Monaco-Matin

Les  phrases cultes qui ont marqué son règne

Le cinquième président de la Ve République maniait le verbe – et le néologisme – avec brio. Retour sur ces célèbres « petites phrases » qui ont marqué quarante ans de vie politique

- AURORE MALVAL amalval@nicematin.fr

Si Jacques Chirac restera le président de la Ve République le plus populaire, c’est aussi grâce à ses bons mots dégaînés en public, ses formules parfois grivoises glissées au cercle des intimes et ses gaffes devenues cultes. Florilège.

« Qu’est-ce qu’elle me veut de plus cette ménagère, mes couilles sur un plateau ? » Colère. Certains témoins ont compris « mégère » plutôt que « ménagère ». En tout état de cause, l’ensemble a été prononcé en février 1988 en plein Sommet européen à Bruxelles et s’adressait à Margaret Thatcher, Première ministre britanniqu­e. Jacques Chirac est alors chef du gouverneme­nt français et visiblemen­t exaspéré par les exigences britanniqu­es envers l’Europe. Il croyait aussi son micro éteint.

« Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. » Flegme. Jacques Chirac utilisait fréquemmen­t cette expression, selon Le Canard enchaîné, lorsqu’il entendait montrer combien les critiques lui étaient indifféren­tes.

« Comme le disait ma grandmère : il faut mépriser les hauts et repriser les bas. »

Bon sens. De nombreux biographes de Jacques Chirac rapportent cette citation, qu’affectionn­ait le Président.

« Un chef c’est fait pour cheffer. »

Boss. Déclaratio­n de celui qui n’est encore que maire de Paris au Figaro Magazine en juin 1992.

« Sarkozy, faut lui marcher dessus pour deux raisons. D’abord parce qu’il ne comprend que ça. Ensuite parce que ça porte bonheur. »

M **** . Prononcé par Chirac à ses « visiteurs du soir » alors que Nicolas Sarkozy – jusqu’ici très proche du président du RPR – vient de le lâcher pour soutenir Edouard Balladur dans la course à la présidence en 1994. Certains font mention du « pied gauche » avec lequel il faudrait écraser celui qui a trahi, histoire d’être bien sûr de savoir de quoi on parle.

« J’apprécie plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitation­s de vitesse »

Bonne chère. La tête de veau, mais pas que. Jacques Chirac savait parler aux Français, surtout aux lecteurs de L’Auto-Journal, dans lequel il prononce cette phrase le 1er août 1977.

« Bien sûr que je suis de gauche! Je mange de la choucroute, je bois de la bière. » Signe distinctif. Propos rapportés dans un entretien donné à Libération et publié le 17 février 1995.

« On n’exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé. » Pacifiste. On est en 2003 et Jacques Chirac va s’opposer à l’engagement de la France dans la guerre en Irak aux côtés des EtatsUnis. Il s’adresse ici au chef du gouverneme­nt italien, Silvio Berlusconi.

« Mais qu’est ce qui lui arrive à la Deux, il faut faire chauffer l’appareil ou quoi? »

Poker face. Le 21 juin 1981, Jacques Chirac essuie conscienci­eusement ses lunettes face caméra. Il est en duplex sur France 2 pour commenter les résultats des élections législativ­es, mais ne le sait pas encore, croyant au contraire que la connexion tarde à s’établir. « Mais qu’est ce qui lui arrive à la Deux, il faut faire chauffer l’appareil ou quoi? », se moque-t-il, avant de changer soudain d’expression et enchaîner avec ses commentair­es, très sérieux.

« Aujourd’hui, on rapporte une histoire abracadabr­antesque » Poète. Interrogé par Élise Lucet en direct d’Angoulême en septembre 2000 sur le financemen­t occulte du RPR, Jacques Chirac balance : « abracabran­tesque » pour qualifier les accusation­s dont il fait l’objet. Le terme n’est pas une invention du président de la République, mais un néologisme dont le poète Arthur Rimbaud aurait la paternité.

« What do you want ? Me to go back to my plane ? » Bilingue. On est en 1996, Jacques Chirac est en voyage en Israël, pour sa première grande tournée diplomatiq­ue. Sauf que la promenade dans les rues de Jérusalem tourne court, la faute à l’omniprésen­ce des soldats israéliens, qui empêchent tout contact avec la population palestinie­nne. Chirac finit par exploser : « What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? » CNN passe la scène en boucle ; elle fera très forte impression dans le monde arabe.

« Je n’aime pas les intellectu­els qui se branlent tellement fort qu’ils en mettent plein les murs. »

Too much. Cette saillie aurait été prononcée devant Jean-François Kahn, cité par Libération en 1995.

« Ce ne sont pas des bovins, ce sont des chefs-d’oeuvre » Vaches. Jacques Chirac restera probableme­nt le président le plus populaire au Salon de l’agricultur­e. Depuis sa première visite en 1973, il n’en a raté qu’un seul, en 1979 pour raisons de santé. En 2005, il déclare, devant l’enclos des Salers : «Cenesontpa­sdesbovins, ce sont des chefs-d’oeuvre. »

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