Un « essai clinique sauvage » sur des malades de Parkinson et Alzheimer
Des molécules aux effets inconnus, testées sur au moins 350 malades de Parkinson ou Alzheimer, dans une abbaye près de Poitiers, et en dehors de tout cadre légal : un « essai clinique sauvage » a été interdit jeudi par l’Agence du médicament (ANSM).
Cet essai « illégal » était mené par une structure baptisée Fonds Josefa, dont le vice-président est le Pr Henri Joyeux, contesté par la communauté médicale notamment à cause de ses positions anti-vaccins. Outre l’interdiction, qui relève d’une décision de police sanitaire, l’ANSM a saisi la justice. Découvrir un tel « essai clinique sauvage » est « très rare, a fortiori quand il est de cette ampleur », explique Bernard Celli, directeur de l’inspection à l’ANSM, qui estime qu’il s’agit « d’une atteinte grave au code de la santé publique et au code pénal ». « On est aux confins du charlatanisme », déclare-t-il, en jugeant que « la confiance de ces patients a été abusée ».
« Il y aura des sanctions »
« Je suis effondrée, horrifiée. Il y aura des sanctions et des poursuites », a réagi de son côté sur France Inter la ministre de la Santé Agnès Buzyn, dénonçant «une faute lourde ».
Le Pr Joyeux assure, lui, que « ça n’a rien à voir avec un essai clinique » ,enrefusant d’en dire davantage. L’expérimentation consistait à appliquer aux patients des patchs contenant deux molécules, appelées valentonine et 6-méthoxy-harmalan, dans l’espoir de traiter plusieurs maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer, troubles du sommeil…).
Selon l’ANSM, ces molécules sont proches de la mélatonine, hormone fréquemment utilisée pour mieux dormir mais déconseillée à certaines populations en raison d’effets secondaires. Sur le site web du Fonds Josefa, son fondateur, le professeur Jean-Bernard Fourtillan, revendique la découverte de la valentonine, supposée « protéger notre organisme et assurer la régulation des vies psychique et végétative ». «Laqualité, les effets et la tolérance de ces substances ne sont pas connus » et « un risque pour la santé des participants ne peut être exclu », réplique l’ANSM.