Gilets jaunes, verts, rouges et « black blocs »
Du grand n’importe quoi. Bien malin qui peut comprendre aujourd’hui, en analysant les évènements de ce dernier samedi, qui veut quoi et qui fait quoi dans les multiples manifestations de toute nature qui ont une fois de plus empoisonné Paris et les grandes villes françaises. Les « gilets jaunes » avaient appelé, à grand renfort de messages sur les réseaux sociaux, àune « journée historique » sur les Champs-Élysées. Certes, quelques-uns d’entre eux se sont retrouvés sur la grande avenue de la capitale, mais bien moins nombreux que prévu, et pas en mesure, en attendant, de constituer un cortège impressionnant. Ils ont été dispersés dès les premiers instants par des forces de police mobilisées, elles, en grand nombre. Ayant ainsi échoué dans la manifestation monstre qui devait marquer la rentrée politique, les « gilets jaunes présents » ont choisi de rejoindre les militants écologistes, en plus grand nombre – quoique moins nombreux qu’à Londres ou à Berlin au même moment – qui défilaient dans Paris pour reprocher au président de la République de ne pas en faire assez dans la lutte sur le
changement climatique. Savoureux lorsqu’on se rappelle que les premiers mouvements importants des « gilets jaunes » ont vu le jour contre la taxe carbone, précisément proposée pour combattre les effets des émanations de dioxyde de carbone sur le réchauffement du climat. Qu’à cela ne tienne : oubliant leur hostilité d’hier à la taxe, quelques « gilets jaunes » ont immédiatement revêtu leurs gilets verts pour suivre les militants écologistes dans leurs revendications sur la sauvegarde de la nature, qu’ils joignent dans un raccourci rapide à leur propre lutte contre le « système » en général. Pour faire bonne mesure, certains autres
« gilets jaunes » ont choisi de participer à la manifestation contre la réforme des retraites, organisée ce même jour par FO. Là non plus, ce n’était pas la foule des grands jours : les syndicalistes du cortège n’ont pas révolutionné Paris. Mais toute cette agitation a laissé, comme prévu malheureusement, aux « black blocs » à l’affût les quelques occasions qu’ils attendaient pour affronter les « flics ». Bref, mouvements inorganisés et rassemblements plus traditionnels ont cohabité hier – sans toutefois parvenir se fondre les uns dans les autres. Les manifestations sont restées parallèles, sans parvenir à la fameuse « convergence des luttes ». Qui cherche quoi et comment, qui veut quoi et par quels moyens ? À l’issue de ce dernier samedi, bien malin aujourd’hui celui qui, dans la rue ou au gouvernement, pourrait le dire.
« Les “gilets jaunes” ont rejoint les militants écologistes. Savoureux lorsqu’on se rappelle que la taxe carbone a largement contribué à la naissance du mouvement. »