Prévention
On recense 150 000 phlébites par an en France et 30 000 à 50 000 embolies pulmonaires. Le traitement se base sur la prise d’anticoagulants et le port d’une compression
La maladie thromboembolique veineuse désigne deux pathologies graves : la phlébite (dite thrombose veineuse profonde TVP) et l’embolie pulmonaire, toutes deux associées à la présence d’un caillot de sang qui interrompt la circulation sanguine. Dans le second cas, c’est l’artère pulmonaire qui est bloquée empêchant le bon fonctionnement du poumon. Jusqu’à provoquer la mort parfois. Or, des décès pourraient être évités si la maladie thromboembolique était repérée et prise en charge suffisamment tôt.
« L’embolie pulmonaire est une urgence médicale absolue : le pronostic vital à court terme est engagé. On recense 10 000 à 20 000 décès par an en France, souligne le Dr Olivier Creusot, médecin vasculaire. Or l’embolie pulmonaire est évitable en ce sens qu’elle succède à la phlébite. Encore faut-il que cette dernière soit identifiée à temps. Par ailleurs, le pronostic fonctionnel à moyen et long terme de la phlébite peut également être mauvais avec de graves soucis d’ordre trophiques allant jusqu’aux ulcères de jambes. » Le médecin insiste : le dépistage est primordial. Le contexte peut expliquer la survenue d’une phlébite. Il en va ainsi pour l’alitement : le fait de ne plus mobiliser ses membres inférieurs, ou même simplement de ne plus poser un pied (par exemple en marchant avec des béquilles à cause d’un plâtre) peut générer un caillot. Quelques jours suffisent : une personne âgée alitée chez elle ou à l’hôpital pour une grippe peut ainsi développer une thrombose veineuse profonde. Dans ce type de cas de figure, les médecins anticipent en prescrivant un anticoagulant (correspondant à 1/3 de la dose du traitement curatif). Autres moyens de prévenir : porter une compression (bas ou chaussettes), éviter les vêtements ou chaussures qui serrent, boire de l’eau (pour fluidifier le sang), marcher.
Douleur et grosse jambe
La phlébite peut être repérée grâce à des signes cliniques particuliers : une douleur dans la jambe et/ou un gonflement spontané (2 cm de différence entre les deux jambes doivent alerter). « Autre signe : l’absence de ballottement du mollet : si, lorsque la jambe est à l’horizontale, le mollet ne bouge pas, alors c’est potentiellement une phlébite », indique le médecin. Si on remarque l’un ou l’autre de ces éléments, il faut impérativement consulter un médecin vasculaire. « Ne surtout pas se dire qu’on a le temps et que l’on verra la semaine prochaine. Le caillot peut migrer rapidement vers le poumon ! »
Lorsqu’il s’agit d’une embolie pulmonaire, les signes typiques sont l’essoufflement au repos, l’angoisse, les palpitations. Bon à savoir : dans cette situation, il n’est pas absolument nécessaire
thrombo-embolique (phlébite profonde et/ou superficielle, compliquée ou non d’embolie pulmonaire) impose de rechercher une cause telle qu’une thrombophilie ou un cancer occulte, surtout en l’absence de facteur déclenchant [tel qu’une varice, Ndlr] ».
d’aller chez son médecin traitant d’abord, cela fait partie des exceptions au parcours de soins coordonnés. De ce fait, la Sécurité Sociale remboursera l’examen sans majoration du ticket modérateur. Il est important de voir un spécialiste car ce dernier pourra, le cas échéant, mettre en route le traitement immédiatement.
Traitement par anticoagulants
Pour le diagnostic de phlébite, un écho doppler va permettre d’identifier le caillot. En cas de suspicion d’embolie pulmonaire, le médecin prescrira un angioscanner (ou une scintigraphie en cas d’allergie) ainsi qu’un bilan cardiologique incluant une échographie cardiaque.
« En présence d’une maladie thromboembolique veineuse (quelle qu’elle soit), il faut traiter immédiatement par anticoagulants, souligne le Dr Creusot. On
peut en délivrer par voie injectable sur-le-champ puis poursuivre le traitement avec des anticoagulants oraux directs. Le sang étant fluidifié, le risque d’hémorragie est accru. On prévient donc le patient qu’il doit éviter les activités à risque traumatique et que s’il présente du sang dans la bouche, dans les selles ou dans les urines, il doit immédiatement consulter son médecin traitant.
Le second volet de la prise en charge consiste dans le port impératif, du lever au coucher, d’une compression par bas, chaussettes, collant ou bandes. Le traitement va durer entre 3 et 6 mois selon l’évolution constatée, c’est-à-dire jusqu’à disparition totale du caillot. »
Et pour ceux qui se posent la question, le traitement par aspirine n’a aucune efficacité prouvée, ni à titre préventif, ni à tire curatif.