Procès des bonbonnes à Paris : l’impuissance d’une famille face à l’Etat islamique
La cour d’assises spéciale de Paris a entendu, hier, la famille d’Ines Madani, principale accusée dans la tentative d’attentat contre NotreDame. Une famille qui raconte comment elle a échoué à sortir Ines Madani de l’idéologie de l’Etat islamique. « Nous l’avons vue sombrer », répète l’une de ses soeurs. Son père, lui, va longuement expliquer cette dérive illustrée par ce téléphone, que sa fille « ne lâchait pas ». Quelques semaines avant la tentative d’attentat, il l’amène en Corrèze : « Le fait de l’isoler, je pensais vraiment que ça pouvait la faire changer », racontet-il aujourd’hui. Sans effet.
« Je la fliquais »
Début 2015, Ines Madani se voit notifier une interdiction de sortie du territoire par les autorités françaises, qui craignent un départ en Syrie. « Je lui ai pris son téléphone, je la fliquais, je l’accompagnais partout », assure, aujourd’hui, son père. Mais le week-end du 3 septembre 2016, Ines Madani disparaît pour rejoindre une complice et tente de faire exploser une voiture devant la cathédrale NotreDame. Quand sa mère vient déposer à son tour, le silence s’installe dans la salle d’audience. A la barre, d’une voix étouffée, elle s’adresse à sa fille. «Jeveux lui faire des excuses, je ne savais qu’elle était en souffrance ; je lui ai dit à cette époque des choses blessantes. Des choses qu’une mère ne dit pas à son enfant. Je ne reconnaissais plus ma fille. »
Recroquevillée
A sa droite, Ines Madani craque et abandonne pour la première fois son air d’adolescente absente. Recroquevillée, elle disparaît derrière le bois du box pour pleurer. Le matin, lors de sa déposition, elle avait confirmé avoir subi deux agressions sexuelles dans sa jeunesse. A l’enquêteur de personnalité, l’accusée avait également confié qu’adolescente, elle avait souffert du regard et des remarques de sa mère, qui lui demandait sans cesse de maigrir. A la fin de l’audience, cette mère est toujours dans la salle, cherchant le regard de sa fille pendant que l’escorte pénitentiaire la menotte. Tour à tour, les familles des accusés vont ainsi être interrogées dans les prochaines semaines. La semaine prochaine, le passé familial de la jeune Varoise Sarah Hervouet devrait être longuement raconté par les siens.