à 67 euros. Rens. 04.83.76.13.00. ou www.anthea-antibes.fr

 ??  ?? Des retrouvail­les joyeuses, promet Muriel Robin qui veut désormais, sur scène, prendre aussi du plaisir. (Photo-archives J.-F. O.)
Des retrouvail­les joyeuses, promet Muriel Robin qui veut désormais, sur scène, prendre aussi du plaisir. (Photo-archives J.-F. O.)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco