● Pour limiter la casse, des solutions existent. Ça se joue aussi à l’échelle locale : se déplacer en transport en commun, à vélo, développer l’énergie solaire, préserver les forêts...
« Pour limiter le réchauffement climatique, il faut s’attaquer à la racine du problème : les émissions de gaz à effet de serre produites par les activités humaines, » pointent Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche CNRS, Sorbonne Université, auteur du GIEC et Antoine Nicault, coordinateur du GREC-SUD (Groupe régional d’experts sur le climat).
Ils mettent en avant des solutions à promouvoir dans les domaines des déplacements, de l’énergie, mais aussi de la gestion des forêts. « Et 70 % des mesures peuvent être prises à l’échelle locale, » note Antoine Nicault. « Il faut encourager l’implication des citoyens. Cette mobilisation permettra de titiller les décideurs pour qu’ils avancent plus vite. »
❏ Développer les énergies renouvelables
« Dans la région, nous pourrions produire de l’énergie solaire partout », estime JeanPierre Gattuso.
Avec une moyenne de 300 jours d’ensoleillement par an, le potentiel est énorme. Mais largement sous-exploité.
D’après Enedis, 680 foyers ont posé des panneaux solaires en 2018 dans les AlpesMaritimes et le Var. « L’énergie produite par les panneaux photovoltaïques installés sur le territoire de la métropole Nice Côte d’Azur ne couvre que… 0,6 % des besoins en électricité, » notent Airy Chrétien et Thierry Bitouzé, co-fondateurs du collectif citoyen 06. Un « lobby » pour le climat. Pour identifier le potentiel de production photovoltaïque de la toiture des principales entreprises du département, et de leurs parkings, La CCI a développé un outil appelé CartoPV.
« Si toutes étaient couvertes, la production serait de 200 Mégawatts », nous avait expliqué en 2017 Xavier Carlioz, chargé de projet filière énergie à la CCI.
Dans ce contexte, l’Allianz Riviera à Nice apparaît comme le « champion » du solaire : il produit grâce à sa « ferme photovoltaïque en toiture » 1,5 million de kwh par an, l’équivalent des besoins d’une ville de 6 000 habitants. Une production réinjectée dans le réseau EDF.
« Depuis 6 ans, ça a permis d’éviter plus de 3 millions de tonnes de CO2 », pointe Patrick Florence, directeur général de l’Allianz Riviera.
❏ Des outils à la disposition des habitants
Mais le photovoltaïque peine à décoller. Alors, il y a cinq ans, pour tenter de doper cette énergie « verte », Philippe Blanc, chercheur au sein du laboratoire de l’école des Mines Paris Tech a conçu un « atlas solaire » de la région.
« Avec des cartes à 200 mètres de résolution, l’Atlas se veut un outil pour faciliter le développement de projets de centrale ».
Depuis, le scientifique a collaboré, par la mise au point d’algorithmes, au cadastre solaire développé par la start-up « In Sun We Trust ». Le principe : permettre aux particuliers de calculer ce que leur rapportera un panneau sur leur maison. Il suffit de rentrer son adresse, la surface de pose et l’inclinaison du toit. Le site internet (1) se charge ensuite de vous donner les coûts d’installation, de raccordement d’ERDF et les revenus engendrés sur 20 ans. Ce simulateur est notamment disponible pour les habitants de la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis, et ceux du parc naturel régional des PréAlpes d’Azur (2).
Par ailleurs, dans les AlpesMaritimes une coopérative citoyenne de production PEP2A s’est créée à l’initiative d’habitants du parc naturel régional des Préalpes d’Azur, de l’école des Mines et de la coopérative énergétique Enercoop. L’objectif : favoriser l’installation de panneaux chez les particuliers ou les associations. Ils louent leurs toits à la coopérative. Ainsi, la toiture de Montagn’Habit à Saint-Auban a été recouverte. Puis la production est revendue à un réseau coopératif comme Enercoop, sinon à EDF. Si à terme des bénéfices sont dégagés, les coopérateurs en bénéficient. Sinon ils se contentent de la location, entre 1 et 3 euros par m2 et par an. Et deviennent, au bout du bail, propriétaires de l’installation qui donnera encore 85 % de son potentiel initial. La coopérative s’est aujourd’hui déployée à l’échelle du département. Mais elle se retrouve face à des difficultés : « les coûts de raccordement imposés par Enedis ou les règles des bâtiments de France, » pointe Philippe Blanc.
« Individuellement, beaucoup de gens ont envie de se lancer, mais ne peuvent pas concrétiser, soit en raison du coût, soit de contraintes d’urbanisme, poursuit-il. Alors, au sein de la coopérative, ils réalisent des projets, par procuration en devenant coopérateur. »
Contact mail : contact@pep2a.fr
Tél : 0 422 480 225. 1- casa.insunwetrust.solar/ 2- pnr-prealpesdazur.insunwetrust.solar/
❏ L’éolien en mer, dans les Bouches-duRhône
Par ailleurs, des énergies renouvelables marines représentent aussi un gisement intéressant pour la région Sud. « On peut développer l’éolien, pas dans les Alpes Maritimes, mais du côté des Bouches-du-Rhône, pointe Jean-Pierre Gattuso. Un projet est d’ailleurs en cours en face de Port-Louis du Rhône. » Appelé Provence Grand Large, il prévoit l’installation de 3 éoliennes flottantes au large. Elle devrait permettre de fournir l’électricité domestique d’une ville de 40 000 habitants.