Monaco-Matin

La star qu’on n’attendait pas

La blessure d’Earvin Ngapeth en début d’Euro a eu pour conséquenc­e de responsabi­liser le pointu, Stephen Boyer, qui a été magistral contre l’Italie

- MATHIEU FAURE

On appelle ça une feuille de stats de ‘‘MVP’’ : 25 points, 9 aces dont 5 d’affilée. Le joueur de Vérone Stéphen Boyer, 23 ans, n’a pas fait les choses à moitié contre l’Italie en quart de finale de l’Euro, mardi soir (victoire de la France 3-0). Timide et souvent en-dedans durant la VNL (Volley Nations League) mais aussi au TQO (Tournoi de Qualificat­ion Olympique) en Pologne en août, l’ancienne star de Chaumont semblait avoir toutes les peines du monde à assumer son statut.

Un crack

Celui d’attaquant prioritair­e en l’absence d’Earvin Ngapeth, lequel attendait un heureux événement. Alors quand la star du volley français s’est retrouvée sur le carreau pour le début de l’Euro suite à des douleurs intercosta­les, tous les regards se sont braqués sur Boyer.

Il fallait enfin assumer cette flatteuse réputation qui le suit depuis ses débuts : Boyer est un crack. Pointu, sorte de numéro 9 du volley, le Réunionnai­s n’a qu’un seul objectif sur le parquet : conclure les points en attaquant de toutes les positions, il est le seul dans ce cas. Et l’avantage de Boyer, c’est sa capacité à passer au-dessus des mains adverses. Quand vous avez une hauteur maximale d’interventi­on de 3,71m - pour rappel, le filet culmine à 2,43m - et une détente de 109 centimètre­s (record des Bleus), ça vous permet tutoyer les nuages.

Sur cet Euro, il vole littéralem­ent sur la concurrenc­e avec 19 points de moyenne. Seule la ‘‘machine’’ batave Nimir Abdel-Aziz fait mieux (25 points). Boyer a ce qu’on appelle dans le milieu ‘‘l’épaule en feu’’ depuis le début du tournoi et les Bleus en profitent.

L’autre ‘‘Air France’’

Le 4ème meilleur marqueur du dernier championna­t d’Italie avec Vérone est un avion de chasse qui a fait les beaux jours de Chaumont auparavant. Véloce et monté sur ressorts à la Réunion, il se fait remarquer lors des Volleyades, ce rendez-vous national des minimes. Tout le monde est sous le charme de ce gamin fluet et les portes du pôle espoirs de Bordeaux s’ouvrent en grand. La suite ?

Une ascension express qui l’amène au Centre national de volley-ball à Montpellie­r avant de signer, à 18 ans, au Gazélec d’Ajaccio en Ligue A où son entraîneur ne croit pourtant pas en lui. Le jeune Boyer squatte alors le banc et ne joue jamais mais Chaumont sent le coup et enrôle l’attaquant-réceptionn­eur pour en faire son pointu.

Son baptême du feu est à son image : détonnant. Il colle 21 points dans le buffet du champion tourangeau avant d’enfiler 26 points le match suivant face au Paris Volley.

Un monstre est né. Meilleur marqueur de Ligue A pour sa première saison, Laurent Tillie en profite pour le convoquer en équipe de France mais il devra attendre la retraite surprise du pointu et MVP de l’Euro 2015, Antonin Rouzier, pour intégrer durablemen­t la ‘‘Yavbou Team’’. En 2017, il est injouable lors de la Ligue mondiale remportée par les Bleus au Brésil, dont il termine meilleur marqueur et devient champion de France avec Chaumont.

Depuis, ‘‘La Boye’’ rêve d’égaler son idole : Daniel Narcisse, Réunionnai­s comme lui et affublé d’un surnom qui conviendra­it parfaiteme­nt au pointu des Bleus : ‘‘Air France’’. Ça tombe bien, en demi-finale contre la Serbie demain, la France a besoin de voler en première classe.

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