Le débat sur l’immigration, ça l’affiche mal
L’affaire de la mère de famille voilée choisie par l’association de parents d’élèves FCPE pour illustrer une affiche .... Pour un éditorial, c’est sans doute l’un des sujets les plus délicats à aborder. La ligne de réflexion est si ténue, entre, d’un côté, les hussards de la laïcité, veillant au strict respect des valeurs républicaines, quitte à heurter les croyants. Et de l’autre, une frange des musulmans qui milite pour la multiplication des signes religieux dans la sphère publique. Entre les deux, pas de compromis possible. Seule la loi, et ceux qui la font respecter, peuvent les départager. Et c’est d’ailleurs de plus en plus souvent et de plus en plus rapidement sur le terrain juridique que le débat se déplace. Comme si notre société, capable d’évoluer sur la plupart des sujets sensibles, comme le couple, la famille, le rapport à l’argent et à l’environnement, restait hystérique dès que l’on approche
de la
question de l’immigration.
Retour donc, sur cette affiche, qui pose comme une évidence, la présence des mères musulmanes, voile sur la tête, escortant les petits au musée, à la piscine. Pas un quartier populaire, où c’est ainsi que les choses se passent, tous les jours, et dans la bonne humeur. Mais il ne faut pas le dire. Pas l’afficher. Même si c’est dans un document à usage interne. Tarfuffe aurait dit à son époque : « Couvrez ce voile que je ne saurais voir ». En , la maman est transformée sur les réseaux sociaux en djihadistes souriants, grâce aux cracks de la polémique à deux balles, aux mauvais apôtres de la confusion générale. Illustration que le dialogue se tend : la FCPE a porté plainte aussi sec. Mais elle manque de soutiens. L’affiche suscite « la tristesse » du ministre de l’Éducation nationale, très réservé sur le port du voile lors des sorties scolaires. Sur le terrain, si les enseignants et les associations de parents restent très attentifs aux dérives communautaires, ils relèvent aussi que cette ambiguïté sur le port du voile autorisé mais pas encouragé conduit les écoles à annuler des sorties, faute de volontaires. Un bel exemple de perdant-perdant. La règle est pourtant simple : le voile est interdit à l’intérieur des établissements scolaires, comme tous les signes religieux ostensibles. Il est autorisé à l’extérieur, comme l’a confirmé en le tribunal administratif de Nice. Que tout le monde se conforme à la loi et basta ! Ces chicayas polluent le vrai débat sur l’immigration, relancé cette semaine par le président de la République, que, peine perdue, on peut toujours espérer mener dans la sérénité.
« La règle est pourtant simple : le voile est interdit à l’intérieur des établissements scolaires, autorisé à l’extérieur. »