Pourquoi les labos d’analyses azuréens ont baissé le rideau
Depuis lundi dernier, les Maralpins et les Varois qui se rendent après 13 h à leur laboratoire d’analyses médicales trouvent rideau fermé. « Plus de 99 % des laboratoires situés sur le territoire des Alpes-Maritimes et 100 % des laboratoires du Var participent à la grève », annonce le Dr Hervé Fontanet, biologiste médical et secrétaire général de l’Union régionale des professions de santé, section biologie Paca. Une situation inédite justifiée par un véritable ras-lebol de cette profession sommée de réaliser de nouvelles économies, alors qu’elle estime avoir déjà consenti des efforts considérables. « Avec le vieillissement de la population, la progression des maladies chroniques, le nombre d’examens biologiques continue de croître au rythme de 3 % par an. Et l’Assurancemaladie prévoit de baisser de 170 millions d’euros le financement de la biologie médicale pour 2020 et de 120 millions par an les années suivantes. » Pas besoin de sortir la calculette. Pour satisfaire la demande, les laboratoires devront réaliser plus d’actes en étant moins bien rémunérés. Et, là, ils répondent d’une même voix : trop c’est trop !
Fermeture des labos les moins rentables
« Cette demande est irréaliste compte tenu des dix années de pression tarifaire que nous venons déjà de subir, s’insurge le Dr Fontanet. Les laboratoires sont arrivés au bout de ce qu’il était raisonnable de faire en termes de restructuration et d’économies. » C’est un avenir très sombre que le secteur voit se dessiner. « Jusqu’à présent, l’impact pour les patients est resté limité. Mais, si cette mesure est appliquée, de nombreux laboratoires seront contraints de réorganiser leur activité. Des laboratoires de proximité en zones rurales dans le Var et les Alpes-Maritimes, les moins “rentables”, pourraient fermer, avec toutes les difficultés d’accès aux soins que cela implique pour nos patients. Les délais de rendu des résultats, y compris pour les bilans urgents, seront allongés. Et nous n’aurons d’autre choix que celui de réorienter un certain nombre d’urgences de ville que nous prenons actuellement en charge, vers des services d’urgences hospitaliers ou de cliniques. » Trois jours après le début de la grève, ce type de situations s’est déjà produit. « Pas plus tard qu’hier, une jeune fille, s’est présentée à 16 h à Nice dans un labo ; elle avait un besoin urgent d’examen biologique pour une IVG prévue le lendemain, elle n’a eu d’autre choix que de se rendre aux urgences. »
Les syndicats doivent rencontrer l’Assurance-maladie le 1er octobre. « En fonction du résultat des négociations, nous poursuivrons ou pas cette grève. Il n’est pas impossible que nous la durcissions même, avec la fermeture totale des laboratoires au mois de décembre. » Avec 500 000 patients accueillis chaque jour dans les laboratoires français, le secteur sait qu’il a les moyens de faire pression sur un ministre qui vient à peine de présenter son plan de sortie de la crise des urgences.