Mais quelle est donc cette espèce urticante en baie de Cannes ?
Une nouvelle Caulerpa taxifolia ? Fort heureusement, on n’en est pas là. Mais une drôle de plante, ou une étrange bestiole, est apparue cet été en baie de Cannes. Qui interroge les amoureux de la mer. C’est l’employé d’une plage qui a donné l’alerte, alors qu’il nettoyait un ponton.
« J’ai tout à coup remarqué ça, enroulé tout autour d’un poteau métallique immergé, relate l’intéressé, qui préfère garder l’anonymat. J’ai d’abord pensé à une algue que je n’ai jamais vue avant, mais quand elle s’est décomposée dans ma main, ça a commencé à m’irriter un peu partout. J’ai ressenti des brûlures aux yeux, comme pour une allergie, et ça a duré deux ou trois heures. Par la suite, j’ai découvert que des baigneurs avaient eu les mêmes sensations en touchant l’espèce en question, alors je crains que ce ne soit une plante toxique ».
Toxic affair ?
Toxique ? Urticante, à tout le moins. Et proliférante, comme nous avons pu le constater en observant divers pontons de la Croisette. Interrogés, via des photos, des experts opteraient non pas pour un organisme végétal malgré les apparences, mais bien animal. On évoque ainsi une Pennaria disticha (ou hydraire des amarres), c’est-à-dire un embranchement d’animaux aquatiques (cnidaire) qui s’apparente à un polype (corail, anémone) quand il se fixe et davantage à une méduse quand il nage, voire les deux. Toujours est-il qu’il possède des cellules effectivement urticantes (cnidocytres) qui libèrent du venin au contact. Un hydroïde qui se nourrit de zooplanctions et aime à se fixer sur «des supports en zone dégagée pour profiter d’une eau claire ou renouvelée », peut-on lire sur un site scientifique, ce qui correspond au bord de mer cannois. « Sur un susbstrat dur, type corps-mort, cordages ou ponton, il peut former un gros bouquet de tiges », est-il ajouté, ce que l’on a constaté de visu. Ce type d’espèce se développerait dans les mers chaudes, Antilles, tropicales, mais aussi Méditerranée. Estce à dire que les fortes chaleurs estivales auraient facilité son apparition aquatique sur la Croisette ?
« En tout cas, quoi que ce soit, j’aimerais que l’on se penche sérieusement sur ce cas, parce que si c’est une espèce invasive, mieux donner l’alerte au plus tôt et stopper sa prolifération », conclut notre interlocuteur. On ne saurait qu’approuver...