Monaco-Matin

S’adapter dès aujourd’hui en s’appuyant sur la nature

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Pour limiter l’impact du réchauffem­ent climatique dont les effets comme la hausse du niveau de la mer, la sécheresse... sont inéluctabl­es, et « il faut s’adapter dès maintenant, » insistent les experts.

« Il faudrait anticiper dès aujourd’hui cette évolution, et s’adapter. C’est-à-dire ne pas lutter contre cette montée du niveau de la mer, mais se reculer pour que la nature reprenne ses droits et relocalise­r des activités, » explique Antoine Nicault, coordinate­ur du groupe régional d’experts pour le climat. Il cite l’exemple des anciens salins de Camargue : dans le delta du Rhône, depuis 2011, un projet de restaurati­on des milieux naturels a été lancé. La zone humide côtière sauvage, solution fondée sur la nature, porte déjà ses fruits. En effet, ce secteur tampon et la digue intérieure contribuen­t à protéger la Camargue des intrusions marines.

« C’est plus durable et moins coûteux d’un point de vue écologique et économique que le maintien ou la reconstruc­tion d’une digue et d’autres infrastruc­tures de défense côtière le long du littoral », expliquent les promoteurs de cette opération. Autre « allié » naturel contre l’érosion du rivage : les posidonies. « Si, au lieu de les enlever, une fois qu’elles sont mortes et rejetées par la mer, on les laisse sur les plages, ça les consolide. Grâce à ces banquettes, elles sont ainsi moins sujettes à l’érosion. »

Mais c’est aussi sous l’eau que ça se joue. « Quand les vagues déferlent, les feuilles des herbiers constituen­t une barrière qui diminue l’énergie de la houle », note Paolo Guidetti, biologiste marin à l’Université Côte d’Azur.

Posidonies :   tonnes de CO stockées

Par ailleurs, le rôle des posidonies ne s’arrête pas à la protection du littoral : leur contributi­on est majeure dans la lutte contre le réchauffem­ent climatique. « Elles séquestren­t le CO2. Pour la seule région Sud, on estime que ça représente 200 000 tonnes de carbone par an. Mais, si on les détériore, ce carbone est remis en circulatio­n. Il faut donc faire appliquer les lois qui les protègent. »

Or, chaque année, biologiste­s et associatio­ns de protection de l’environnem­ent tirent la sonnette d’alarme. En période estivale, les ancres des plaisancie­rs labourent les fonds marins et arrachent ces posidonies. « En cinquante ans, on estime que 30 % de l’herbier a été perdu, a annoncé en mai l’adjoint au préfet maritime en Méditerran­ée, Thierry Duchesne. La destructio­n des posidonies est en accélérati­on rapide. Le mouillage des unités de plus de 24 mètres, qui ont un gros impact, est en très forte augmentati­on. » Aussi le préfet maritime a-t-il durci le ton, en adoptant en juin 2019 un arrêté qui renforce la réglementa­tion pour ces unités.

De plus, le long des côtes, des collectivi­tés commencent à mettre en place des « mouillages écologique­s ». Au large de Cannes, autour de l’archipel de Lérins, ou encore du cap Martin, quatre bouées ont été installées : les bateaux peuvent s’y amarrer sans dégrader l’environnem­ent. Utile pour éviter de « labourer » les herbiers : l’applicatio­n communauta­ire gratuite pour smartphone­s et tablettes, Donia.

Elle permet aux plaisancie­rs de télécharge­r des cartes de navigation très précises, avec la nature des fonds marins.

Et ainsi, d’éviter de jeter son ancre dans les herbiers de posidonies protégés. Avant de prendre la mer, il suffit de télécharge­r sa zone de navigation.

 ??  ?? Les banquettes de posidonie (ici à Beaulieu-sur-Mer) protègent les plages de l’érosion. (Photo A. L.)
Les banquettes de posidonie (ici à Beaulieu-sur-Mer) protègent les plages de l’érosion. (Photo A. L.)

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