Monaco-Matin

Les douleurs neuropathi­ques Catherine, niçoise : « J’avais tout essayé »

- NANCY CATTAN

Des réunions de famille qui s’espacent, des sorties de plus en plus rares, une vie assujettie à des douleurs qui ne laissent plus de répit… Catherine a 47 ans lorsqu’elle commence à être en proie à des douleurs dorsales sévères. Très active, cette commerçant­e cannoise consulte aussitôt son médecin ; à l’issue de nombreux examens, la décision de l’opérer est prise. « J’ai subi deux interventi­ons de hernie discale en deux mois ; une troisième m’a été proposée peu de temps après, mais j’ai refusé. » Ses douleurs sont toujours présentes, elle tente de les juguler en absorbant quantité de médicament­s. « Mais, en 2011, je me suis retrouvée dans l’incapacité même de bouger. Le centre antidouleu­r où j’étais suivie m’a dit qu’il n’y avait plus rien à faire, que le recours à un fauteuil roulant devait être envisagé. » Catherine ne baisse pas les bras ; accompagné­e de son mari – qui n’a cessé de l’accompagne­r pendant ces longues années de lutte contre la douleur –, elle se rend à Marseille pour bénéficier d’une nouvelle interventi­on. « Le chirurgien a réalisé deux arthrodèse­s [opérations consistant à fusionner des vertèbres douloureus­es afin d’éliminer les mouvements entre elles, Ndlr]. Mes douleurs dorsales se sont atténuées. Mais j’avais toujours très mal à une jambe. On m’a expliqué que le nerf, pincé pendant très longtemps, étant définitive­ment lésé, qu’il n’y avait pas d’issue. »

« On est facilement la proie de charlatans » Les douleurs persistant­es vont avoir raison de sa raison. Catherine nous confie qu’elle va alors tout essayer, jusqu’à consulter des sorciers. « On est facilement la proie de charlatans qui vous promettent la guérison à coups de breuvages et autres. J’ai parcouru la France entière et bien au-delà, à la recherche de solutions. » Et puis, un jour, elle se rend à l’IM2S pour des infiltrati­ons sous anesthésie. Puis une série de six séances de mésothérap­ie. Là encore, c’est un échec. Les douleurs ne faiblissen­t pas. « Sous morphine depuis 4 ans – je suis devenue totalement dépendante, avec tous les effets secondaire­s que l’on connaît – épuisée, je me suis laissée convaincre par des médecins de l’IM2S de rencontrer le Dr Fransen (lire en page précédente). Il m’a expliqué l’interventi­on, puis m’a invitée à réfléchir. Ce que j’ai fait pendant quelques mois : ce n’est pas l’interventi­on qui m’effrayait – j’en avais déjà subi plus d’une dizaine au total –, mais plutôt le fait d’avoir un corps étranger dans mon corps. Et puis, je me disais aussi : n’est ce pas mieux de garder la morphine ? »

Au fond d’elle-même, Catherine sait pourtant qu’elle est devenue un véritable zombie. « J’oubliais de plus en plus de choses, j’avais du mal à m’exprimer, mon regard était vide… » Alors, elle va se décider, « tout à fait consciente et informée que l’interventi­on ne supprimera pas 100 % de [ces] douleurs ».

« Une améliorati­on très rapide »

Avant d’être déclarée apte à être opérée, elle consultera plusieurs spécialist­es : psychiatre, médecin de la douleur… chargés d’évaluer son aptitude à supporter le dispositif qui va lui être implanté. Ils donneront leur accord. Le 15 juillet 2019, au matin, Catherine se rend à l’IM2S. Elle sera opérée le jour même, en ambulatoir­e. « Ce jour-là a eu lieu la pose interne du stimulateu­r, avec une batterie externe. Très rapidement, j’ai ressenti une améliorati­on de mes symptômes. Ça faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas sentie ainsi soulagée ! Une semaine plus tard, je suis retournée à l’IM2S, pour l’implantati­on définitive de la pile, toujours en ambulatoir­e. » Cela fait seulement deux mois que Catherine a été implantée. Et c’est la voix chargée d’émotion qu’elle nous confie : « J’ai baissé mes patches de morphine et pratiqueme­nt arrêté les médicament­s. » Sa télécomman­de ? Elle la manipule déjà avec une vraie habileté. « J’ai la télécomman­de de la télévision dans une main, celle de mon générateur dans l’autre. Généraleme­nt, je ne me trompe pas », sourit-elle. Un sourire que la douleur chronique avait chassé de son visage.

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Pendant ses longues années de cohabitati­on avec la douleur, Catherine a toujours pu compter sur le soutien de son mari, Dominique. Il pose aujourd’hui un regard heureux sur ce beau sourire qui avait déserté le visage de son épouse. (DR)

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