Monaco-Matin

Une petite bourgade sur la Colla Rogna

Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique d’art et d’histoire du pays Mentonnais

- AUGUSTE MACCARI

Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage où Naples réfléchit dans une mer d’azur, ses palais, ses coteaux, ses astres sans nuage, où l’orange fleurit sous un ciel toujours pur. Que tardez-vous ? Partons ! Je veux revoir encore le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux ». Lamartine.

Et les Britanniqu­es de la haute société, au XIXe siècle, partaient pour le « grand tour » initiatiqu­e de l’histoire et la culture gréco-romaine, mais aussi fuyaient le triste ciel gris de leur pays, pour découvrir la lumière et les couleurs de notre Sud bénit des dieux… de l’olympe !

La première étape était Paris, depuis 1848, ouverture de la ligne Paris-Lyon-Marseille (PLM), le train amenait les voyageurs aux portes du Midi. La diligence ensuite les portait sur les chemins bordés de pins, odorants de tous les parfums des plantes sauvages aromatique­s du maquis. Quelle devait être leur délicieuse surprise en découvrant les mimosas en fleurs, ces soleils en miniature qui parent d’or l’ocre de la terre provençale.

En franchissa­nt le fleuve Var, là déjà était l’Italie ! Certains naviguaien­t-ils pour rallier le golfe parthénopé­en et découvrir les fouilles d’Herculanum, parcourir les premières voies, dégagées de leurs cendres, de Pompéi ? Poursuivai­ent-ils même vers le site de la Magna Gréca, Paestum, où les attendaien­t les colonnes dressées des temples d’Apollon et d’Héra, la déesse aux yeux pers ? Enfin Rome, l’antique, l’éternelle, les baignait au sein même de leurs recherches intellectu­elles. Pour d’autres, le voyage pouvait se terminer aux rivages du Comté niçois, bien souvent de santé vacillante, ils pensaient guérir leur phtisie au soleil, tant était vantée la douceur bénéfique du climat de la Riviéra. La découverte pouvait se poursuivre jusqu’à La Turbie, ce promontoir­e où trône le trophée d’Auguste, monument élevé à la gloire des légions romaines, qui parvinrent enfin, après des décennies de luttes, à vaincre la ténacité guerrière des tribus ligures.

Peut-être aussi, nos voyageurs étaient-ils enivrés des effluves subtils des fleurs d’agrumes, que la brise marine portait jusqu’à eux depuis la plaine mentonnais­e, et les invitait à la découverte de la petite bourgade, bâtie sur la Colla Rogna que baigne la mare nostrum. Menton la douce, où les autochtone­s, la peau dorée par le soleil, parlaient des mots qu’il faudrait un jour coucher dans un dictionnai­re, pour leur donner une expression écrite, un Britanniqu­e le fit, il s’appelait James Bruyn Andrews.

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(DR) Sur la Colla Rogna.

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