Monaco-Matin

« J’ai vu l’arme, je me revois dire : pitié pas ça ! »

Trois hommes, visages masqués, avaient attaqué, pour les dépouiller, deux quinquagén­aires dans leur maison du Cannet. L’un d’eux avait été blessé par balle. La PJ de Nice a interpellé les malfaiteur­s

- Chperrin@nicematin.fr

Le 21 décembre 2017 vers 21 h 30, alors que Christophe et Thierry, 50 ans, sont attablés chez eux, la sonnerie de l’interphone retentit. Deux individus en tenue de policiers demandent à entrer dans une propriété du CannetRoch­eville pour interpelle­r un intrus. Christophe et Thierry hésitent puis ouvrent. Le cauchemar durera 22 minutes. Une éternité alors que Thierry, blessée par balle, est persuadé que ses agresseurs, visages masqués, le supprimero­nt une fois la fouille de la maison terminée.

Seize mois plus tard, au terme d’une enquête qualifiée de « difficile », la brigade de répression du banditisme de la police judiciaire de Nice est persuadée d’avoir identifié les auteurs. Ils sont âgés de 25 à 42 ans et présentent tous de solides références dans la délinquanc­e : trafic de drogue, évasion, vol à main armée...

Le tireur est décédé

Lundi soir, un premier Azuréen a été arrêté précipitam­ment par la BRI, quelques heures avant un coup de filet à Cagnes-sur-Mer, Cannes et Grasse. Huit personnes ont été interpellé­es simultaném­ent et placées en garde à vue à la caserne Auvare. Un dixième homme, actuelleme­nt détenu à Angoulême, sera transféré à Grasse lundi.

Un onzième suspect, auteur de la tentative de meurtre, n’a pu être appréhendé et pour cause. Il est mort subitement. Une enquête sur les causes de son décès brutal est toujours en cours. Les victimes, traumatisé­es par leurs agressions, espéraient vivement que leurs agresseurs soient mis hors d’état de nuire. La PJ a répondu à leur attente. Une empreinte génétique relevée sur une lampe a permis d’identifier rapidement l’un des auteurs. La BRB a travaillé sur l’environnem­ent de ce malfaiteur sans résultat probant. Un coup de pouce du destin a permis de donner un nouvel élan aux investigat­ions en janvier : un individu se préparait à agresser un architecte des Alpes-Maritimes à son domicile. Or, il apparaît qu’il a participé à l’attaque du Cannet. Dès lors, le scénario a commencé à s’écrire avec le rôle de chaque protagonis­te. Le trio qui a attaqué le couple dans sa villa, le chauffeur-guetteur, les complices qui ont fourni aide et assistance... Les charges se sont accumulées au point que la juge d’instructio­n de Grasse a donné le top départ des arrestatio­ns qui se sont déroulées sans difficulté. Hier, quatre personnes ont été présentées au magistrat. Deux ont été écrouées, deux autres ont été laissées libres sous contrôle judiciaire. Et toutes seront amenées à s’expliquer à terme devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, jugées pour un vol à main armée en bande organisée qui a failli tourner à la tragédie.

Trois opérations chirurgica­les

En garde à vue, les principaux auteurs auraient admis leur participat­ion à cette opération violente au butin dérisoire. Si le 4X4 des victimes a été dérobé, il a été aussitôt abandonné, incendié dans la Valmasque. Seuls des bijoux ont disparu. Les malfaiteur­s étaient persuadés que le couple vivait dans le luxe, gardait de l’argent et des valeurs dans sa coquette villa. Ils étaient très mal renseignés.

Le préjudice matériel s’est révélé limité mais les dégâts physiques et psychologi­ques ont été considérab­les pour deux hommes très appréciés à Cannes pour leur engagement associatif au service des plus démunis. Pourquoi l’un des trois malfaiteur­s a-t-il tiré sans sommation sur une victime sans défense ? La question hante Thierry qui a dû subir trois opérations chirurgica­les et garde aujourd’hui des séquelles. La victime n’aura jamais la réponse. Le braqueur a enfoui le secret de son crime dans la tombe. « J’ai vu l’arme, je me revois dire : pitié pas ça ! », se souvient Thierry, qui se considère comme « un miraculé ».

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(Ph. Patrice Lapoirie) Le vol à main armée chez des particulie­rs s’était déroulé dans le secteur des Bréguières.

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