Monaco-Matin

ANIMALISTE­S : QUI SONT-ILS VRAIMENT ?

Ces militants usent de vidéos-chocs et, pour les plus radicaux, d’actions spectacula­ires voire illégales. Mais derrière certaines outrances, se dessine un nouveau rapport à la condition animale.

- Dossier : CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr ET PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Vous ne regarderez plus un steak de la même façon. D’ailleurs, vous n’en mangerez peut-être plus du tout ! Telle est la conclusion implicite, quand arrive le générique de fin d’une vidéo signée L214. À force de coups d’éclats médiatique­s, d’images glaçantes d’animaux malmenés ou agonisants, cette associatio­n a pris l’habitude de marquer les esprits. Et de faire ainsi réfléchir le consommate­ur sur son rapport aux autres mammifères. Avec, en filigrane, cette autre question : jusqu’où peut-on aller pour dénoncer la souffrance animale ?

« Il y a, globalemen­t, une montée de l’attention portée à la condition des animaux, quels qu’ils soient. Les Français y sont de plus en plus sensibles », constate le député des AlpesMarit­imes (LREM) Loïc Dombreval. Le petit Parti animaliste, fort de 2 % aux dernières européenne­s, ne saurait le contredire. Dans l’hémicycle du Palais Bourbon, Loïc Dombreval est le seul vétérinair­e de formation. Il y préside le groupe d’études sur la condition animale, qui regroupe une cinquantai­ne de parlementa­ires de toutes sensibilit­és. Signe que cette cause dépasse les traditionn­els clivages entre bipèdes.

« Des images terribles »

L’enjeu ? Accorder davantage de considérat­ion aux animaux. Plus seulement les animaux de compagnie. Mais aussi les animaux de production, destinés à finir dans notre assiette. Chez les députés comme les internaute­s, la prise de conscience est là. Et L214 n’est pas seule à mener ce combat. On connaissai­t aussi la Fondation 30 millions d’amis ou, bien sûr, la Fondation Brigitte Bardot. On découvre au fil des actualités de nouvelles associatio­ns, telles que 269 Life ou Boucherie Abolition. « Des mouvements animaliste­s qui ont des approches radicales, très spectacula­ires, avec des images terribles de plus en plus relayées par les médias traditionn­els », observe Loïc Dombreval.

Le débat tué dans l’oeuf

Ce vendredi, c’est Boucherie Abolition qui a eu droit à son coup de projecteur. Quatorze militants, dont un Niçois, comparaiss­aient devant le tribunal d’Evreux pour avoir « libéré » des dindes par centaines dans des fermes normandes. L’accusation a requis jusqu’à 6 mois de prison ferme. Les militants, droits dans leurs bottes, ont voulu faire le « procès de l’élevage », qu’ils assimilent à la dictature nazie. Exaltés ? Sectaires ? Outrancier­s ? « Nous ne sommes pas des fous, nous sommes des lanceurs d’alerte », corrigent-ils. « Libération » anarchique d’animaux, vandalisme de boucheries... Ces méthodes radicales, prônées par une minorité, brouillent le message du mouvement animaliste. Au risque de tuer le débat dans l’oeuf. Résultat : certains acteurs de la filière viande ont refusé de s’exprimer dans ce dossier, par peur de représaill­es. Dans un autre registre, Marineland a récemment déposé plainte contre X pour des menaces de mort contre son directeur, et une autre plainte pour des dégradatio­ns de biens subies pendant l’été. Le delphinari­um antibois avait, déjà, retiré les logos des voitures de service pour assurer la protection de ses employés.

L’alimentati­on, sujet tabou

L’extrémisme d’une minorité ne doit pas occulter la question de fond : quelle place pour les animaux dans notre société ? Pour les antispécis­tes, la question est tranchée, si l’on peu dire : aucune espèce ne peut en asservir une autre. Signe des temps : ces adeptes du végétalism­e ou du véganisme se sont réunis, hier, au premier festival antispécis­te de Saint-Cézaire, dans la région de Grasse (lire en pages 4 et 5).

Comme bien d’autres, Christabel Claudin, référente de L214 pour le bassin cannois, milite pour l’abolition de l’élevage. Donc des abattoirs. Un combat de longue haleine, elle le sait. « Tout changement demande de gros efforts pour sortir de sa zone de confort. Il est difficile de toucher à l’alimentati­on. Mais on ne peut pas parler de choix personnel, quand ce choix implique la mort d’un individu. »

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