Monaco-Matin

« C’est devenu un objet politique »

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Le député des AlpesMarit­imes (LREM) Loïc Dombreval, vétérinair­e de profession, a été administra­teur national de la SPA. Il préside le groupe d’études sur la condition animale à l’Assemblée nationale.

Constatez-vous cette montée en puissance du mouvement animaliste ?

C’est une réalité. Il y a une montée de l’attention portée à la condition des animaux, quels qu’ils soient, du dauphin au chaton en passant par le loup ou le cochon. Tous les sondages le disent.

Quel regard portez-vous sur les intrusions dans les fermes et abattoirs ?

Ces méthodes consistent à rentrer par effraction dans les propriétés privées, à capter des images, puis à donner au public des images choisies. On peut considérer qu’il y a là une forme de manipulati­on. En même temps, ces images et ces scènes existent ! En ce sens, elles ne sont pas tolérables. Si les méthodes sont en contradict­ion avec la loi, ce qui est filmé l’est aussi.

Tout cela a permis de créer une petite lueur dans l’esprit du public.

Vit-on une mutation profonde de notre rapport aux animaux ?

J’ai beaucoup de mal avec l’injustice et avec la maltraitan­ce envers les plus faibles. On a réussi à sortir de l’esclavage. On tente d’améliorer la condition des femmes, des enfants. L’étape suivante, c’est de faire la même chose avec ces êtres non humains.

Demain, devrons-nous renoncer à consommer de la viande ?

Je mange de la viande – moins qu’avant, comme beaucoup de Français... Mais c’est mon problème. Je ne suis pas du tout antispécis­te. Je considère qu’il y a une hiérarchie dans les espèces. On ne va pas demander à un jaguar de devenir végétarien ! Il faut trouver des équilibres entre l’éleveur et l’animaliste, entre ceux qui se moquent bien du bien-être animal et ceux qui en ont fait une religion.

Les actions violentes de certains inquiètent­elles au sommet de l’État ?

Le bien-être de l’animal ne pourra pas se faire au détriment de l’Homme. Cette forme de violence inquiète – et à juste titre. La condition animale est devenue un objet politique. Il faut vraiment avancer. Il faut généralise­r l’expériment­ation des caméras dans les abattoirs, faire une grande loi sur l’abandon... L’humain doit le respect à l’animal, même si à la fin, on le mange. Un discours que les antispécis­tes ne peuvent pas entendre.

« Une société se juge à l’état de ses prisons », disait Camus. Demain, elle se jugera à la place accordée aux animaux ?

Notre société se juge à l’attention que l’on porte aux plus faibles. Ce n’est pas un effet de mode mais bien une lame de fond. Quand on parle du bien-être de l’animal, on parle aussi du bien-être de l’Homme ! L’élevage traditionn­el en France a de beaux jours devant lui, on continuera à manger de la bonne viande, de bons oeufs... Mais je ne suis pas sûr que l’élevage intensif puisse survivre. Je pense qu’il va y avoir une transition douce.

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