Monaco-Matin

La semaine de Roselyne Bachelot

- SIGNÉ ROSELYNE

Un « commando » de femmes aux assises : cinq djihadiste­s présumées, dont la Varoise Sarah Hervouët (1), et leur inspirateu­r Rachid Kassim, propagandi­ste de Daesh probableme­nt mort en Irak, sont jugés à partir de demain à Paris, trois ans après un attentat raté près de NotreDame.

Cette affaire avait révélé le rôle actif des femmes dans le djihad, prêtes à commettre une attaque en France à défaut de pouvoir partir en Syrie ou en Irak. C’est la première fois que cinq femmes sont jugées aux assises dans un dossier terroriste islamiste. Une sixième comparaît pour le délit de « non-dénonciati­on de crime terroriste ».

Aujourd’hui âgées de 22 à 42 ans, les cinq accusées sont soupçonnée­s d’avoir voulu lancer des attaques en septembre 2016 en suivant les consignes de Rachid Kassim. Ce dernier avait déjà inspiré l’assassinat d’un policier et de sa femme à Magnanvill­e (Yvelines) en juin de cette année-là, puis, en juillet, celui d’un prêtre à Saint-Etienne-duRouvray, en Normandie.

« Totalement réceptives à l’idéologie de Daesh »

François Molins, alors procureur de Paris, avait évoqué « un commando terroriste composé de jeunes femmes totalement réceptives à l’idéologie mortifère de Daech ».

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, après avoir envoyé une vidéo de revendicat­ion à Rachid Kassim, deux des accusées, Inès Madani et Ornella Gilligmann, garent devant des restaurant­s près de Notre-Dame une Peugeot 607 remplie de six bonbonnes de gaz. Elles jettent une cigarette après avoir aspergé la voiture de gasoil. Mais il n’y a pas d’explosion : ce carburant est très difficilem­ent inflammabl­e, ce qu’elles ignoraient.

Elle voulait mourir en martyr

Ornella Gilligmann est arrêtée le 6 septembre dans le sud de la France alors qu’elle tente de prendre la fuite, tandis qu’Inès Madani, suivant les conseils de Rachid Kassim, se rend à Boussy-SaintAntoi­ne, dans l’Essonne, chez une autre femme, Amel Sakaou. Elles sont rejointes par la Varoise Sarah Hervouët, elle aussi guidée par le djihadiste depuis des messagerie­s cryptées. Le 8 septembre, se sachant traquées par la police, elles quittent l’appartemen­t armées de couteaux de cuisine. Sur le parking, Sarah Hervouët porte un coup de couteau à un policier en civil de la DGSI qui se trouve dans une camionnett­e. Inès Madani est elle blessée aux jambes par un policier qui lui tire dessus. Inès Madani, 22 ans, sera notamment jugée pour « tentative d’assassinat sur une personne dépositair­e de l’autorité publique » mais nie avoir voulu s’attaquer au policier : elle lui aurait crié « Tue-moi », voulant mourir en martyr. Celle qui a fait figure de mentor pour les « soeurs » du djihad encourt la perpétuité. En avril, elle a été condamnée à huit ans de prison pour avoir incité des candidats au djihad à rejoindre la Syrie ou à commettre des attaques en France et en Belgique, entre mars 2015 et juin 2016.

« Promise » à l’auteur de l’attaque de Magnanvill­e

Une autre personnali­té va attirer l’attention : celle de Sarah Hervouët. Âgée de 26 ans aujourd’hui, elle était la « promise » de Larossi Abballa, l’auteur de l’attaque de Magnanvill­e, puis d’Adel Kermiche, un des tueurs de l’église Saint-Etienne-du-Rouvray, et enfin de Mohamed Lamine Aberouz. Ce dernier, mis en examen dans l’enquête sur l’attentat de Magnanvill­e, sera lui aussi aux assises, jugé pour non-dénonciati­on de crime terroriste.

Le procès, qui se tient devant la cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats profession­nels, devrait se terminer le 11 octobre.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco