Marine Le Pen en quête de marchepieds locaux
Hier à Fréjus, la présidente du RN a présenté les élections locales à venir comme des paliers vers le pouvoir suprême et a parlé d’écologie, d’identité, de déficit social et démocratique
La crédibilisation après la dédiabolisation. Marine Le Pen ne pourra prétendre décrocher la Lune, et crever son fameux plafond de verre, tant que son parti n’aura pas largement fait la preuve de sa capacité de gestion à des altitudes inférieures. La présidente du Rassemblement national en semble convaincue, elle qui s’est lancée, hier à Fréjus, dans la métaphore varappeuse. « Dans les dix-huit mois qui viennent, les municipales, puis les départementales et les régionales, sont trois rendez-vous qui peuvent bouleverser la donne politique. Elles doivent nous servir à accrocher des mousquetons supplémentaires sur la paroi qui nous mènera au sommet, l’Elysée. »
Pour amorcer cet effet domino, la députée souhaite évidemment ratisser le plus large possible. Bien au-delà de cette Droite populaire, incarnée par l’ancien ministre UMP Thierry Mariani, qui l’a rejointe avant les européennes. «Les ralliements, espère-t-elle, viendront de la droite, mais ils viendront aussi
APRÈS UN 1ER LOYER DE 2460 € HT(1) ENTRETIEN OFFERT (2) des souverainistes de gauche qui sont orphelins. Nous proposons un projet d’union nationale. Tous les Français, d’où qu’ils viennent, ont vocation à nous rejoindre. »
Une « écologie nationale »
Sur le fond, au terme de l’université d’été du RN, symboliquement organisée dans la plus grande de la dizaine de communes qu’il détient aujourd’hui, dirigée par David Rachline, Marine Le Pen a moins parlé d’immigration que d’ordinaire. Elle s’est focalisée sur le nouveau credo de son mouvement : le localisme. Non sans habileté ni cohérence, le Rassemblement national adapte son discours aux défis écologiques du moment, en les faisant rentrer dans son moule idéologique, pour se poser en défenseur plus légitime de l’environnement que les « mondialistes ».
« L’avenir n’est plus au global mais au local. Partout, les identités renaissent. Nous voulons vivre en France comme chez nous, parce que nous sommes chez nous. Les
AIDE AU STATIONNEMENT ARRIÈRE périls sont parfois extérieurs, mais les solutions sont toujours chez nous. Incarner l’opposition, cela ne signifie pas seulement critiquer, mais proposer un contre-projet, qui soit national », souligne Marine Le Pen. Qui propose donc «une politique d’aménagement des territoires Consommation mixte (en l/100 km) : 4,1. Émissions de CO2 (en g/km) : 106. pour les rééquilibrer et déconcentrer l’activité. Où est la qualité de vie quand on passe quatre heures par jour dans les transports ? La relocalisation, produire et consommer sur place, est le premier principe de la société écologique que nous voulons. Il faut démétropoliser. » Charge à l’Etat de mettre en oeuvre les infrastructures nécessaires. Dans cette volonté de promouvoir « le localisme, pierre angulaire de notre projet pour un socle durable qui pose des limites », la présidente du RN descend très bas, jusque dans les quartiers qu’elle aimerait voir devenir de véritables centres de décision au sein des communes.
Réponses sociales et démocratiques
Parmi les solutions qu’elle a voulu mettre sur la table, Marine Le Pen a par ailleurs insisté sur la nécessité d’apporter « une réponse politique aux déchirures sociales ». Cela, a-t-elle suggéré, en entamant une décrue fiscale en faveur des classes modestes, des retraités et des petites entreprises ; en allégeant les prix des dépenses contraintes (eau, gaz, électricité, produits de première nécessité) ; en stoppant la privatisation des barrages, d’ADP et en engageant la renationalisation des autoroutes ; en créant un mécanisme qui associe les salariés à la distribution des dividendes. Sur le plan institutionnel, elle a plaidé pour l’instauration d’un septennat non renouvelable et une vraie réforme législative, qui ne se limite pas à l’introduction de 20 % de proportionnelle.
« Rendez-vous compte… Nous allons avoir un débat sur l’immigration à l’Assemblée, mais le RN aura zéro minute de temps de parole [faute d’un nombre suffisant de députés pour avoir pu constituer un groupe, Ndlr]. Macron doit se rendre compte que la démocratie ne peut fonctionner comme ça. C’est cela qui pousse les gens dans la rue. »