Sa révolution Comment ça va se passer pour les étudiants ?
Pas de sélection ni d’augmentation des droits d’inscription. Ces décisions n’appartiennent pas à l’Université Côte d’Azur (UCA) mais à l’État. Et pour le moment, il ne compte pas revenir dessus. Bonne nouvelle pour les étudiants qui doivent tout de même se préparer à quelques changements. On fait le point.
■ Deux genres de formations
Les étudiants auront le choix entre la formation généraliste et la spécialisation. Un modèle déjà commencé en sciences pour l’année 2018-2019. Concrètement, ça veut dire que vous pouvez composer, selon vos envies et besoins, votre parcours. D’abord, à l’intérieur des portails de formation (droit, sciences, staps, sciences humaines et sociales, communication, etc...). Puis, plus largement. « À terme, les formations communiqueront entre elles, promet Jean-Marc Gambaudo. Dans dix ans, les étudiants pourront piocher dans les unités d’études. »
Par exemple, un scientifique pourra s’inscrire dans l’unité d’enseignement littérature comparée s’il le souhaite.
■ Un emploi du temps sur mesure La question de la faisabilité se pose. Comment s’organiser ? Le choix des modules sera-t-il limité ? Comment valser d’un campus à l’autre dans la même journée ?
L’UCA y a pensé. Elle a investi dans un logiciel qui facilite l’analyse des cours, comptabilise les différents modules et maximise les opportunités. « Le choix des modules est infini à partir du moment où il s’adapte à l’emploi du temps des étudiants », assure le président de l’UCA qui veut aussi développer la formation à distance.
■ Développer à distance
Inspiré par la formation digitale ouverte
la formation à tous, Mooc (Massive online open course), et la plus restreinte Spoc (Small private online course), le président espère développer les cours en lignes. Ces derniers seront retransmis sur un site dédié. Mais pour réussir ce pari, il faut des moyens. Et du matériel autre qu’un simple rétroprojecteur. L’UCA en est consciente. Elle étudie les investissements possibles et des solutions complémentaires, telles que les cours inversés. Ces formations permettent aux étudiants de travailler chez eux les cours. Et d’assister à des tutorats pour échanger avec leurs enseignants. Ce qui marquera la fin des cours magistraux.
■ Et les licences pro
L’UCA veut développer les licences pro. Travailler main dans la main avec des entreprises locales afin d’aider les étudiants à s’insérer sur le marché de l’emploi. Au niveau de la licence, soit pro, soit générale, avec l’introduction d’un module découverte des entreprises et professionnels. « Les entreprises ont besoin de bons niveaux bac +3 », pointe Jean-Marc Gambaudo. Ou au niveau master. « Le modèle idéal serait d’avoir un laboratoire commun, entre l’université et les entreprises, afin de travailler sur les projets tels que le développement de l’intelligence artificielle. »
■ Quid des lettres, arts et sciences humaines. Ont-ils un avenir ? Mais les lettres, arts et sciences humaines ne risquent-ils pas d’être le parent pauvre de cette réforme universitaire ? Le président secoue la tête. « Non, on est une université pluridisciplinaire et on espère le rester. Cette réforme est une chance pour les sciences humaines et sociales. On a besoin de leurs compétences dans l’entreprise, notamment dans tout ce qui touche au digital et à la connexion numérique. Mais aussi de compétences rédactionnelles. On élabore d’ailleurs une mention sciences et humanité pour créer une porte entre les sciences et SJS. Le projet sera déposé à la rentrée et ouvrira en 2020. »
■ Et les masters payants ?
Leurs frais d’inscription élevés avaient suscité la polémique. «Ce sont des formations d’établissements, non visées par l’État, totalement novatrice, parce que créées à la carte et enseignées en anglais. Tout cela a un coût », répond le président. Totalisant une centaine d’étudiants dont la moitié sont des étrangers qui payent pour avoir une formation très pointue et inédite, ces masters à 4 000 euros sont au nombre de 7. Pour l’instant. Car ils vont continuer. « Toutes les grandes universités en ont. C’est de l’ingénierie interne. » ■