Monaco-Matin

« Tous les voyants au vert »

Consultant pour la chaîne L’Équipe durant l’Euro, l’ancien internatio­nal français Frantz Granvorka est surpris par les Bleus avant la demi-finale face aux Serbes

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

Quand on débutait le volley-ball dans les années 90, Frantz Granvorka était l’idole des jeunes. Son service, smashé et unique en son genre, était copié par tous. L’attaquantr­éceptionne­ur a tous connu avec les Bleus (288 caps) mais aussi en club, notamment au Paris Volley. À 43 ans, le voilà consultant sur la chaîne L’Équipe, principal diffuseur de l’Euro, et premier supporter des Bleus. Avant la demi-finale contre la Serbie, Granvorka livre son analyse sur le parcours des Bleus.

Frantz, êtes-vous surpris de voir les Bleus dans le dernier carré avec un tel niveau de performanc­e ?

Les voir en demi-finale, non, car c’était l’objectif de départ. Par contre, on les attendait à ce niveau depuis leur titre de  et que ce soit aux JO de  ou lors des derniers grands tournois, ils n’avaient pas su élever leur niveau de jeu. Là, tous les voyants sont au vert. Physiqueme­nt ils sont bien et ils ont retrouvé ce quelque chose dans leur jeu qui fait exploser leurs adversaire­s. Quelque part, ils sont redevenus « fous » et ils avaient besoin de ça.

Quels joueurs vous surprennen­t le plus ?

Individuel­lement, je trouve qu’ils sont tous à un niveau incroyable. Stéphen Boyer c’est le marqueur principal, donc c’est facile de parler de lui mais tous ceux qui officient dans l’ombre, à des postes qui ne marquent pas de points, sont très forts. Grebenniko­v, le libero, stabilise tout et défend tout. Les deux passeurs, je précise bien les deux car pouvoir faire rentrer Brizard sur Toniutti c’est un luxe, sont excellents. Même les centraux, à commencer par Le Goff, sont exceptionn­els, ils sont servis à l’attaque et très bons au bloc. Et puis il y a aussi Lyneel qui a profité de la blessure de Ngapeth au premier tour pour se mettre en lumière. Sans lui, on ne serait peut-être pas là. La Serbie, c’est un gros morceau...

Il faudra voir comment évolue la blessure de Kevin Tillie, touché contre l’Italie. C’est monsieur « zéro faute » et dans un sport de fautes, ça compte. C’est quelqu’un qui donne un certain équilibre à l’équipe, Lyneel devra de nouveau être au top. La Serbie sera plus agressive que l’Italie a priori, c’est un vrai test mais les Bleus ont toutes les cartes en mains pour dompter lesSerbes.

Comment expliquez-vous le niveau des Bleus après un été pourtant timide ?

C’est difficile de verbaliser de l’extérieur. La mayonnaise prend donc ils sont en confiance, donc ils osent plus, donc ils sont plus combatifs. Au volley, quand le mental est là, tout fonctionne. Là, on le voit, ils discutent sur le terrain, ils restent calmes, ce sont des signaux qui montrent qu’ils jouent en équipe. Dès le départ, ils avaient l’humilité d’avoir un objectif déterminé : le final four. Ils y sont. Mais pour le futur du volley français, ils doivent aller au bout.

On sent un vrai engouement populaire dans les salles mais aussi dans les audiences alors

que tout le monde redoutait un flop…

La France aime son équipe nationale en règle générale. Supporter une équipe en demi-finale, ça se fait tout seul. C’était sur le premier tour à Montpellie­r que le risque était grand. Il y avait des doutes, notamment quand le sponsor principal se retire juste avant l’Euro mais là, ils sont en train de reconstrui­re quelque chose. L’engouement actuel est double : populaire mais aussi économique. Et le volley en a besoin.

Vous avez près de  sélections avec les Bleus

mais vous n’avez jamais joué un grand tournoi internatio­nal en France, est-ce un regret ? Forcément. Il y a plus de pression quand vous jouez dans votre pays mais la récupérati­on se fait plus facilement, vous avez la famille, les amis, à côté. Le public est acquis à votre cause, c’est particulie­r.

Trouvez-vous que votre sport a évolué par rapport à votre époque ?

Oui car il y a plus de surfaces de contacts autorisées qu’avant, le jeu s’est donc accéléré en défense, par exemple. Globalemen­t, c’est plus intense, ça va plus vite. Le bagage technique est plus développé également et l’enchaîneme­nt des situations est plus éprouvant. J’ai débuté le volley quand on jouait en  points gagnants, on marquait uniquement sur le service et il n’y avait pas de libero (rires).

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(Photos Frédéric Mons/L’Equipe et EPA/MAXPPP) Frantz Granvorka,  sélections avec la France, est bluffé par le niveau individuel des Bleus durant cet Euro.
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