Monaco-Matin

Pourquoi les labos d’analyses azuréens ont baissé le rideau

- NANCY CATTAN

Depuis lundi dernier, les Maralpins et les Varois qui se rendent après 13 h à leur laboratoir­e d’analyses médicales trouvent rideau fermé. « Plus de 99 % des laboratoir­es situés sur le territoire des Alpes-Maritimes et 100 % des laboratoir­es du Var participen­t à la grève », annonce le Dr Hervé Fontanet, biologiste médical et secrétaire général de l’Union régionale des profession­s de santé, section biologie Paca. Une situation inédite justifiée par un véritable ras-lebol de cette profession sommée de réaliser de nouvelles économies, alors qu’elle estime avoir déjà consenti des efforts considérab­les. « Avec le vieillisse­ment de la population, la progressio­n des maladies chroniques, le nombre d’examens biologique­s continue de croître au rythme de 3 % par an. Et l’Assurancem­aladie prévoit de baisser de 170 millions d’euros le financemen­t de la biologie médicale pour 2020 et de 120 millions par an les années suivantes. » Pas besoin de sortir la calculette. Pour satisfaire la demande, les laboratoir­es devront réaliser plus d’actes en étant moins bien rémunérés. Et, là, ils répondent d’une même voix : trop c’est trop !

Fermeture des labos les moins rentables

« Cette demande est irréaliste compte tenu des dix années de pression tarifaire que nous venons déjà de subir, s’insurge le Dr Fontanet. Les laboratoir­es sont arrivés au bout de ce qu’il était raisonnabl­e de faire en termes de restructur­ation et d’économies. » C’est un avenir très sombre que le secteur voit se dessiner. « Jusqu’à présent, l’impact pour les patients est resté limité. Mais, si cette mesure est appliquée, de nombreux laboratoir­es seront contraints de réorganise­r leur activité. Des laboratoir­es de proximité en zones rurales dans le Var et les Alpes-Maritimes, les moins “rentables”, pourraient fermer, avec toutes les difficulté­s d’accès aux soins que cela implique pour nos patients. Les délais de rendu des résultats, y compris pour les bilans urgents, seront allongés. Et nous n’aurons d’autre choix que celui de réorienter un certain nombre d’urgences de ville que nous prenons actuelleme­nt en charge, vers des services d’urgences hospitalie­rs ou de cliniques. » Trois jours après le début de la grève, ce type de situations s’est déjà produit. « Pas plus tard qu’hier, une jeune fille, s’est présentée à 16 h à Nice dans un labo ; elle avait un besoin urgent d’examen biologique pour une IVG prévue le lendemain, elle n’a eu d’autre choix que de se rendre aux urgences. »

Les syndicats doivent rencontrer l’Assurance-maladie le 1er octobre. « En fonction du résultat des négociatio­ns, nous poursuivro­ns ou pas cette grève. Il n’est pas impossible que nous la durcission­s même, avec la fermeture totale des laboratoir­es au mois de décembre. » Avec 500 000 patients accueillis chaque jour dans les laboratoir­es français, le secteur sait qu’il a les moyens de faire pression sur un ministre qui vient à peine de présenter son plan de sortie de la crise des urgences.

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Selon le Dr Fontanel, les patients se montrent compréhens­ifs et signeraien­t massivemen­t la pétition contre la fermeture des labos de proximité. (DR)

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