Le navire SS Delphine : la vapeur au fil de l’eau
Monument historique, le bateau est l’un des derniers yachts à vapeur en service. Commercialisé par une société monégasque, il décline un art de vivre vieux d’un siècle
On le remarque régulièrement, avec sa grosse cheminée jaune, amarré sur un quai du port Hercule. Le SS Delphine est un monument historique flottant. Géré par la société monégasque Cobrera Yacht Consulting, qui vient de participer à la Classic Week organisé par le Yacht-club de Monaco, il est l’un des derniers yachts à vapeur encore en service et de surcroît disponible à la location.
Certes, il faut y mettre les moyens – 80 000 € la journée, 400 000 € la semaine, hors frais. C’est le prix de la machine à remonter le temps qui permet de s’imaginer presque un siècle en arrière.
Un pan d’Histoire
Le SS Delphine, à lui seul, semble récapituler toute l’histoire du XXe siècle. Dans le salon Churchill où sont accueillis les visiteurs, il est expliqué que Winston Churchill et le président Franklin Roosevelt ont, à bord, préparé la conférence de Yalta avec Staline en 1945…
À la saison estivale, pour laquelle les dates sont réservées longtemps en avance, le navire décline un art de vivre le yachting en Méditerranée. Le mécanisme à vapeur est singulièrement silencieux et seulement vingt-six personnes peuvent être à bord en croisière – auxquelles s’ajoutent autant de membres d’équipage. En navigation proche, la capacité monte jusqu’à 160 personnes. Loué toute l’année, le bateau est généralement entretenu en hiver. « Il demande énormément d’entretien. Avec un tel bateau, c’est la passion qui s’exprime », souligne Lionel Lebugle, à la tête de Cobrera Yacht Consulting. L’entreprise monégasque, créée en 2011 et installée sur le quai J.-F.Kennedy, gère et commercialise le SS Delphine, propriété de Vintage Cruises LDA, société située à Madère, au Portugal.
Pas un business
L’objectif de l’armateur autant que de Lionel Lebugle est de retrouver l’esprit d’époque du navire. L’équipage est spécifique et pratique une navigation à l’ancienne. Toutes les restaurations sont pensées pour respecter l’esprit d’époque, même s’il faut parfois jouer des trompe-l’oeil pour imiter le bois, par exemple dans les espaces intérieurs, ce qui est dorénavant interdit pour des raisons de sécurité. « Ce bateau, ce n’est certainement pas un business. Il a une âme et nous en sommes les dépositaires », souligne Lionel Lebugle.