Monaco-Matin

Réchauffem­ent climatique :non ce n’est pas trop tard !

● Le dernier rapport du Groupement internatio­nal d’experts sur le climat dresse un état des lieux alarmant

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Ils se défendent d’être alarmistes, mais ils sont définitive­ment alarmants. A peine deux jours après que Greta Thunberg a plaidé, à la tribune de l’ONU, la cause d’une jeunesse avide d’un avenir pas trop assombri par un climat un peu trop déglingué, les scientifiq­ues du Groupement internatio­nal d’experts sur le climat, le GIEC, ont rendu hier à Monaco un rapport inédit.

Dans la grande salle du Musée océanograp­hique, qui abrite également l’institut océanograp­hique dont l’une des membres du conseil d’administra­tion, Valérie Masson-Delmotte, est également membre du GIEC, s’est tenue hier une conférence de presse révélant ce rapport intitulé « Les océans et la cryosphère dans un climat changeant ». Un calendrier qui coïncide, non sans ironie, avec la tenue du Monaco Yacht Show et la présence de très nombreuses embarcatio­ns gourmandes en carburant (mais qui se soignent, d’après les communiqué­s vertueux envoyés par les constructe­urs alors que se tenait la conférence de presse).

Le prince Albert II et la presse internatio­nale étaient présents pour découvrir la présentati­on de ce document de 900 pages, écrit par 104 auteurs, de 36 pays différents, sur la base de 6 981 études différente­s. Et sur lequel 195 pays sont tombés d’accord. Excusez du peu.

Pas tout à fait trop tard

« C’est le premier rapport aussi exhaustif sur le sujet » assure Valérie Masson-Delmotte. Et ce qu’on y apprend n’est pas vraiment de nature à rassurer : il est déjà trop tard pour revenir totalement en arrière. Mais pas pour limiter la casse. Du moins pas encore. Les faits sont exposés dans toute leur froide réalité : les océans qui ont grimpé de 15 cm au XXe siècle, les glissement­s de terrain, les avalanches, les inondation­s de plus en plus nombreuses. Un constat dur mais nécessaire.

« Du point de vue de la science, il n’y a plus aucun doute sur la réalité du changement climatique, ni sur ses conséquenc­es » plaque, pour ceux qui en doutaient, Hans Otto Pörtner, l’un des membres du GIEC, également professeur et directeur du départemen­t d’écophysiol­ogie intégrativ­e à l’institut Alfred Wegener de recherche polaire et marine, en Allemagne.

Et si l’humanité continue sur la même lancée, les catastroph­es annoncées feront passer les plaies d’Égypte pour une thalasso : les petits glaciers vont perdre plus de 80 % de leur masse de glace d’ici 2100, provoquant des glissement­s de terrain et des éboulement­s ; 70 % du permafrost fondra en libérant tout le carbone qui y est emprisonné (sans parler des bactéries et virus), le niveau de la mer grimpera de 1,10 m d’ici 2100 impactant plus d’un milliard de personnes. Il suffirait de presque rien, peut-être deux degrés de moins, pour limiter sérieuseme­nt les dégâts. « Le rapport montre tous les leviers d’action qu’on peut avoir pour renforcer notre résilience et protéger les écosystème­s devant ces changement­s inévitable­s, et surtout que l’échelle des conséquenc­es dépend des émissions de gaz à effet de serre à venir » confie Valérie Masson-Delmotte. Ségolène Royal, présente au titre d’ambassadri­ce des pôles a commenté « Les choses bougent déjà, mais il faut maintenant changer d’échelle. Il faut changer nos modes de vie. Et il faut un poids politique, un courage politique pour imposer un nouveau modèle. »

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